DIVERGENCES. La FFB, la Capeb, l'Unsfa et l'Untec ont décidé de quitter Mediaconstruct, qui représente en France BuildingSmart, l'association mondiale du BIM. En cause, un désaccord sur la gouvernance et sur le projet lui-même, avec une question de représentativité des industriels et entreprises par rapport aux organisations professionnelles. Pierre Mit, président de Mediaconstruct et Patrick Liébus, président de la Capeb, nous livrent leur sentiment.
Coup de tonnerre dans le monde du BIM : quatre organisations professionnelles d'envergure, la Fédération française du bâtiment (FFB), la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), l'Union nationale des syndicats français d'architectes (Unsfa) et l'Union nationale des économistes de la construction (Untec) ont décidé de quitter l'association Mediaconstruct, qui représente BuildingSmart en France. Des désaccords étaient apparus depuis la fin de 2016, au moment où l'Untec avait décidé de démissionner de son mandat d'administrateur. Pierre Mit, actuel président de Mediaconstruct - et ancien président de l'Untec - nous explique : "Il n'y a aucun conflit entre l'Untec et ma personne. A ma connaissance, l'Untec participe toujours aux groupes de travail".
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Mais certains organismes réclamaient une évolution de la gouvernance, pour des questions de représentativité : "Nous sommes des poids lourds assis sur des strapontins !", assène Patrick Liébus, président de la Capeb. Pierre Mit répond : "Il y a eu une certaine velléité des organisations professionnelles de prendre la gouvernance de Mediaconstruct. Nous étions d'accord pour nous mettre autour d'une table, mais cette association compte beaucoup d'autres acteurs : il y a plus de 250 adhérents ! L'association a plus de 30 ans et tout s'est toujours déroulé sans rapport de force. Le BIM c'est un processus collaboratif, il ne faut pas imposer et faire pression sur les autres". Le président de Mediaconstruct assure : "Nous pouvons évoluer, et mon mandat est un mandat de transition. Mais il n'y a pas eu de dialogue. Un seul vote a été organisé à la fin de 2016, moment où les associations voulaient prendre la majorité. Mais ce vote a été négatif. Toutefois, le conseil d'administration a souhaité mettre en place une commission de réflexion sur ces questions de représentativité. Et il n'y a au aucune proposition précise de la part des organisations qui voulaient prendre le pouvoir mais ne disaient pas ce qu'elles comptaient en faire…"
Une autre initiative autour du BIM montée par les séparatistes ?
L'impression est différente pour Patrick Liébus, président de la Capeb. Il nous explique : "Nous quittons Mediaconstruct car c'est devenu un outil trop personnel, qui défend des intérêts particuliers, et plus assez l'intérêt collectif. La place des organismes est trop ténue. Cette situation ne pouvait pas durer ; nous avons décidé de nous retirer". Selon lui, les appels d'offres lancés par l'association étaient mis en place pour répondre aux intérêts des grands de la construction. Le mouvement de retrait n'est pas impulsif : Patrick Liébus nous précise avoir consulté les trois autres organisations, dont la FFB qui ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet, et avoir prévenu Bertrand Delcambre, le président du Plan de Transition Numérique dans le Bâtiment, "par amitié pour lui". Et avec Mediaconstruct ? "Nous les avons prévenus. 'Attention, ça tangue' ! Mais cela n'a pas été entendu. La décision a été prise avec Jacques Chanut (président de la FFB, Ndlr) et elle sera effective rapidement, puisque les courriers sont partis".
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Pierre Mit assure, pour l'heure, ne pas avoir reçu ces courriers. Mais il explique que Mediaconstruct continuera son travail : "Ces trois ou quatre organisations représentent 20 % de nos cotisations. Mais les acteurs de petite taille, proches du terrain, restent dans le vouloir faire et avancer. Nous ne sommes pas dans une logique politique, mais dans une logique de dialogue et d'échanges. C'est à la fin de la foire qu'on compte ses bœufs, comme on dit. Nous verrons bien ce qu'il restera après ça. Mais cette situation navre tout le monde". Il renchérit : "Nous ne nous formalisons pas. Nous avons des gens qui bossent au sein de l'association, qui n'ont pas attendu les organisations professionnelles. D'ailleurs, la Capeb n'est entrée que récemment, en 2015, à mon initiative, au sein de Mediaconstruct".
Les quatre organisations "séparatistes" seraient, d'ores et déjà, en cours de discussion pour constituer une entité alternative. Patrick Liébus nous confie : "Nous repartons sur autre chose, où nous aurons toute notre place. Il faut recréer, repenser avec les trois autres organismes". L'avenir dira ce que deviendrons les deux initiatives françaises autour du BIM, qui se placeront toutes les deux sous l'égide du PTNB… dont la mission pourrait s'arrêter le 31 décembre 2017.
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