ZOOM SUR LA VILLE. La piétonnisation de la célèbre Place du Capitole, lundi 15 juillet, se veut le signal fort du programme de réaménagement du centre ville de Toulouse. Mené, depuis 2010, par l'architecte espagnol Joan Busquets et l'urbaniste Michel Desvigne, le projet vise à limiter la présence de voitures, mais sans en empêcher la circulation. Un défi en passe de se concrétiser, analyse Daniel Benyahia, vice-président en charge de l'urbanisme et des projets urbains à Toulouse-Métropole.
Seules les conversations animaient la Place du Capitole de la ville Rose, lundi 15 juillet 2013. Une première pour ce site, véritable cœur de la cité, qui vient d'être rendu totalement piéton. "Il n'y a désormais plus aucune voiture sur la Place, c'est un signe fort de notre politique qui est de réduire la place du véhicule et d'augmenter la qualité des transports en commun", nous explique Daniel Benyahia, vice-président en charge de l'urbanisme et des projets urbains à Toulouse-Métropole.
La charge est de taille, si l'on en croit le responsable, dont la mairie vient d'engager un plan sur au moins 20 ans pour rénover et réaménager le centre ville de Toulouse et faire en sorte que ses habitants se le réapproprient. Pour cela, la municipalité a fait appel au cabinet de Joan Busquets, architecte espagnol, associé à l'urbaniste Michel Desvigne. Leur mission : créer de la place pour les cheminements piétons, renforcer les réseaux cyclables et améliorer l'offre de transports collectifs. "Ce qui nous a plu dans le projet de Busquets, c'est le respect pour l'histoire et le patrimoine de la ville dont il a fait preuve. Il nous a fait littéralement redécouvrir notre ville. En clair, il a su expliquer Toulouse aux Toulousains !", nous confie Daniel Benyahia.
L'éclairage, une donnée phare du projet
Et ce n'est pas une mince affaire… Depuis 2010, les travaux ont envahi les rues du centre de Toulouse, afin de "fluidifier la circulation centre-ville et faciliter les déplacements, améliorer la qualité des voies et l'accessibilité des espaces publics, revégétaliser et même créer de nouveaux espaces verts en centre ville et permettre un meilleur éclairage urbain performant et moins énergivore", énumère le communiqué de la ville. Première étape de cette rénovation, la piétonisation totale de l'axe principal de Toulouse, la rue Alsace-Lorraine, et celle du square de Gaulle attenant, situé derrière la mairie. "Cette modification a métamorphosé le centre ville, admet Daniel Benyahia. Cependant, les récents chiffres communiqués par Toulouse-Métropole font était de baisses assez marquées de la fréquentation piétonne en centre ville au cours du mois de juillet.
Puis a eu lieu un gros travail sur les deux axes qui mènent au fleuve. "On est en train de retrouver la Garonne", se réjouit le responsable de Toulouse-Métropole, qui nous explique que le projet de réaménagement du centre ville va de pair avec le projet "Grand Parc Garonne" qui part à la reconquête des 32 km de berges. Dernière étape à ce jour, la piétonnisation de la Place du Capitole. Viendront ensuite la liaison tram, en chantier actuellement, notamment entre l'aéroport et la gare Matabiau. Cette dernière subira également de lourds travaux, en vue de l'arrivée de la LGV, qui mettra alors Paris à 3h15 de la ville Rose. Le projet a d'ores et déjà été confié à Joan Busquets, associé à Dutilleul.
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Nouvelle physionomie des rues
Si l'espace du centre ville de Toulouse est rendu peu à peu aux piétons, la voiture n'en est toutefois pas exclue. Travaillant de concert avec Joan Busquets (en photo), la Ville a ainsi souhaité un aménagement "à la carte". "Joan Busquets ne nous a pas dit : 'il faut enlever la voiture', il ne nous a pas présenté un plan de circulation mais un projet patrimonial", souligne Daniel Benyahia. Qui dit avoir beaucoup apprécié sa façon de "ne pas bousculer les choses, mais de changer la façon d'utiliser la ville". La démarche semble plaire, tant aux élus qu'aux habitants. "On nous réclame même des travaux, s'amuse le vice-président en charge de l'urbanisme. Les commerçants et les passants, qui ont beaucoup râlé à une période, sont aujourd'hui ravis de la nouvelle physionomie des rues : ils retrouvent enfin leur ville !".
Octogone de Busquets
Le périmètre d'étude confié à Joan Busquets forme un octogone, fermé par les principaux boulevards qui entourent quelque 635 hectares.
Place du Capitole
Depuis le 15 juillet 2013, la Place du Capitole est désormais interdite aux véhicules. Au grand bonheur des Toulousains qui aiment flâner en terrasses...
Rue Jean Suau - aujourd'hui
"Ce qui nous a plu dans le projet de Busquets, c'est le respect pour l'histoire et le patrimoine de la ville dont il a fait preuve. Il nous a fait littéralement redécouvrir notre ville. En clair, il a su expliquer Toulouse aux Toulousains !", nous confie Daniel Benyahia.
Rue Jean Suau - demain
Les rues et ruelles du centre ville vont être repensées dans une idée de confort et d'apaisement. Certaines voies vont passer en priorité piétonne telles que les rues Pargaminières, Romiguières et Jean Suau.
Place de la Daurade - aujourd'hui
"Joan Busquets ne nous a pas dit : 'il faut enlever la voiture', il ne nous a pas présenté un plan de circulation mais un projet patrimonial", souligne Daniel Benyahia.
Place de la Daurade - demain
Des arbres seront plantés et des placettes créées en intersection.
Mieux encore, l'ensemble des potelets disposés le long des façades seront progressivement supprimés afin de libérer de la place pour les piétons.
Mieux encore, l'ensemble des potelets disposés le long des façades seront progressivement supprimés afin de libérer de la place pour les piétons.
Place Saint-Pierre Haut - aujourd'hui
Le projet de réaménagement du centre ville va de pair avec le projet "Grand Parc Garonne" qui part à la reconquête des 32 km de berges.
Place Saint-Pierre Haut - demain
Le projet urbain Toulouse Centre propose d'ouvrir à nouveau la ville sur son fleuve : visuellement par la création d'une esplanade en escalier depuis la place Saint-Pierre ; concrètement par la disposition de passerelles et d'accès, jusqu'à la mise à disposition d'une liaison fluviale reliant les deux rives en période estivale.
Rue Romiguières - aujourd'hui
Rue Romiguières - demain
Les Toulousains ont bien vécu le réaménagement et ses travaux, pour preuve, la fréquentation du centre ville a même significativement augmenté", se réjouit Daniel Benyahia.
Place Saint-Pierre - aujourd'hui
Place Saint-Pierre - demain
Le projet cherchera ainsi à matérialiser clairement les entrées de ville par la lumière, le végétal, le mobilier urbain, tout en donnant plus de place et de confort aux piétons et riverains.
Rue Pargaminières - aujourd'hui
Rue Pargaminières - demain
Si l'espace du centre ville de Toulouse est rendu peu à peu aux piétons, la voiture n'en est toutefois pas exclue.
Square Charles de Gaulle
Le square Charles de Gaulle croise la seule percée haussmannienne de Toulouse, la rue très commerçante Alsace-Lorraine. Le réaménagement de ce square a été livré ce printemps, après trois ans de chantier.
Ici, a été privilégié les vues dégagées. Point de mobilier urbain. Le sol en granit venu de Chine forme comme un tapis de pierre, dont les dénivelés marquent la délimitation entre rue et trottoirs.
Ici, a été privilégié les vues dégagées. Point de mobilier urbain. Le sol en granit venu de Chine forme comme un tapis de pierre, dont les dénivelés marquent la délimitation entre rue et trottoirs.
"On n'a pas pu faire ce qu'on voulait en termes de choix de matériaux, du fait que l'on est soumis réglementairement par le code des marchés publics, nous explique Daniel Benyahia. Du coup, les pavés de cette rue importés de Chine ont engendré une polémique. Mais vu les contraintes de livraison et de coût,c'était incontournable. Sinon, dans la mesure du possible, on essaie de privilégier les matériaux locaux ou d'Espagne et d'Italie".
- 75.000 habitants
- 45.984 ménages dont 62,4 % sont composés d'une seule personne
- Plus de 30.000 étudiants qui y résident
- 4.200 commerçants et artisans
- 50.000 salariés
- Une population jeune : près de 30% de la population a moins de 25 ans
- Une population aisée : 35% de cadres supérieurs (contre 24% dans le reste de la ville)
- 130.000 piétons par heure le samedi
- 18% des déplacements des habitants de l'agglomération
- 33% du CA de l'aire urbaine
- 1er centre-ville de France après Paris
Source : Toulouse-Métropole