Planification des espaces souterrains, nouvelles technologies pour la construction de tunnels, résilience des villes face aux catastrophes ou amélioration de la qualité de vie des urbains. Découvrez les enjeux identifiés par le professeur Tarcisio Celestino, le président de l'Association internationale des tunnels et de l'espace souterrain qui tiendra son congrès à Bergen en Norvège, au mois de juin.
Selon les spécialistes de la question, le secteur des tunnels et de la construction souterraine devrait occuper le devant de la scène dans les prochaines années, partout sur (ou sous) le globe. Ce n'est pas un hasard si les Nations Unies en font un axe important de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes. Le professeur Tarcisio Celestino, président de l'Association internationale des tunnels et de l'espace souterrain, explique : "L'excellente performance des tunnels, comparée à celle des infrastructures de transports surélevées, a été démontrée à de nombreuses occasions, comme lors du séisme de Loma Prieta, dans la baie de San Francisco en 1989". Pour l'approvisionnement en eau potable et en énergie, pour l'évacuation des eaux usées ou pour assurer les transports, ces ouvrages seront indispensables.
Fiabilité et rapidité de construction
à lire aussi
Interrogé sur les possibilités offertes par ces infrastructures pour lutter contre les effets du bouleversement climatique et pour limiter les dégâts, le professeur Celestino répond : "Les moyens les plus évidents sont l'augmentation de la capacité d'adduction des eaux pluviales par les tunnels et la création de réservoirs souterrains permettant de stocker l'eau pendant les orages avec crues". L'expert mondial cite le projet tokyoïte nommé "Metropolitan Area Outer Underground Discharge Channel" qui protège la capitale japonaise grâce à d'immenses silos inondables reliés par un réseau de grandes conduites de 6,4 km de long. D'autres installations existent déjà à Kuala Lumpur ("Storm Management & Road Tunnel") ou à Rotterdam. "Afin de réduire les effets des sécheresses et pour une meilleure gestion, le rôle des réservoirs et de tunnels qui les relient est évident", insiste-t-il. Le spécialiste brésilien évoque une autre tendance, celle de l'amélioration de la qualité de vie des espaces urbains grâce à l'enterrement de certaines infrastructures : "On assiste à une prise de conscience croissante du public concernant les avantages des solutions en souterrain". Il cite le cas de Porto Maravilha à Rio-de-Janeiro, où un tunnel autoroutier a remplacé un pont qui obstruait la vue, et celui du Post Office Square au centre de Boston.
L'apparition de nouvelles technologies a rendu possible de nombreuses avancées selon Tarcisio Celestino : "En matière de fiabilité des travaux souterrains et de réduction du temps de construction", détaille-t-il. Deux thématiques qui seront abordées lors des séances techniques du World Tunnel Congress de Bergen, entre le 9 et le 15 juin 2017. L'expert liste les progrès réalisés : "L'évolution des tunneliers et des équipements dédiés au forage de la roche et à la projection de béton, entre autres, est remarquable. Pour ces équipements, l'utilisation massive des technologies de l'information a permis des améliorations considérables en termes de productivité et de fiabilité des travaux d'excavation. Que ce soit pour des creusements mécanisés ou conventionnels, l'utilisation d'équipements avec électronique embarquée a fortement augmenté (…). Des progrès similaires ont été réalisés en matière de contrôle des travaux de construction en souterrain par l'utilisation de fibres optiques, d'informations obtenues par satellite". L'Association internationale serait d'ailleurs en passe de créer un groupe de travail dédié à ce dernier sujet.