RÉACTION. Les industriels du radiateur électrique et du chauffe-eau thermodynamique ont rédigé une lettre ouverte au Gouvernement, regrettant l'exclusion de leurs équipements sur la base des projets de seuils RE2020 communiqués par l'État en décembre.

L'entrée en vigueur de la future réglementation environnementale 2020 (RE2020) signifiera-t-elle le retour en force des radiateurs électriques dans les constructions neuves ? Cette question, au cœur des débats qui agitent le secteur du BTP depuis plus d'un an, n'est toujours pas tranchée, puisque les seuils communiqués par les pouvoirs publics en décembre ne sont que des projets - les acteurs de la filière tout entière se prononceront officiellement le 12 janvier prochain via le Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique. Quoi qu'il en soit, à travers le Groupement des marques d'appareils pour la maison (Gifam), les industriels du radiateur électrique et des chauffe-eaux thermodynamiques tirent la sonnette d'alarme, s'étant fendu notamment le 5 janvier 2021 d'une lettre ouverte aux ministres de la Transition écologique et du Logement, Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon. Le Gifam l'assure : les projets de seuils présentés écarteront le recours aux "radiateurs électriques de dernière génération couplés aux chauffe-eau thermodynamiques", en logement individuel comme en logement collectif. Ce qui va "priver durablement la France de solutions de chauffage performantes et décarbonées".

 

Le radiateur électrique, "l'une des meilleures options de chauffage"

 

Dans leur argumentaire, les acteurs de la filière rappellent notamment que les progrès considérables réalisés en matière d'isolation entre la RT2005 et la future RE2020 font que "les puissances à installer sont désormais de l'ordre de 300W à 500W par appareil". Dans ce contexte, les radiateurs électriques "de dernière génération connectés" seraient ainsi "l'une des meilleures options de chauffage actuellement disponibles sur le marché", avec comme mérite de pouvoir "s'adapter au plus juste pièce par pièce". Autre atout de ce type de produits : le pilotage du chauffage électrique permet de réduire les risques d'importation d'énergie carbonée au moment de la pointe électrique d'hiver. Et cela à moindre coût : "quelques dizaines d'euros les mois d'hiver, pas de contrat d'entretien, durabilité".

 

"Pourquoi se passer d'une solution satisfaisante sur le plan technico-économique ?", Eric Baudry (Gifam)

 

Après la création en 2019 d'un coup de pouce pour le remplacement des anciens radiateurs électriques par des nouveaux, plus performants, les industriels espéraient être relativement bien traités par la RE2020. Mais, selon eux, ce n'est pas le cas. "Les appareils que nous produisons aujourd'hui sont sophistiqués, sensibles à des éléments tels que l'ouverture des fenêtres, l'occupation des pièces", explique Eric Baudry, président de la commission thermique du Gifam, à Batiactu. "Ils permettent d'aller jusqu'à 30% de réduction des consommations d'énergie par rapport aux anciens radiateurs." Les espoirs des acteurs ont été douchés par l'introduction d'un seuil sur la consommation d'énergie primaire non renouvelable. Ils ne laissent qu'une place minime à un éventuel recours à de l'effet joule. "Les solutions composites répondent plutôt bien aux objectifs ou ne sont pas loin de le faire", précise Eric Baudry. "La combinaison poêle bois - CET - effet joule nous amène à 56 kwH, la combinaison Pac air-air - effet joule - CET à 45,2." Les professionnels demandent ainsi une évolution des textes existants, par exemple par l'introduction de seuils plus progressifs sur l'énergie non renouvelable. "Nous saluons le travail de l'administration sur l'introduction d'une dimension environnementale : il faut affronter le problème climatique de manière frontale. Mais pourquoi se passer d'une solution satisfaisante sur le plan technico-économique ?"

 

Les pouvoirs publics ont toujours assuré qu'ils souhaitaient éviter une "massification" de l'effet joule, ce qui peut expliquer que les seuils proposés se situent juste au niveau permettant son utilisation en tant que chauffage d'appoint, et pas davantage. Si le seuil était plus tolérant, compte tenu du fait que l'effet joule nécessite un moindre investissement qu'une pompe à chaleur, cette massification pourrait devenir réalité.

 

 

Pour les rédacteurs de la lettre ouverte, cet argumentaire vaut tout autant pour les chauffe-eaux thermodynamiques, utilisant une "énergie décarbonée à plus de 93%". Alors même que l'autorisation de continuer à installer du gaz en collectif jusqu'en 2024, comme envisagé par les pouvoirs publics, constituerait un "droit d'émettre du C02 et ce, a minima, pour les 50 prochaines années".

 

Demandes d'amender la réglementation

 

Plus généralement, la RE2020 pourrait venir menacer une filière "implantée au cœur des territoires dans neuf régions françaises et forte de plus de 7.500 emplois directs". La demande du Gifam est ainsi d'apporter des amendements à la RE2020, de manière à réintroduire ces deux équipements dans son champ. Une demande qui tombe alors que le 5 janvier 2021, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon a ouvert la porte à une révision du "contenu" et des "délais" du fameux projet de texte.

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