UN PROJET/UNE PARTICULARITE. A l'issue de vingt mois de travaux de réhabilitation lourde réalisés par les architectes Daufresne, Le Garrec & Associés, la résidence sociale parisienne, Les Mûriers aux 232 logements est devenue un long "vaisseau" riche de contrastes colorés. Objectif : récréer sur la pente de la rue Fernand Léger les conditions d'un habitat "digne".
Impulsée par la volonté municipale du 20ème arrondissement de Paris de lutter contre des conditions de vie dégradantes des résidences sociales, la restructuration lourde du foyer social (Cf page 5) Les Mûriers, situé rue Fernand Léger, engagé par les architectes Daufresne, Le Garrec & Associés va dans ce sens.
"Un bâtiment laissé en déshérence"
"Le foyer des Mûriers est l'exemple même d'un bâtiment des années 1970 laissé en déshérence, imposant des conditions de vie dégradées et renvoyant vers la ville une image négative de ses occupants, nous expliquent les architectes Marc Daufresne et Ivan Le Garrec. Notre opération de restructuration lourde se concentre sur les espaces intérieurs et elle recrée au final les conditions d'un habitat digne. A l'origine, les pièces extrêmement précaires étaient régulièrement occupées par deux, trois, ou quatre personnes. Quant à la salle de bains et à la cuisine, elles n'étaient même plus aux normes…"
Et de poursuivre : "L'état de délabrement terrible du bâtiment existant, l'obsolescence de son organisation spatiale et de son programme nous ont conduits à envisager une restructuration radicale."
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Adapter la "trame" au nouveau programme
Les architectes parisiens ont finalement conservé les éléments structuraux essentiels, eux-mêmes souvent remaniés pour adapter la "trame" constructive au nouveau programme. "L'ensemble des éléments distinctifs du bâtiment initial comme les façades en forme de 'coques' a été supprimé", ajoute Ivan Le Garrec. N'est finalement restée sur la réalisation qu'une grille spatiale vide, un espace virtuel à partir duquel la nouvelle structure a été édifiée.
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Un long vaisseau riche de contrastes
A l'issue de vingt mois de travaux spécifiques réalisés en site urbain, le bâtiment est devenu un long "vaisseau" riche de contrastes colorés, qui se détache librement sur la pente de la rue Fernand Léger.
On y retrouve également une colonnade serrée de panneaux de bois, zébrée par les horizontales des fenêtres en longueur. "Ces panneaux sont le support d'une intervention du peintre malien Abdoulaye Konate qui, autour du thème de la danse, inscrit la silhouette de ses 'géants' à l'échelle de la façade, mettent en scène des figure humaines, africaines, aux dimensions de la ville", complète l'architecte Ivan Le Garrec.
Au final, "l'association des matériaux clairs et foncés comme les briques et le bardage, des éléments comme le métal et le bois", permettent de composer un bâtiment assumant sa grande échelle, estiment également les porteurs du projet.
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Lien de vie et d'accueil
En l'occurrence, cette nouvelle résidence* aux 232 logements, livrée en février 2014, est destinée exclusivement aux travailleurs immigrés notamment d'origine africaine, vivant seuls, quel que soit leur âge, de nationalité étrangère et en situation régulière.
Depuis une dizaine d'années, en effet, le propriétaire, Coallia - l'ex-Aftam, fondé en 1962 - apporte des solutions de logement social et de services à des besoins sociaux diversifiés : lieux de vie durables pour l'accueil de migrants âgés, maisons relais pour les publics en situation de grande exclusion, logements transitoires pour les personnes en démarche d'insertion ou les jeunes en mobilité professionnelle... "Ici, nous logerons 232 travailleurs migrants se trouvant dans une situation de recherche de logement, conclut une responsable de Coallia. D'ailleurs, un restaurant géré par une association d'insertion servira 500 couverts par jour aux résidents."
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Focus sur les foyers des travailleurs migrants
Les foyers de travailleurs migrants (FTM) ont pour mission d'accueillir des travailleurs migrants isolés. Ces établissements proposent donc un hébergement à durée indéterminée comportant généralement des locaux privatifs meublés ou non et des locaux affectés à la vie collective. Ces personnes bénéficient automatiquement d'un contrat de location.
Pour rappel : la Ville de Paris compte 45 foyers, totalisant 8.500 lits environ. Ce parc, réparti entre quatre gestionnaires et quatorze propriétaires, est situé principalement dans les 13e, 19e et 20e arrondissements, qui regroupent à eux trois plus de la moitié des FTM parisiens. De son côté, Coallia, propriétaire de la résidence Les Mûriers compte 31 sites sur 11 arrondissements parisiens et enregistre dans l'Hexagone 9.432 lits au sein des FTM.
La plupart d'entre eux ont été édifiés entre 1970 et 1983 et accueillent aujourd'hui des populations essentiellement originaires du Maghreb et d'Afrique sub-sahélienne.
C'est, en effet, depuis le 20 avril 2005, que la Ville de Paris s'est vu confier, à sa demande, la compétence "logement" (aide à la pierre) par l'État. Elle est donc chargée depuis cette date du pilotage du plan de traitement des FTM parisiens. Ces projets s'inscrivent dans le cadre général fixé par la Ville de Paris, auquel doit répondre tout projet de transformation d'un foyer de travailleurs migrants en résidence sociale.
Ainsi, toute résidence sociale issue du traitement d'un FTM ne comporte que des logements individuels et autonomes, équipés a minima d'une douche, d'un WC et d'une kitchenette.
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Fiche technique
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L'intervention d'un peintre malien
"Ces panneaux sont le support d'une intervention du peintre malien Abdoulaye Konate qui autour du thème la danse inscrit la silhouette de ses 'géants' à l'échelle de la façade, mettent en scène des figure humaines, africaines, aux dimensions de la ville", nous complète l'architecte Ivan Le Garrec.
Hall d'accueil
A l'intérieur du hall d'accueil.
Des couleurs vives à l'entrée
Les parties communes au rez-de-chaussée : hall, espace, espace, courrier, restaurant, associatif reprennent la logique colorée des façades : sur un fond gris foncé des motifs très colorés se détachent - blocs des boites aux lettres, murs polychrome du restaurant.
Vue d'un studio
A l'intérieur d'un studio de 22 m².
Motifs colorés
Les motifs très colorés sont également repris dans les étages et dans l'aménagement des chambres.
Les plans intérieurs reconfigurés
"Acrovym" blanc d'un côté, carrelage très sombre de l'autre apportent une dissymétrie dynamique transformant la linéarité du couloir.
Le restaurant
Vue de la salle de restaurant du foyer.
L'entrée
"Les trumeaux dans les horizontales des percements reçoivent des panneaux sérigraphiés de motifs abstraits", souligne l'architecte.
Des épines en bois
Côté rue des Pruniers, le projet décline la thématique de la rue Fernand Léger selon un registre vertical : les épines en bois forment une césure qui sépare le bâtiment de son voisin.
232 logements
Maître d'ouvrage : Coallia
Architectes : Daufresne, Le Garrec & Associés (Montreuil)
Bureaux d'études : Tohier (Economiste) ; BEThac (Fluides) ; Scyna 4 (Structure) ; Alma Consulting (Cuisine)
Paysagiste : Laurence Jouhaud
Entreprise générale :Bateg, groupe Vinci Construction
Intervenants extérieurs :
Bio Concept Conseil (AMO HQE)
Qualiconsult Sécurité (Coordinateur SPS)
Socotec (Bureau de contrôle)
Intervention artistique : Abdoulaye Konate
Surface SHOB après travaux : 8.176 m²
Surface SHON : 6.431 m²
Surface de la parcelle : 1.790 m²
Permis de construire : novembre 2008
Démarrage effectif des travaux : mai 2012
Fin des travaux : janvier 2014
Durée : 20 mois
Montant : 11 millions d'euros hors taxe