Construire une maison basse consommation en béton, c'est possible. Le chantier d'une habitation de ce type vient de débuter à Epône, en Ile-de-France. Visite.
A priori, le bois ou la brique pourraient sembler plus à même de répondre aux exigences d'un bâtiment basse consommation (BBC). Mais pour Eric Stievenard, directeur de la communication chez le fabricant de béton Tarmac, il s'agit avant tout d'un problème d'image : «Ce matériau est bien souvent confondu avec le ciment, un gros émetteur de C02. Certes, il en contient, mais seulement à hauteur de 6%. Il se compose majoritairement de granulats (à 94%), des cailloux souvent prélevés à proximité des usines qui demandent donc peu d'extraction et de transport». Un premier argument qui engage à se pencher davantage sur les caractéristiques de ce matériau.
Une question d'isolation
«Comparée à une maison bois, une habitation en béton n'entraîne pas davantage de déperdition d'énergie», assure Eric Stievenard. Selon lui, il s'agit d'abord d'une question d'isolation : «Dans ce logement BBC, 12 cm d'isolants vont être installés pour les murs au lieu des 8 à 10 cm habituellement mis en place dans une construction classique. Un chiffre qui est même un peu inférieur à une maison bois qui compte plutôt une moyenne de 15 cm d'isolants à l'intérieur de ses panneaux». Des panneaux de laine de verre vont être installés dans les cloisons avec un système de doublage sur l'ossature métallique, 20 cm de laine de verre seront ajoutés pour le toit (contre une dizaine de centimètres habituellement) et un système «duo» à base de polystyrène et de 4 à 5 cm de polyuréthane, prendra place dans le plancher du rez-de-chaussée. Enfin, pour éviter les déperditions au travers du plancher supérieur, le premier étage bénéficiera de rupteurs de pont thermique.
Une meilleure perméabilité
Le deuxième point à soigner dans une maison BBC est celui de la perméabilité de l'air. Mais, selon Eric Stievenard, le béton a là encore une longueur d'avance, comparé au bois : «Les blocs bétons sont imperméables à l'air, contrairement au bois qui impose l'utilisation d'une membrane plastique, à base de tissus étanches qui sont disposés à l'intérieur des murs. Les seules déperditions enregistrées se font au niveau des jonctions. Dans une maison en béton, l'étanchéité doit donc être renforcée au niveau des fenêtres et de leur contour. Il faut également équiper les prises électriques de clapets anti-retour pour éviter qu'elles ne véhiculent le vent vers l'intérieur de la maison et penser à bien imperméabiliser le sous-sol, s'il y a lieu».
Et pour rendre le béton un peu plus «vert», les chantiers de ce type évoluent vers des blocs majorés : «Plutôt que d'utiliser du mortier, qui induit l'emploi de sable et de ciment pour souder les blocs, nous nous orientons vers des produits collés. L'avantage ? Les travaux avancent en moyenne 30% plus vite et demandent l'usage de deux fois moins de béton». Autant dire que, s'il n'existe pas encore de matériau idéal pour les maisons basse consommation, la prudence engage à ne pas proscrire trop vite le béton... au profit du bois.
Amortissement : 20 ans (moins si le cours de l'énergie explose).
Economies à l'usage : -400 à -600 € de chauffage/ an.