TABLE RONDE. A l'occasion d'une table ronde de l'édition 2021 d'EnerjMeeting Lyon, plusieurs acteurs de la construction sont revenus sur la mise en place de la RE2020 évoquant leurs doutes, mais aussi leur volonté de relever le défi.
Pas de doute, la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs (RE2020) est dans toutes les têtes. Avec son entrée en vigueur début 2022, la sobriété énergétique et la décarbonation des bâtiments ne sont plus de l'ordre du simple vocabulaire. Dans le cadre de l'édition 2021 d'Enerjmeeting Lyon, journée dédiée à l'efficacité énergétique et environnementale du bâtiment, qui a eu lieu ce mercredi 24 novembre, plusieurs acteurs de la construction sont venus livrer leurs sentiments et retours d'expérience à quelques semaines de sa mise en place.
Entre enthousiasme, craintes, et conscience de l'urgence, ils ont fait part de leur état d'esprit du moment : "En tant que citoyen, la RE2020 est une satisfaction, en tant que professionnel, on est plus dans l'anxiété", lance Ludovic Scarpari, vice-président national du Pôle habitat-FFB. Elle a le mérite de "mettre en mouvement les acteurs", concède de son côté Fabienne Marcoux, architecte DPLG, et dirigeante de Meîosis.
Le confort d'été et le poids carbone, deux nouveautés qui changent la donne
Le confort d'été et le poids carbone, les deux grandes nouveautés de la RE2020 vont pousser les acteurs de la construction dans leurs retranchements, et ils en sont conscients : "Personne n'est prêt ! Cette nouvelle réglementation nécessite un accompagnement : il faut former, acculturer l'ensemble de parties prenantes. D'entrée de jeu, cette réglementation est complexe car il faut maîtriser les périmètres de calcul. La comptabilité de l'empreinte carbone est une chose, celle de l'analyse du cycle de vie (ACV) en est une autre", indique Frank Hovorka, directeur technique et de l'innovation à la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui admet toutefois "que l'important était de fixer une trajectoire".
Des défis dans un climat d'urgence
Les acteurs réunis à l'occasion de cette table ronde ont aussi relevé plusieurs enjeux sur lesquels ils devront être vigilants. "Il est important que la clause de revoyure permette de faire des retours d'expérience de manière à ce que le spectre des solutions soit ouvert", précise Ludovic Scarpari (Pôle FFB-Habitat). Une idée partagée par Nicolas Cailleau, responsable du département énergie et bas carbone au sein de l'USH : "Il faut de la transparence dans les données pour savoir si nous atteignons les objectifs définis à l'origine. Les matériaux et solutions techniques doivent être étudiés et analysés, car demain, nous allons nous attaquer à la rénovation".
Davantage un outil de comparaison que de conception, la RE2020 induit "un changement de méthodologie constructive", précise le directeur technique et de l'innovation à la FPI, Frank Hovorka, qui prône une démarche holistique, et interroge : "Le calcul de la RE2020 pourra-t-il servir au nouveau DPE ?". Enfin, pour l'architecte Fabienne Marcoux, il y a urgence, et il faut accélérer : "Nous n'avons pas le temps. Les expérimentations existent déjà. Partageons-les, et mettons nos moyens en commun", conclut-elle.