Façades, entrées d'immeubles, décorations de maisons et d'églises : la signature d'Isidore Odorico est partout visible à Rennes où l'office du tourisme tente de faire redécouvrir ce mosaïste d'origine italienne.
"C'est un personnage qui a marqué la ville et qui mérite d'être mieux connu", argumente Philippe Bohuon, du syndicat d'initiative, qui tente depuis quelques mois de répertorier les travaux de cet artiste disparu en 1945.
Pour retrouver la trace d'Isidore Odorico, il faut remonter à la construction du nouvel Opéra de Paris à la fin du 19e siècle. Soucieux de combattre ce qu'il appelait la "tristesse urbaine", l'architecte Charles Garnier exprimait un vif intérêt pour la mosaïque après avoir été séduit par les splendeurs vues en Italie.
L'architecte se rendit à Rome et à Venise, pour prendre contact avec les professionnels, mais en revint découragé par la cherté des coûts.
Sur le point de renoncer à ses projets, il reçut une offre d'un artisan nommé Gian Domenico Facchina, qui venait d'inventer une nouvelle technique de pose de la mosaïque. La méthode dite "par inversion" était plus facile et moins onéreuse.
Facchina fit venir à Paris des ouvriers de Séquals, petit village du nord de l'Italie, où la mosaïque "tient lieu de culture, de foi, d'idéal", selon le professeur Hélène Guéné, auteur de l'ouvrage "Odorico, mosaïste art déco".
Parmi ses ouvriers, les frères Odorico. Après avoir travaillé notamment à la décoration du nouvel Opéra de Paris, ils allaient fonder en 1882 une entreprise à Rennes, dans une région où la mosaïque, totalement méconnue, allait devenir sous leur impulsion l'un des centres de production les plus importants de France.
Phénomène de mode
Si les frères Odorico étaient surtout des artisans compétents travaillant sous l'autorité d'architectes, le fils Isidore, né en 1893, se révéla, après des études à l'Ecole des beaux-arts de Rennes, un véritable artiste. Il devint l'un des plus actifs promoteurs de l'art de la mosaïque en France.
Isidore Odorico dessinait des ornements en inventant des formes. Il savait si bien jouer des matériaux et des couleurs qu'il devint un phénomène de mode. Son entreprise prospéra et il ouvrit des filiales à Nantes, Angers, Saint-Brieuc et Laval.
Naturalisé français et mobilisé durant la guerre de 14-18, Isidore Odorico mourait avant la fin de la Seconde guerre mondiale, meurtri par ce conflit dans lequel se déchiraient son pays d'origine et son pays d'accueil.
Sa mort entraînait celle de son entreprise, qui devait disparaître à cause de la montée en puissance du modernisme, privilégiant le dépouillement au point que la mosaïque était perçue comme "l'expression d'un mauvais goût populaire", explique Philipe Bohuon.
"Dans les années 1960 et 70, des particuliers s'étaient même mis à arracher les mosaïques ou à les couvrir avec des planchers", regrette cet animateur qui veut inscrire Odorico dans la mémoire de la ville en organisant des visites à thème consacrées à l'artiste.
"Ces visites peuvent susciter des vocations et contribuer à remettre la mosaïque au goût du jour", affirme-t-il en rappelant que pour rénover une piscine municipale décorée par Odorico, la ville de Rennes a dû faire appel en 1999 à des mosaïstes italiens. "Le métier a disparu", se désole-t-il.
Pour retrouver la trace d'Isidore Odorico, il faut remonter à la construction du nouvel Opéra de Paris à la fin du 19e siècle. Soucieux de combattre ce qu'il appelait la "tristesse urbaine", l'architecte Charles Garnier exprimait un vif intérêt pour la mosaïque après avoir été séduit par les splendeurs vues en Italie.
L'architecte se rendit à Rome et à Venise, pour prendre contact avec les professionnels, mais en revint découragé par la cherté des coûts.
Sur le point de renoncer à ses projets, il reçut une offre d'un artisan nommé Gian Domenico Facchina, qui venait d'inventer une nouvelle technique de pose de la mosaïque. La méthode dite "par inversion" était plus facile et moins onéreuse.
Facchina fit venir à Paris des ouvriers de Séquals, petit village du nord de l'Italie, où la mosaïque "tient lieu de culture, de foi, d'idéal", selon le professeur Hélène Guéné, auteur de l'ouvrage "Odorico, mosaïste art déco".
Parmi ses ouvriers, les frères Odorico. Après avoir travaillé notamment à la décoration du nouvel Opéra de Paris, ils allaient fonder en 1882 une entreprise à Rennes, dans une région où la mosaïque, totalement méconnue, allait devenir sous leur impulsion l'un des centres de production les plus importants de France.
Phénomène de mode
Si les frères Odorico étaient surtout des artisans compétents travaillant sous l'autorité d'architectes, le fils Isidore, né en 1893, se révéla, après des études à l'Ecole des beaux-arts de Rennes, un véritable artiste. Il devint l'un des plus actifs promoteurs de l'art de la mosaïque en France.
Isidore Odorico dessinait des ornements en inventant des formes. Il savait si bien jouer des matériaux et des couleurs qu'il devint un phénomène de mode. Son entreprise prospéra et il ouvrit des filiales à Nantes, Angers, Saint-Brieuc et Laval.
Naturalisé français et mobilisé durant la guerre de 14-18, Isidore Odorico mourait avant la fin de la Seconde guerre mondiale, meurtri par ce conflit dans lequel se déchiraient son pays d'origine et son pays d'accueil.
Sa mort entraînait celle de son entreprise, qui devait disparaître à cause de la montée en puissance du modernisme, privilégiant le dépouillement au point que la mosaïque était perçue comme "l'expression d'un mauvais goût populaire", explique Philipe Bohuon.
"Dans les années 1960 et 70, des particuliers s'étaient même mis à arracher les mosaïques ou à les couvrir avec des planchers", regrette cet animateur qui veut inscrire Odorico dans la mémoire de la ville en organisant des visites à thème consacrées à l'artiste.
"Ces visites peuvent susciter des vocations et contribuer à remettre la mosaïque au goût du jour", affirme-t-il en rappelant que pour rénover une piscine municipale décorée par Odorico, la ville de Rennes a dû faire appel en 1999 à des mosaïstes italiens. "Le métier a disparu", se désole-t-il.