Diviser par deux la consommation énergétique d'ici à 2050, réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d'ici à 2025 et engager la fermeture de centrales, financer la rénovation de 500.000 logements par an… autant de mesures qui devraient figurer dans les recommandations entérinées par les acteurs du grand débat national sur la transition énergétique lors de la dernière séance plénière qui se tient ce jeudi 18 juillet. Les conclusions seront remises au gouvernement à la rentrée.
Parmi les propositions avancées figure la très ambitieuse division par deux de la consommation énergétique nationale d'ici à 2050. Ceci afin de respecter les engagements internationaux en matière d'émission de gaz à effet de serre et de rééquilibrer la balance commerciale déficitaire à cause des importations de carburants fossiles. Un chiffre qui soulève déjà des questions, notamment dans le monde de l'entreprise qui propose de s'en tenir à une réduction de 20 % de la consommation et non de 50 %. De même, la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français est, elle aussi, déjà débattue : si le Président de la République avait annoncé son ambition de ramener l'atome de 75 % à 50 % de la production nationale électrique, au profit des EnR, l'objectif affiché de parvenir à 30 ou 40 % d'électricité d'origine renouvelable est en dessous des estimations. Une erreur selon les associations de défense de l'environnement comme France Nature Environnement ou la fondation Hulot.
Rénover 500.000 logements par an
Pour le bâtiment, les propositions mettent en avant la réduction des consommations notamment grâce à la rénovation de 500.000 logements par an, avec la mise en place du fameux guichet unique d'information, un effort sur la formation des professionnels aux travaux de rénovation énergétique et la création d'un dispositif de financement dédié. Serait également évoquée l'introduction d'une obligation de travaux "aux grands moments de la vie des bâtiments". Du côté des énergies renouvelables, leur développement serait fortement encouragé par l'instauration d'objectifs ambitieux et la mise en place de "politiques de soutien, par filière, adaptées au degré de maturité des énergies". Outre l'éolien, le photovoltaïque ou la géothermie, la filière bois et le gaz seraient également compris afin de soutenir le système électrique. Le cas du gaz de schiste ressurgit d'ailleurs encore une fois puisque les recommandations ne tranchent pas le débat entre opposants et partisans de cette source d'énergie. Le rapport mentionnerait, en revanche, la nécessité d'une "étude de l'impact socio-économique de l'exploitation des gaz de schiste" sur l'emploi, le tourisme ou le prix de cette ressource.
Dépenser 2.000 Mrds € pour en économiser 3.000 ?
Pour les transports, enfin, les pistes envisagées vont de la favorisation du co-voiturage - avec le lancement d'un programme national "Deux personnes par voiture" - l'encouragement des services de véhicules partagés, la réduction de vitesse de 10 km/h sur les autoroutes et les routes nationales, l'instauration de péages urbains ou la relance du fret fluvial et ferroviaire. A noter que le rattrapage de la fiscalité du Diesel sur l'essence n'aurait finalement pas été inclus, au grand dam de certaines ONG favorables à une taxation accrue sur ce carburant polluant. La question du coût de toutes les mesures annoncées a d'ailleurs été abordée : la facture, jusqu'en 2050, pourrait atteindre les 2.000 milliards d'euros (soit 54 Mrds €/an). Une dépense qui trouverait sa justification dans les économies réalisées sur la facture énergétique, estimées à 3.000 Mrds €.
L'ensemble des propositions, finalement assez générales et larges pour permettre de concilier les intérêts divergents de tous les acteurs du grand débat national, semblent donc ne convenir vraiment à personne. Le secret d'un consensus réussi ?