CRITIQUE. Le dernier projet connu de réglementation environnementale 2020 (RE2020) sacrifierait-il la transition écologique ? C'est l'avis de huit acteurs du secteur, associations de défense de l'environnement et industriels, qui attaquent les aménagements tolérés par le gouvernement en matière de Bbio.

L'esprit de la RE2020, qui devait initialement déboucher sur des bâtiments à énergie positive, a évolué en cours de route pour s'axer en définitive autour de la dimension environnementale (diminution des émissions de CO2). Au point de reléguer la transition énergétique à l'arrière-plan ? C'est ce que défend un collectif de huit acteurs (1) composé d'organisations défendant la transition écologique et de représentants des industriels de la construction (AIMCC et groupement du mur manteau). Ils ont signé un communiqué de presse commun diffusé ce 23 avril 2021.

 

 

Une RE2020 "moins ambitieuse qu'attendue"

 

Alors que les promoteurs-constructeurs se sont félicités des derniers arbitrages et aménagements concédés par le gouvernement, les huit signataires regrettent une RE2020 "moins ambitieuse qu'attendue". En cause : des arbitrages validés en catimini, permettant de faire passer à -20%, voire -15%, l'exigence en Bbio par rapport à la RT2012, sur les maisons individuelles et le petit collectif. Ce point, déjà dénoncé sur Batiactu par Effinergie et le Cler, est "inacceptable" pour ces organisations, qui s'appuient sur une étude du bureau d'études thermiques de référence, Pouget consultants, "démontrant que le niveau Bbio des bâtiments actuellement construits s'élève d'ores et déjà à -23%". Ainsi, dans certains cas, la RE2020 sur sa dimension énergétique serait de facto respectée, ou presque, sans rien changer à la manière de construire et à une enveloppe RT2012.

 

 

Cette "volte-face" serait d'autant plus regrettable qu'un consensus semblait s'être dessiné autour du Bbio à 30%, dans le cadre d'une "excellente" relation entre les organisations professionnelles et l'administration. Pour rappel, l'aménagement du Bbio pour les petites surfaces avait été demandé par les constructeurs et maîtres d'ouvrage, qui craignaient qu'à -30% les surcoûts deviennent trop significatifs. Un argument qui ne tiendrait pas la route selon une étude de l'Institut français pour la performance du bâtiment, mise en avant par les huit signataires, qui préciserait que "65% des constructions neuves labellisées E+C- atteignent déjà un niveau Bbio de -30% sans surcoût".

 

 

Les signataires demandent ainsi le maintien de l'exigence Bbio en maisons individuelle, et un renforcement de celle-ci pour les "grands bâtiments", le tout "associé à un maintien des exigences de moyens et des garde-fous à l'endroit des ponts thermiques".

 

(1) AIMCC, Cler - Réseau pour la transition énergétique, Collectif Effinergie, Collectif Isolons la Terre, France Nature Environnement, Groupement du Mur Manteau, MANASLU.Ing, Pôle Fibres-Energivie.

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