RÉACTIONS. Deux jours après les annonces concernant la nouvelle réglementation environnementale, dite RE2020, les représentants des architectes, contactés par Batiactu, affichent leur satisfaction, non sans pointer "des points qui doivent être corrigés ou clarifiés".
"Un certain nombre de mesures que nous portons depuis plusieurs années pour réduire l'empreinte carbone du secteur bâtiment trouve enfin une traduction réglementaire avec la nouvelle réglementation environnementale", se félicite Denis Dessus, président du Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa), auprès de Batiactu, après les annonces gouvernementales au sujet d'une réglementation qui tarde à être finalisée et qui doit entrer en vigueur au 1er juillet de l'année prochaine.
Du côté de l'Unsfa, premier syndicat de la profession, on "note avec satisfaction que la RE2020 renvoie à l'excellence de la conception de l'architecture bioclimatique, la compacité, les orientations, le confort d'été, les logements traversant, les prolongements extérieurs, le choix des procédés constructifs et des matériaux". L'"approche holistique" prenant en compte "le triptyque carbone-énergie-confort" sort renforcé des arbitrages, se satisfait l'Unsfa.
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Besoin bioclimatique et matériaux vertueux
Le Cnoa pointe en particulier deux avancées de la RE2020 par rapport à sa prédécesseure, la RT2012. Il salue l'amélioration de la performance de l'enveloppe du bâtiment, avec un Bbio (besoin bioclimatique) annoncé de -30% par rapport à la réglementation actuelle (RT2012), "mais aussi et surtout à l'orientation clairement affichée en faveur des matériaux bio- et géosourcés, et par voie de conséquence du stockage du carbone biogénique". L'Unsfa regrette en revanche que soient favorisés certains modes constructifs et matériaux, plutôt que de "laisser la liberté aux concepteurs du choix du bon matériau au bon endroit, avec les meilleures performances environnementales".
Le Cnoa salue également la prise en compte du confort d'été, "qui dans un contexte de multiplication des étés caniculaires va devenir demain crucial. Cela même si certaines de nos propositions et solutions passives pour le traitement du confort d'été ne semblent malheureusement pas avoir été prises en compte". Notamment, un pourcentage de logements traversants, un minimum de hauteur sous plafond pour la pose de brasseurs d'air, ou encore la pose obligatoire d'occultations en façades ensoleillées.
Prime à l'électricité et ACV dynamique mal préparée
Les architectes pointent deux sujets d'inquiétude pour la profession. Le premier porte sur "la prime au recours à l'électricité avec la forte pénalisation du chauffage au gaz". Le gouvernement "devra impérativement veiller à ce que cette mesure ne se traduise pas par un retour aux 'grille-pains' des années 80", avertit Denis Dessus, "un comble lorsque l'on connait le mauvais bilan écologique, et les risques de l'énergie nucléaire". L'Unsfa déplore que l'on "favorise un vecteur énergétique plutôt qu'un autre", contrairement à ses préconisations, et qui va rendre difficile la "réversibilité".
La deuxième inquiétude porte sur l'arbitrage en faveur de l'analyse du cycle de vie dynamique. "Nous partons là en terre inconnue car cette méthode n'a pas pu être testée dans le cadre de l'expérimentation E+C- qui préfigurait pourtant la RE 2020". Ainsi, la méthodologie "reste encore à ce stade à définir", et le Cnoa "doute d'ores et déjà fortement de son intérêt et de sa pertinence pour certaines typologies de projet comme la maison individuelle". L'Unsfa aurait souhaité une période de tests de l'ACV dynamique, dans des labels par exemple.
"Les permis de construire qui seront déposés au 1er juillet 2021 sont en cours d'étude aujourd'hui alors que la RE2020 n'est pas encore calée".
D'une manière générale, la profession demande que soit pris en compte le fait que "les permis de construire qui seront déposés au 1er juillet 2021 sont en cours d'étude aujourd'hui alors que la RE2020 n'est pas encore calée". Enfin, les architectes "appellent à élargir très rapidement le périmètre de la nouvelle réglementation à la rénovation des bâtiments existants, car c'est bien sur ce parc que se situe le gros gisement d'économie de carbone".