ÉNERGIE. Dans une décision du 23 février 2021, l'Autorité de sûreté nucléaire a statué sur la poursuite du fonctionnement des réacteurs de 900 MW d'EDF au-delà de 40 ans d'utilisation. Une prise de position toutefois conditionnée à des dispositions que l'électricien national devra mettre en oeuvre.

C'est maintenant officiel, les 32 plus vieux réacteurs nucléaires de France vont bénéficier d'un sursis. Dans une décision rendue le 23 février 2021, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a statué sur les conditions dans lesquelles ces réacteurs d'une puissance unitaire de 900 MW exploités par EDF pouvaient continuer à fonctionner "au-delà de leur quatrième réexamen périodique", autrement dit au-delà de 40 ans d'utilisation. Réalisées tous les 10 ans, ces inspections approfondies des centrales atomiques doivent permettre d'évaluer le contexte de fonctionnement des sites pour les 10 prochaines années.

 

 

L'ASN met une forte pression sur EDF

 

À l'origine, la trentaine de réacteurs en question avaient été mis en service pour une durée théorique de 40 ans, le dépassement de ce plafond étant soumis à "une actualisation des études de conception ou des remplacements de matériels". En l'état actuel des choses, l'ASN a donc jugé que les dispositions prévues par EDF pouvaient autoriser cette prolongation, mais en conditionnant celle-ci à "des améliorations majeures de la sûreté" ainsi qu'à "des dispositions supplémentaires" considérées comme "nécessaires". Dit dans un langage moins policé, l'électricien national peut donc continuer à exploiter ses plus anciens réacteurs mais à condition de mettre le paquet sur un certain nombre de points. Sont ici concernées les centrales du Blayais (Gironde), du Bugey (Ain), de Chinon (Indre-et-Loire), de Cruas (Ardèche), de Dampierre-en-Burly (Loiret), de Gravelines (Nord), de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) et du Tricastin (Drôme).

 

"Ces prescriptions seront ensuite appliquées réacteur par réacteur, lors de leur quatrième réexamen périodique programmé jusqu'en 2031", indique l'ASN dans une note d'information. "Il sera alors tenu compte des particularités de chacune des installations. Les dispositions prévues par EDF pour chaque réacteur feront l'objet d'une enquête publique." La pression mise sur l'énergéticien est pour le moins importante, avec un calendrier strict : "L'ASN demande à EDF de rendre compte annuellement des actions mises en oeuvre pour respecter les prescriptions et leurs échéances, ainsi que de sa capacité industrielle et de celle des intervenants extérieurs à réaliser dans les délais les modifications des installations. L'ASN demande que ces éléments soient rendus publics", peut-on encore lire.

 

 

Trois axes d'amélioration majeurs

 

"Un premier objectif est de réduire les conséquences des accidents et notamment des accidents graves, avec une fusion du coeur du réacteur", a précisé le directeur général adjoint de l'ASN, Julien Collet, à l'AFP. "Le deuxième grand volet porte sur le renforcement aux agressions qui peuvent survenir sur ces installations", c'est-à-dire les séismes, inondations, canicules ou encore les incendies. Enfin, un troisième objectif vise "le renforcement au niveau de la piscine d'entreposage des combustibles usés".

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