INFOGRAPHIE. L'expérimentation E+C- (énergie positive, bas carbone), lancée en 2016, était censée préfigurer la réglementation environnementale 2020. Mais les derniers arbitrages annoncés par les pouvoirs publics sur la RE2020 montrent que l'État n'a pas toujours cherché à jouer la continuité.


L'expérimentation énergie carbone (E+C-) a été lancée en novembre 2016, dans l'idée de préfigurer la réglementation environnementale 2020. Alors que le Gouvernement vient, ce 24 novembre 2020, de détailler les grands axes de cette réglementation qui s'appliquera à l'été prochain, nombreux sont ceux qui estiment que les retours d'expérience d'E+C- n'ont pas été assez utilisés, voire carrément jetés aux oubliettes. Dans une infographie ci-dessous, Batiactu fait le point sur ce qui a été, ou non, gardé de l'expérimentation dans la RE2020 telle qu'elle vient d'être présentée (les textes ne sont pas parus, et l'hypothèse, bien que faible, de nouveaux arbitrages, est à prendre en considération). Et force est de constater qu'il existe des discontinuités notables entre les deux dispositifs.

 

Un glissement progressif entre 2016 et 2020

 

Quelle était l'ambition d'E+C-, à l'époque où l'expérimentation a été lancée ? Celle de généraliser le bâtiments à énergie positive (Bépos) et de produire des constructions respectant davantage l'environnement, grâce à une analyse du cycle de vie et une diminution de leur poids carbone. Quatre ans plus tard, l'eau a passé sous les ponts. Une première évolution saute aux yeux : l'objectif Bépos a été supprimé des projets par l'État. L'installation de panneaux solaires sur les bâtiments ne semble pas constituer une évolution prioritaire, pas plus que la capacité des bâtiments Bépos à revendre de l'énergie produite. La création de réseaux électriques intelligents, les fameux "smart grids", évoqués un temps pour décentraliser dans une certaine mesure la production d'électricité, semble beaucoup moins urgente.

 

 

Le glissement a été progressif, entre 2016 et 2020. Ainsi, en avril 2018, l'administration assurait à Batiactu "qu'il fallait concevoir une future réglementation qui conforte les orientations actuelles mais préserve les possibilités d'innovation en faveur de bâtiments à énergie positive et très bas carbone". L'enthousiasme pour le Bépos s'effaçait, mais du moins l'État en faisait mention - et l'expression "bas carbone" devenait "très bas carbone". Dans le dossier de presse RE2020, communiqué le 24, l'objectif Bépos n'est pas cité. Il est ainsi possible de dire que l'expérimentation initialement baptisée "énergie positive, E+", a débouché sur un corpus réglementaire ayant décidé de se passer d'énergie positive. Cette notion n'a pour l'instant pas été évoquée, non plus, dans le cadre des discussions autour du label RE2020, qui permettra aux maîtres d'ouvrage qui souhaitent aller au-delà de la réglementation, de pouvoir le faire. Pourquoi ce changement et qu'en est-il des autres points abordés par cette nouvelle réglementation ?
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