DIAPORAMA - Travailler sur cet édifice emblématique et - désormais - indéboulonnable du panorama parisien, tout en permettant aux touristes de continuer à visiter la plateforme située à une cinquantaine de mètres du sol : voilà le défi à la fois technique et humain qu'ont relevé les équipes de Bateg et les échafaudagistes de Layher. Visite guidée avec le conducteur des travaux, Jean-Pierre Baron (Bateg).
"Le chantier du premier étage de la tour Eiffel est exceptionnel à plus d'un titre : tout d'abord, par les grandes proportions en échafaudage suspendu. Ensuite par les conditions mêmes du chantier, à 50 mètres du sol, au-dessus de la tête de milliers de touristes. Les conditions de sécurité, pour les visiteurs et pour nos équipes sont donc primordiales", déclare Jean-Pierre Baron, le chef de service Travaux du département Réhabilitation chez Bateg (filiale de Vinci). Et les travaux, qui ont débuté au mois d'avril 2012, ont été minutieusement préparés, afin de perturber le moins possible l'exploitation du monument qui accueille, en moyenne, plus de 20.000 visiteurs par jour, soit 7,5 millions de personnes par an. "En fait, les étapes ont été prévues depuis 2009, au moment du concours", confie le chef de service. Car la tour, si elle semble immense vue d'en bas, présente en fait des surfaces relativement réduites.
Un chantier de réhabilitation lourde au milieu du public
La plateforme du premier étage représente environ 5.000 m² de surface au plancher, mais elle reste ouverte au public et les travaux de réhabilitation lourde ont lieu dans cet environnement. "L'opération est réalisée en tiroir, c'est-à-dire que les phases de déconstruction sur un des trois pavillons sont menées pendant que d'autres ouvriers mettent en place les échafaudages en prévision sous le 2e, etc.", explique Jean-Pierre Baron. Du fait de la mise en sécurité drastique de l'installation, nécessaire pour continuer à laisser le site ouvert pendant les travaux, les frais s'avèrent deux à trois fois plus élevés que pour un chantier de tour "classique", comme pour un immeuble de bureaux à La Défense. "Les coûts sont élevés pour la mise en place des échafaudages en sous-face, des structures de protection comme des platelages, et des filet de sécurité tri-mailles qui ne doivent rien laisser passer en cas de chute…", poursuit le chef de service. Le monte-charge de chantier est également une machine unique : véritable plateforme élévatrice, elle repose sur quatre mâts, dégageant une surface de travail de 160 m², capable de s'élever depuis le niveau du sol jusqu'au 1er étage en 12 minutes tout en emportant 9 tonnes de matériaux !
Contrainte de poids constant
"Elle n'est utilisable que deux heures par jour, le matin entre 07h00 et 09h00 avant l'arrivée des touristes", explique le chef de chantier. D'où un ballet bien réglé, où les camions livrent le matériel, entreposé en banlieue (comme au temps de la construction de la tour), qui est ensuite déposé au pied de la Dame de fer dans une zone de transit fermée au public. Là, il est pesé avant d'être amené sur la plateforme élévatrice ; "les modifications apportées sur la tour ne doivent pas être plus lourdes que l'existant", explique le responsable Bateg. Tout ce qui monte est donc compensé par les matériaux de déconstruction qui sont redescendus. Autre particularité du chantier, l'impossibilité de toucher à la structure historique de la tour : les éléments supprimés ou modifiés sont les planchers et les pavillons, construits lors des derniers travaux d'importance, en 1982. "Et pour ancrer l'échafaudage, interdit de percer ou de souder. D'où une fixation par crapautage avec des pinces qui serrent les éléments de charpente", détaille l'intarissable Jean-Pierre Baron. C'est la société Layher, présente en permanence sur les chantiers de la tour Eiffel depuis 1981, qui a été chargée de cette opération délicate.