Les nouveaux logements sociaux s'exposent pendant un an à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris. Cette exposition présente, entre autres, 16 projets d'architectes qui explorent les nouvelles typologies en phase avec les modes de vie et l'évolution de la société aux prises avec les questions essentielles de la ville aménagée en logements sociaux. Découverte.
Face à la forte demande de logements sociaux, quelle est l'offre architecturale à offrir ? Quelle réponse qualitative donner à cet impératif quantitatif ? C'est à ces questions que tentent de répondre la sélection de 16 réalisations récentes en France, qui s'est installée à la Cité de l'architecture et du patrimoine au Palais de Chaillot.
Ainsi les projets et réalisations exposés (maisons individuelles, en bande, habitat groupé, immeubles de ville…) qui ont tous moins de 5 ans, présentent des éléments de réponse. Tous s'attachent à donner plus de dignité au logement social qui est occupé par 11 millions de français. Pour en accroître les qualités, à budget contraint égal, les architectes soignent les relations entre l'espace public et privé, donnent une identité au bâtiment, favorisent l'appropriation, préservent l'intimité et l'individualité, luttent contre l'individualisme en créant des conditions de partage.
Ils tentent d'offrir plus d'espace, en particulier par des prolongements extérieurs (les circulations communes, les balcons et les coursives, les serres…) qui ont tout intérêt à être positionnés en périphérie du bâtiment car ils n'entrent pas dans le décompte des mètres carrés habitables.
Terrasses en ville de Fantastic Stéphane Maupin
Le projet de l'agence d'architecture Fantastic Stéphan Maupin fait partie des 89 immeubles de 20 logements chacun (140 en locatif, 40 en accession) à construire rue Rebière dans le 17ème arrondissement de Paris, sur une bande de terrain d'environ 600 m de longueur et de 12 m de largeur gagnée entre le trottoir et le cimetière des Batignolles.
La conception d'un front de rue en une seule opération, a conduit l'OPAC, maître d'ouvrage, à organiser un «workshop» des 9 équipes d'architectes retenues. Objectifs : concevoir autrement, penser le tout avant le détail, mêler les possibilités, mutualiser les moyens… Le projet de Stéphane Maupin et Nicolas Hugon est le résultat d'une macération bouillonnante, plusieurs fois remise sur le feu. Ce programme mêle HQE, RT 2005… aux réalités du site avec un retrait obligatoire de 6 m sur le cimetière et avec des ouvertures en imposte à 1,80 m du sol, et la présence en vis-à-vis d'une barre continue.
Enveloppé d'Edouard François
Autre projet, celui d'Edouard François qui présente, comme à son habitude, un projet avec un nom anglais. «Skin Wall» littéralement «peau de mur» exprime l'une des composantes majeures de ce projet. C'est une membrane posée comme un drap sur cet immeuble qu'elle isole par l'extérieur. Le choix est rationnel. «Tout le monde connait les vertus de l'isolation et ses complications», précise Jean-François Pousse, commissaire de l'exposition. Dedans, elle grignote les volumes, dehors elle exige des ossatures secondaires pour la porter et la cacher avec un revêtement toujours pesant. Chacun se couvre pour sortir. Cet immeuble fait de même.
Il se protège avec un isolant classique, puis s'habille avec cette bâche imperméable, légère, recyclable. Bien qu'évidente, la solution, hors normes, a demandé des études spécifiques, un combat de presque un an pour passer le tamis des exigences de la réglementation. Le résultat est à la hauteur des attentes. Et le maître d'ouvrage de dérouler les économies d'énergie, les charges minorées pour les usagers grâce à cette peau couplée à un arsenal de dispositions : limitation des ponts thermiques, compacité des surfaces chauffées, fenêtres sur-isolées… Mais économiser ne suffit plus, il faut produire de l'énergie. « Skin Wall » égraine les performances de ses capteurs solaires…
Conçue selon un plan en «U» très écrasé, l'opération se développe en 3 bâtiments, manière de laisser passer la lumière entre eux jusqu'en cœur d'îlot. Les espaces collectifs conçus déclinent des coursives en bois en façade, se poursuivent en passerelles privatives. Une générosité présente dans les appartements tous traversants, orientés sud-nord et est-ouest en sympathie avec l'ensemble du territoire de la ZAC.
Logemenst sociaux
Les nouveaux logements sociaux s'exposent jusqu'au 1er juillet à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris.
Du jaune et du bois
Un programme réalisé à Bordeaux par Hondelatte Laporte Architectes.
A Rouen
Une réalisation de Frédéric Borel Architecte.
Rennes en Ile-et-Vilaine
78 logements et 75 parkings réalisés par Philippe Gazeau Architecte.
Tétrac et Berteux
Un programme qui s'achèvera en 2010 et qui comprendra 36 logements sociaux (18 logements locatifs, 18 logements en accession, jardins familiaux).
Paris XVIIème
Programme nommé "Terrasse en ville" de fantastic Stéphane Maupin
Pignon sur rue
Un programme au 1, rue de Turenne dans le 4ème arrondissement de Paris.
Architectes
A gauche, Sophie Dugravier et Emmanuelle Poggi, architectes du programme Habiter autrement.
Montant de 14.000.000 euros HT
Un programme de 100 logements sociaux réalisé par Dominique Jakob et Brendan MacFarlane.