Nouvel épisode dans le bras de fer entre ERDF et le syndicat des énergies renouvelables (SER) : après les craintes exprimées par le fournisseur d'électricité sur le coût du raccordement du photovoltaïque solaire et les risques de coupures, le SER a décidé de mener l'enquête. Résultats de l'étude sur les enjeux du raccordement.
Les professionnels des énergies renouvelables ont décidé de prendre ERDF au mot. La branche solaire photovoltaïque du syndicat des énergies renouvelables (SER) a lancé une étude sur les enjeux du raccordement de l'électricité photovoltaïque, après que le fournisseur d'électricité se soit plaint de l'impact financier du raccordement des installations. En effet, arguant que ces raccordements lui coûteraient 10,2 milliards d'euros de 2010 à 2020, ERDF estimait qu'il n'était pas «légitime que le distributeur supporte l'essentiel du coût de raccordement des producteurs d'énergies renouvelables, et la totalité du coût de renforcement du réseau rendu indispensable par ces nouveaux modes de production».
Alors que le projet de loi NOME (nouvelle organisation du marché de l'électricité) est actuellement à l'étude, le SER, «soucieux de vérifier la réalité et inquiet des montants annoncés par ERDF», a donc commandé une expertise sur le sujet au cabinet Fractal 1.0. Il en ressort que le coût des raccordements, financés dans le cadre du Tarif d'utilisation du réseau public d'électricité (Turpe), à la charge des gestionnaires de réseau oscille entre 70 et 140 millions d'euros par an, contre 1 milliard d'euros par an annoncé par ERDF, sur la base d'un scénario de développement du photovoltaïque allant de 500 à 1.000 MW par an.
Un financement pris en charge à 60% par le demandeur
C'est un soulagement pour le syndicat des énergies renouvelables, qui indique que «dans la période difficile que traverse actuellement la profession solaire photovoltaïque, avec deux baisses consécutives du tarif d'achat et une réduction annoncée du crédit d'impôt pour les particuliers, faire peser l'intégralité du coût de raccordement sur le producteur serait perçu comme une attaque en règle contre le développement de la filière photovoltaïque française. Si cette disposition était adoptée, cela reviendrait par exemple à augmenter le coût de raccordement de plus de 600 euros pour une installation chez un particulier». Le SER rappelle, en outre, que d'après la règlementation en vigueur, toute opération de réglementation doit être financée au minimum à 60% par le demandeur.
Peu de risque de coupures
L'étude revient, enfin, sur un autre thème abordé par ERDF depuis plusieurs mois : les risques de coupures d'électricité que pourrait engendrer un trop grand nombre d'installations dans une même région. «Les éventuelles situations de contraintes de tensions, limitées à des configurations particulières, ne risquent pas de provoquer de black-out ; et la mise en œuvre de mesures simples, telles que la régulation de tension, permet de traiter ce phénomène en optimisant l'intégration de systèmes photovoltaïques sur ces réseaux».
Le SER, qui explique avoir commandé cette étude «dans un contexte de révision drastique des tarifs photovoltaïques et des mesures fiscales qui encourageaient jusqu'alors son développement» souhaite «palier les carences du cadre réglementaire et technique français» relatif au raccordement des installations photovoltaïques. Il préconise également «d'améliorer la transparence» dans les activités d'ERDF.