EMPLOI. Alors qu'il n'est pas encore irrigué par le réseau du supermétro, le Grand Paris peine à loger ses bâtisseurs, alors que les chantiers d'infrastructures comme de programmes immobiliers voient leurs besoins en effectifs augmenter. Une équation complexe, de plus en plus prise au sérieux par les sociétés de BTP.
A l'échelle du Grand Paris, le marché de l'emploi ne devrait pas s'essouffler pour le secteur du BTP. Compagnons, salariés en mobilité, intérimaires se pressent pour bâtir le futur réseau du Grand Paris express, les quartiers de gares qui l'entourent, et des programmes d'immobilier résidentiel ou tertiaire.
Mais la région francilienne est loin d'être la seule pourvoyeuse d'effectifs. Faire venir des salariés implique aussi de les loger, souvent au plus près des chantiers sur lesquels ils interviennent. Dans les services de ressources humaines des sociétés de BTP, la question est prise au sérieux, comme NGE (Nouvelles générations d'entrepreneurs) qui recrute environ 2.000 personnes chaque année.
Sur les travaux du Grand Paris express, où l'entreprise intervient sur le génie civil comme les tunneliers, "nous embauchons à la fois localement, comme nous pouvons recruter des profils plus expérimentés notamment pour les travaux souterrains. Pour ces effectifs en grand déplacement, l'accompagnement à l'accès à un logement est particulièrement intéressant", développe Lucas Alibert, chargé des ressources humaines chez NGE.
Depuis quelques mois, l'entreprise de BTP a renforcé son partenariat avec "Ma Nouvelle ville", filiale d'Action Logement spécialisée dans la mobilité géographique et professionnelle, initiée à l'époque de la construction de la ligne grande vitesse qui relie Paris à Bordeaux. La société, qui intervient auprès de PME comme de grands groupes, s'est confronté à la question du logement des salariés en mobilité lors de chantiers monumentaux, à l'image de la construction du viaduc de Millau, du stade de Lille ou de la nouvelle route du littoral à La Réunion.
"Un impact direct sur le climat social"
"Sur de gros chantiers, il y a beaucoup d'enjeux pour les entreprises: déplacer ses propres équipes, recruter de la main d'oeuvre et à un degré différent, aider à favoriser la mobilité familiale", développe Luc Moréna, directeur général de Ma Nouvelle ville, pour qui "la question du logement a un impact direct sur le climat social, et une incidence positive sur la qualité de vie au travail" .
En Ile-de-France, il faut ajouter à cet impératif un exercice de pédagogie: "Il faut bien expliquer aux arrivants comment le marché immobilier fonctionne, c'est pour cela que la colocation peut-être une solution par exemple", poursuit Mélanie Douriaut, directrice régionale pour l'Ile-de-France. La colocation est un mode d'habitat privilégié par les salariés, seuls, souhaitant être au plus près de leur chantier, et se rendant chaque week-end dans la ville où se trouve leur famille.
En 2018, la question du logement des salariés du Grand Paris express et des projets alentours avait été abordée à l'échelle régionale, à l'occasion d'un séminaire organisé par la préfecture de région. Mobilisation du parc existant, accélération du bail mobilité et réversibilité de certains bâtiments ont été les trois axes majeurs alors développés. Dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain, certains bailleurs sociaux ont déjà pris l'initiative de loger des salariés dans des immeubles destinés à être démolis.