Vieillissement des infrastructures, baisse des consommations, recherche de solutions environnementales… les enjeux sont multiples pour les acteurs du traitement de l'eau en France. Le cabinet Xerfi publie une étude sur le sujet qui identifie les axes de développement et les perspectives du marché à l'horizon de 2018.
Le chiffre d'affaires des acteurs du traitement de l'eau a baissé en 2016, qu'il s'agisse d'eau potable (-4 %) ou d'eaux usées (-0,5 %). Et cette tendance ne devrait pas s'améliorer en 2017-2018 : les revenus devraient encore se contracter pour les premiers (-3 % par an) ou se stabiliser pour les seconds (+0,5 % par an). Une situation qui va forcer les entreprises à rechercher de nouvelles pistes de développement. Selon le cabinet Xerfi, qui a publié l'étude "Le marché du traitement de l'eau - valorisation des boues d'épuration, REUT, internationalisation : axes de développement des acteurs et perspectives du marché d'ici 2018", les deux leaders français des services environnementaux (Veolia et Suez) "trouveront leur salut" à l'étranger, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient.
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Les constructeurs d'ouvrages, eux, bénéficieront d'un rebond des dépenses des collectivités, obligées d'investir dans des plans de rénovations des infrastructures. Olivier Lemesle, l'auteur de l'étude, chiffre ces dépenses communales à 30 Mrds € en 2018 ! Il ajoute : "En outre, les opérateurs s'assureront de la récurrence de leurs revenus grâce à leurs services de maintenance des infrastructures (curage, vidange, pompage, etc.)". Compte-tenu de ces éléments, le chiffre d'affaires des entreprises de construction et de génie civil qui interviennent dans ces problématiques de réseaux poursuivra sa croissance, en 2017 (+5 %) puis 2018 (+2 %). Leur activité avait déjà cru en 2016 (+3 %). Les bureaux d'études et d'ingénierie spécialisée profiteront également de cette dynamique, avec le maintien d'un bon niveau dans les deux années à venir. La concurrence entre eux se fera plus intense, obligeant à certaines opérations de rapprochement ou de croissance externe. Le cabinet cite Antea et Elcimai, qui souhaitent se positionner comme acteurs d'envergure. "Mais de l'avis des experts de Xerfi, cette stratégie pourrait bien mener à une indifférenciation en termes de qualité de service entre ensembliers et favoriser des politiques tarifaires agressives", précise l'étude.
Un avenir en vert
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Une déflation qui affectera également les équipementiers, assure Xerfi. Leur segment de marché, en croissance régulière, attiserait les convoitises et attirerait un nombre croissant d'entreprises françaises, dont le nombre aurait doublé entre 2008 et 2015. Paradoxalement, la part de marché des sociétés étrangères est également en hausse. L'étude signale que, pour les appareils de filtration, les importations ont augmenté de +60 % en valeur en sept ans. Quant aux fournisseurs de produits chimiques de traitement des eaux, ils subiront la baisse globale des volumes consommés ainsi que la diminution des rejets de polluants par l'industrie ou l'agriculture. Leur activité, qui s'est stabilisée en 2016, devrait légèrement croître en 2017-2018, à en croire les experts, en lien avec "le dynamisme du marché des eaux de piscines" et de la demande domestique pour atteindre "un bon état écologique des eaux de surface". Une évolution qui se traduira par le développement de nouvelles solutions : appareils à UV, membranes, solutions chimiques "vertes", biofiltration…
Olivier Lemesle, précise : "Pour les acteurs du traitement de l'eau, le green ouvre (…) d'importantes opportunités d'affaires, notamment en termes de réutilisation des eaux usées". L'étude cite les exemples de projets de recyclage de l'eau épurée à Cannes et Bonifacio, ou la valorisation énergétique des boues sous forme de biogaz. Cette pratique serait amenée à remplacer les procédés traditionnels de recyclage (épandage, incinération, mise en décharge) "qui génèrent peu de revenus tout en présentant un coût élevé". Le nombre de stations d'épuration dotées d'unités de méthanisation dépasse aujourd'hui les 90 en France. L'Ademe envisage qu'en 2020, ce gisement énergétique atteigne les 2,19 TWh (contre 0,54 TWh en 2014).