Entre 1926 et 1928, il intègre l'agence du décorateur Jacques-Émile Ruhlmann, où il crée des dessins de meubles et de décor intérieur. "La leçon de Ruhlmann est très importante, il lui apprend sa stratégie graphique et commerciale, une vision de l'art totale. C'est la question de l'unité du décor qui s'imprime chez Tschumi et qu'on retrouve après-guerre", dépeint la commissaire de l'exposition.
Mais la carrière de Jean Tschumi est marquée par les nombreuses commandes du sculpteur Édouard-Marcel Sandoz, qui a eu un parcours "parallèle" à l'architecte, comme le décrit Stéphanie Quantin-Biancalani. "Il a joué un rôle de protecteur pour Tschumi." L'entreprise Sandoz, qui vend également des produits pharmaceutiques, lui demande des projets décoratifs et architecturaux. "Dans les années 1940, il travaille sur une série de projets de bureaux et de salles de réunion, ainsi que du mobilier, qu'il va exposer à Malesherbes, une galerie qui appartient à Sandoz."
Puis viennent alors les commandes architecturales. Jean Tschumi est choisi pour réaliser de nombreux laboratoires pharmaceutiques, d'abord à Noisy-le-Sec (1939-1955) et à Orléans (1945-1953), puis sur différents sites dont Saint-Pierre-la-Garenne (1947-1961) et Tourcoing (1958-1963). Pour Orléans, "il va produire une architecture moderne, en béton brut à partir d'éléments préfabriqués", détaille Stéphanie Quantin-Biancalani. Ce bâtiment va devenir l'une de ses signatures et lui apporter une reconnaissance en Suisse.