Anticipé depuis le printemps, le remaniement du gouvernement a enfin eu lieu. François Fillon, reconduit dans son rôle de Premier ministre, a confié à Nathalie Kosciusko-Morizet le rôle de ministre de l'Ecologie laissé par Jean-Louis Borloo, mais ce ministère a perdu certains attributs. Zoom sur les nouvelles têtes et le jeu des chaises musicales du gouvernement Fillon III.
Annoncé depuis des mois, le remaniement tant attendu a finalement eu lieu dimanche. Au sein du gouvernement Fillon III, il y a du nouveau dans les ministères concernant les secteurs de l'environnement, du logement et de l'industrie. Après le départ de Jean-Louis Borloo, c'est Nathalie Kosciusko-Morizet qui prend en charge le ministère de l'Ecologie, du développement durable, des transports et du logement. Si «NKM» connait les dossiers de ce ministère pour avoir été la secrétaire d'Etat de Jean-Louis Borloo pendant près d'un an et demi. Le ministère qui a vu naître le Grenelle de l'Environnement se voit cependant diminué, d'abord parce qu'il ne s'agit plus d'un ministère d'Etat, ensuite parce qu'il perd la Mer et surtout l'Energie, désormais attribuée au ministère de l'Economie, des Finances et de l'industrie, confié à Eric Besson.
Les associations écologistes inquiètes
Des associations écologistes, dont Greenpeace, se sont d'ailleurs inquiétées dès lundi matin de ce changement. Pour Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France, «que l'Énergie échappe à l'Écologie pour rejoindre le giron de Bercy est très inquiétant concernant la capacité de la France à tenir ses objectifs de réductions de ses émissions de gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables». L'organisation craint que l'Energie, «sous la coupe de Bercy, redevienne une variable d'ajustement de politiques productivistes. (…) Nathalie Kosciusko-Morizet hérite d'un ministère diminué et rétrogradé dans la hiérarchie gouvernementale», estime Pascal Husting. «La nomination d'une telle personnalité ne saurait faire oublier ce périmètre rétréci. On ne peut qu'être sceptique sur la marge de manœuvre dont disposera Nathalie Kosciusko-Morizet, là où Jean-Louis Borloo a eu les coudées franches». En effet, même si Benoist Apparu reste rattaché à l'Ecologie en conservant son secrétariat d'Etat au logement, on est loin du «superministère» mis en place en 2007. Le ministère de l'Ecologie, dont l'ambition était «d'articuler des thématiques qui se tiennent, perd beaucoup de son pouvoir et de cohérence», juge Benoît Hartmann, porte-parole de France nature environnement.
Un enjeu pour les artisans
L'ex-secrétaire d'Etat à la ville, Fadela Amara, est écartée du nouveau gouvernement. Son Plan espoir banlieue tombe dans l'escarcelle du nouveau ministère de la ville, dont Maurice Leroy prend les rênes.
De son côté, l'Union professionnelle artisanale (UPA) «accueille avec intérêt la nouvelle composition du gouvernement», notamment en ce qui concerne le ministère du travail, de l'emploi et de la santé confié à Xavier Bertrand, et le maintient d'un secrétariat d'Etat à l'artisanat, au commerce, aux petites et moyennes entreprises, au tourisme, aux professions libérales et à la consommation, confié à Frédéric Lefebvre. L'UPA «encourage la nouvelle équipe gouvernementale à s'appuyer sur les entreprises de l'artisanat et du commerce de proximité pour accélérer la relance et développer la cohésion sociale». Reste à savoir si ce nouveau secrétaire d'Etat sera dans le camp des partisans de l'exclusion des artisans du bâtiment du statut d'auto-entrepreneur, l'un des grands combats de l'UPA et de la Capeb depuis des mois. Il y a encore quelques semaines, la Confédération artisanale des artisans du bâtiment (Capeb) ne cachait pas avoir effectué du lobbying «auprès des députés et des sénateurs» pour voir le départ d'Hervé Novelli de son poste de secrétaire d'Etat aux PME lors du remaniement annoncé depuis le printemps.
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Nathalie Kosciusko-Morizet
Ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement.
Nathalie Kosciusko-Morizet hérite du ministère de Jean-Louis Borloo, dont elle avait été la secrétaire d'Etat de 2007 à 2009. Ce "superministère" annoncé dès la campagne de Nicolas Sarkozy perd cependant un secteur de taille, celui de l'Energie, qui passe sous le giron du ministre de l'économie et de l'industrie.
Brice Hortefeux
Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration.
Christine Lagarde
Ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Bruno Le Maire
Ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire.
Maurice Leroy
Ministre de la ville
Frédéric Mitterrand
Ministre de la culture et de la communication.
Il garde son ministère, qui inclut les problématique du patrimoine et de l'architecture.