C'est un véritable répit que la ministre accorde aux copropriétés. Les associations des responsables de copropriété (ARC et UNARC) applaudissent et espèrent profiter de ce délai pour faire jouer la concurrence. Elles se félicitent du "retour à la raison et au raisonnable", et espèrent du moratoire qu'il permette "[avant tout] d'obliger l'ascensoriste à régler correctement l'appareil et à l'entretenir correctement, au lieu d'obliger les copropriétaires à mettre en place un système coûteux".
Les professionnels, quant à eux, n'ont pas caché leur colère. La Fédération des ascensoristes (FA) a fustigé une "décision unilatérale" qui va "ralentir très fortement la mise en sécurité du parc pourtant indispensable pour les usagers, et qui menace plus de 2.000 emplois". Même son de cloche chez la Fédération des indépendants experts et bureaux de contrôle ascenseurs (Fiebca) : si la maintenance était le nœud du problème, "il eut alors été naturel que Madame la ministre assortisse sa décision d'un renfort des actions relatives aux contrôles", estime son président Alain Zeliszewski.
La question de la maintenance au cœur des débats
Cécile Duflot semble cependant de l'avis des copropriétaires. Dans le communiqué annonçant le report et le moratoire, elle engage "les ascensoristes à consacrer les moyens nécessaires pour améliorer de manière significative la maintenance", ajoutant que "de trop nombreux usagers se plaignent de pannes fréquentes et de l'indisponibilité de leur ascenseur sur des durées pouvant aller jusqu'à plusieurs jours".
La ministre souligne par ailleurs que les travaux déjà réalisés par les copropriétés (4 à 6 milliards d'euros) ont permis "d'éviter les accidents les plus graves". La Fiebca, qui devrait participer au groupe de travail lancé par Cécile Duflot, avance cependant que la moitié des ascenseurs en service "sont hors la loi". La FA craint, quant à elle, que le moratoire "dissuade certains copropriétaires de poursuivre" la mise en conformité, et contredit les chiffres du ministère, en affirmant que le coût moyen des travaux "sur l'ensemble des échéances, incluant la précision d'arrêt, s'élève à 16.000 euros".