A l'issue de deux mois de travail, les 15 équipes du conseil scientifique de l'Atelier international du Grand Paris (AIGP) ont exprimé, vendredi 19 avril, leur réflexion sur le thème "Habiter le Grand Paris". Architectes et urbanistes espèrent trouver un écho, voire un relais opérationnel, au sein de l'AIGP ou de la future "Métropole de Paris". Morceaux choisis.
"Les idées foisonnent, s'entremêlent parfois s'opposent ou se heurtent, cela va donc dans le bon sens, mais la crainte, est que l'on participe à la construction de la tour de Babel", nous confie Christian de Portzamparc. Le ton est donné. Après avoir, en effet, "planché" durant deux mois sur le thème "Habiter le Grand Paris", les 15 équipes du Conseil scientifique de l'Atelier international du Grand Paris (AIGP) ont lancé, vendredi 19 avril, au Palais de Tokyo, un énième appel aux institutions publiques pour que leur travail trouve un écho voire un "relais opérationnel" au sein de l'AIGP ou de la future "Métropole de Paris."
Pour rappel : en janvier 2013, l'AIGP transmettait ses vœux aux 15 équipes d'architectes-urbanistes retenus et composant son conseil scientifique. Premier leitmotiv auquel ont dû réfléchir les équipes pluridisciplinaires "Habiter le Grand Paris". "L'ambition est claire, il faut construire 70.000 logements par an en Ile-de-France et rééquilibrer habitat et emplois sur le territoire et faire du Logement un outil de développement urbain et de l'égalité des territoires", nous rappelle Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris, chargé de Paris Métropole et des relations avec les collectivités territoriales d'Ile-de-France. Le second objectif : "Systèmes métropolitains". Eclairer l'émergence d'une identité du Grand Paris à partir des pratiques quotidiennes des Franciliens et des projets en cours. "C'est à l'issue de cette journée de restitution suivie de deux mois de travaux que nous présenterons nos pistes au mois de juin, avant la semaine internationale du Grand Paris du 1er au 7 juillet ", a signalé Bertrand Lemoine, architecte et président de l'AIGP.
Au-delà de quelques points convergents - tels que la métropole doit être davantage durable, dense, et répondre mieux en termes de logements aux besoins des habitants franciliens - des échanges divers et variés ont été entendus. Certains architectes estiment, en effet, qu'il est nécessaire de reconstruire la ville sur elle-même alors que d'autres montent au créneau pour éviter que la priorité soit donnée au cœur de la métropole.
"Nous avons pris le parti de regarder la métropole à partir de ses franges, voire au-delà de la zone agglomérée, estime d'emblée Béatrice Mariolle, architecte au sein de l'équipe Bres+Mariolle et chercheurs associés. Nous trouvons, par exemple, des situations de densité et de proximité, qu'il faut structurer, organiser et soutenir…"
"Il n'y a pas que le Grand Paris Express ! "
L'équipe pluridisciplinaire de TVK Trévelo & Viger-Kohler Architectes Urbanistes/Acadie/Güller Güller/Bas Smets, par la voix de Pierre-Alain Trévelo craint avant tout que la future gouvernance de Paris Métropole ne se concentre seulement sur les travaux du Grand Paris Express (GPE). "On a du mal sur ce sujet à faire le lien entre les objectifs du Grand Paris, à l'image des formulations complexes du Sdrif* et la capacité à rédiger un récit mobilisateur, signale Pierre-Alain Trévelo. Les maires attendent tous avec impatience ce futur métro, et que va-ton faire durant ces longues périodes de travaux ? Car une fois que le GPE sera sorti de terre on aura oublié de ce qu'on devait faire pendant ce temps-là. Il faut réagir vite." Et à cette équipe de poursuivre : "J'ai l'impression qu'on est en train de refaire sur le Grand Paris les villes nouvelles, imaginées il y a quarante ans… Ne refaisons pas la même erreur. Essayons de scénariser le changement entre les moyens et le logement et entre le transport et le développement économique."
*Le Schéma directeur de la région Île-de-France (Sdrif)
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