Vendredi matin, les principaux représentants du secteur de la construction et des banques ont rencontré Manuel Valls et Sylvia Pinel. Objet de leur entretien : trouver des mesures pour relancer de manière urgente un secteur en grave difficulté. Ecoute et volonté du gouvernement ont rassuré et redonné confiance aux acteurs. Réactions.
L'objet de cette rencontre était avant tout de "mobiliser sur les mesures que nous avons annoncées", a indiqué la ministre du Logement sur le perron de l'hôtel Matignon. "Il est nécessaire d'aller vite, d'accélérer la production de logements, d'accélérer la rénovation énergétique des logements, pour répondre à la fois à une exigence des citoyens, mais aussi à un secteur économique en difficulté, qui a besoin de construire et de rénover", a-t-elle poursuivi. Suite aux annonces du 25 juin dernier, les "échanges avec les professionnels vont se poursuivre, [notamment] sur la simplification des normes, les procédures d'aménagement et d'urbanisme… Nous aurons l'occasion de faire d'autres propositions sur la base des recommandations des professionnels que nous avons vus ce matin", a conclu Sylvia Pinel.
Au sortir de cette réunion, l'ensemble des professionnels semblaient satisfaits, tous ayant noté la volonté d'agir du Premier ministre et de la ministre du Logement. Egalement leur volonté d'aller vite, de "façon concrète, pragmatique et sans tabou", comme nous l'a indiqué Bernard Delmas (Synamome, syndicat des professions de l'architecture et de la maîtrise d'oeuvre).
Relance de l'emploi
"Les choses prennent forme avec le temps, a souligné Christian Louis-Victor (Union des Maisons Françaises). Il y a eu tout un faisceau de positions annoncées et qui vont être mises en œuvre et de nature à décongestionner les choses, sans forcément être suffisantes pour redonner de l'amplitude de la reprise nécessaire."Même son de cloche de la part de Jacques Chanut (Fédération française du bâtiment), qui tient à noter "l'équilibre de toutes les mesures par rapport à tous les secteurs liés au logement". Relevant un "véritable changement d'état d'esprit", il veut également rappeler que "la relance du volume d'activité devait permettre la relance de l'emploi". Comment ? "Il faut un meilleur encadrement du travail détaché, avec un suivi qui passe par la carte d'identification professionnelle, par exemple". Et le président de la Capeb d'alerter : "Si rien n'est fait maintenant, des entreprises vont disparaître entre aujourd'hui et le mois de septembre !"
Simplification : à quand la mise en œuvre ?
"Les annonces sont très bien, mais pour que ce soit réellement mis en œuvre, il a été dit qu'il fallait 'renverser la table', changer de paradigme", soutient Jacques Chanut. "Il faut une vraie simplification", martèle Patrick Liébus (Capeb). On doit pouvoir trouver des solutions, mais il faut que les services de l'Etat mettent des choses en place très rapidement, dans les prochains jours."
"On est rarement jeune et riche à la fois, il faut donc améliorer le différé qui n'est pas suffisant aujourdhui, pour que les banques le considèrent comme un apport", déclare Jacques Chanut. Une mesure qui tient à cœur aussi à l'Union des Maisons Françaises : "De 5 à 6.000 prêts additionnels par rapport à ce qui se fait aujourd'hui, ça va dans le bon sens, mais ça nécessite encore plus d'amplitude".
Selon le président de la FFB, "M. Pérol (patron de la fédération des banques) a fait part de son soutien à toutes ces mesures, conscient que les banques devaient s'appuyer sur ce marché qui est une source d'activité pour eux-mêmes. Concernant l'Eco-Ptz, il a eu du mal à se mettre en place dans les banques, car elles n'avaient pas la capacité technique à vérifier la cohérence de l'offre. C'est pourquoi nous avons accepté, pour passer des 44.000 aux 80.000 PTZ annoncés, que la responsabilité soit transférée aux entreprises formées RGE".
L'innovation, un enjeu de taille
C'est Jean-Marie Vaissière (AIMCC), qui s'est chargé de ce sujet :"Nous avons en effet insisté sur l'innovation, et en particulier sur la diffusion de l'innovation dans la filière. Car de l'innovation, on n'en manque pas. La question porte plutôt sur leur emploi dans la filière et leur utilisation. Et c'est là qu'il faut porter l'effort, notamment en termes de marketing auprès des clients finaux. N'inventons pas de nouvelles choses, faisons avec ce que l'on a !".Construire, oui, mais pour qui ?
Si Marie-Françoise Manière (Unsfa) s'est dit satisfaite de ce cette réunion, et "surtout parce qu'elle s'est tenue", elle a néanmoins voulu insister sur la finalité du logement. "Le logement c'est fait pour y loger des gens, pas pour avoir des matériaux, des emplois… C'est bien, c'est nécessaire bien sûr, mais n'oublions pas que le but premier est de loger des personnes, donc d'avoir des logements de qualité, évolutifs, pérennes et adaptés à leurs usages de vie… Et qui peut mieux réfléchir à la conception des logements que la maîtrise d'œuvre ?", nous a-t-elle confié. Avant d'ajouter : "Et surtout qui dit études sur la conception en amont, dit économies sur le coût de construction, de maintenance et d'entretien, donc sur le coût global". A bon entendeur…Une campagne de communication avant le prochain rendez-vous
La prochaine rencontre entre les professionnels et Matignon aura lieu en octobre, nous ont confirmé les protagonistes. A qui le Premier ministre a demandé d'affiner leurs propositions. Les difficultés sont trop importantes. D'ici là, une campagne de communication sur la relance de la construction devrait être programmée pour la rentrée. "Le ministère du Logement est actuellement en recherche de moyens, on a fait quelques propositions en ce sens", nous confie Patrick Liébus. Qui conclut : "Nous avons dit au Premier ministre qu'il n'a pas de temps à perdre. Nous non plus !"