CONCEPTION. Une conférence en ligne organisée par l'Ordre des architectes a été l'occasion de rappeler les enjeux, pour la maîtrise d'œuvre, des nouveautés de cette réglementation, et de faire quelques retours d'expérience, un an après son entrée en vigueur.
"RE2020, un an déjà". C'est l'intitulé de la conférence en ligne proposée, en janvier, par le Cnoa (Conseil national de l'Ordre des architectes), visant à "faire un premier bilan" de la nouvelle réglementation environnementale entrée en vigueur au 1er janvier 2022, mais aussi de donner quelques clés pour anticiper les prochaines étapes de cette réglementation, puisque de nouveaux seuils s'appliqueront en 2025, 2028 et 20231 sur différents indicateurs de cette réglementation multicritères.
Ces indicateurs, quels sont-ils ? Guillaume Meunier, architecte-ingénieur au sein d'Elioth pour Egis, en compte six, qu'il a regroupés en cinq thématiques : "confort, sobriété matière, énergie décarbonée, bioclimatisme, et sobriété énergétique". Si tous "marchent ensemble", et que jouer sur un indicateur peut détériorer ou améliorer la note sur un autre, l'un de ces paramètres est sans conteste plus "complexe" que les autres à appréhender : celui de la sobriété matière, qui prend la forme de l'ICconstruction (indice carbone de la construction) dans la RE2020.
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Compacité, économie circulaire, ACV des produits
"Il y a trois manières de réduire l'impact carbone de la matière utilisée", détaille l'ingénieur-architecte. La première est d'"en utiliser le moins possible" : de ce point de vue, "la compacité des bâtiments devient un paramètre fondamental, dans la perspective du seuil 2028 et surtout celui de 2031". Pour le concepteur, "cela va impacter l'architecture, on ne peut plus faire comme si la compacité n'était pas un enjeu".
Un autre moyen de baisser l'ICconstruction d'un projet est de faire appel à l'économie circulaire, "très encouragée" par la nouvelle réglementation. Il y a "énormément d'avantages à faire du réemploi" dans les projets, insiste Guillaume Meunier. Enfin, il faut prendre l'habitude de choisir "le matériau le moins carboné", et donc se familiariser avec leur ACV, pour "analyse du cycle de vie".
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"Les seuils 2028 ne seront atteints qui si l'on fait des efforts sur tous les matériaux"
Baisser l'intensité en carbone des matériaux de construction ne se fera pas qu'en "mettant du bois", prévient le concepteur. "Les seuils 2028 ne seront atteints qui si l'on fait des efforts sur tous les matériaux", et en utilisant la palette de solutions disponibles, pour les façades, les planchers, l'isolation…
L'architecte Pascal Gontier constate, lui, sur ses projets, que l'utilisation du biosourcé "permet d'atteindre largement l'indice carbone". L'introduction de l'ACV est "une chance", qui "booste la commande" des projets vertueux. Elle fait "gagner du temps, car avant on passait énormément de temps à demander cette information aux industriels". Il estime avoir aujourd'hui les moyens de voir rapidement quel poste plombe le bilan. Et pense qu'en devenant un réflexe, cela sera de plus en plus simple pour les architectes.
"Des logiciels simples d'utilisation existent"
Guillaume Meunier, architecte-ingénieur du groupe Egis, conseille de faire l'ACV dès l'avant-projet sommaire, voire en esquisse, ce qui "permet de se faire une idée". Pour le bureau d'études, "il ne faut pas laisser l'ingénieur s'en occuper seul", parce que ces choix impactent tous les autres paramètres, mais surtout parce que "cela devrait être le métier de base de l'architecte : connaître le matériau qu'il pose".
La vice-présidente du Cnoa, Valérie Flicoteaux, rappelle que dans le cadre de la RE2020, les industriels réalisent les fiches FDES de leurs produits, et que la base Inies qui les rassemble "se complète à vitesse grand V". C'est indéniablement un "élément facilitateur", d'autant que les logiciels de calcul de l'ACV "aspirent automatiquement les données" de cette base.
"Il faut que l'on s'approprie et que l'on acquière des réflexes sur l'ACV comme on les a acquis sur l'énergie", scande l'architecte, qui annonce que le Cnoa "va travailler avec l'Etat pour avoir des logiciels capables de donner des indications beaucoup plus en amont des projets, pour modéliser très rapidement les paramètres de la RE2020". Manière de "se mettre sur les bons rails dès l'esquisse".