RÉACTION. Il n'y a pas que les fédérations patronales qui s'inquiètent de deux amendements - finalement rejetés - à la loi Elan qui visaient à interdire la pose de fenêtres et portes en PVC d'ici 2022. Par la voix de Pascal Noizet (CFDT plasturgie), ils s'inquiètent également pour leurs emplois.
"En tant que délégué syndical d'une entreprise fabricant des menuiseries PVC, je suis inquiet pour l'avenir de nos entreprises." C'est Pascal Noizet, délégué syndical dans une société bretonne, et négociateur de la branche plasturgie pour la CFDT, qui s'exprime ainsi auprès de Batiactu. La filière PVC a en effet été secouée d'apprendre l'existence de deux amendements - finalement rejetés en commission des affaires économiques - qui proposaient d'interdire, en 2022, la pose de portes et fenêtres en polychlorure de vinyle.
"Si l'on veut construire moins cher, il va être difficile de se passer du PVC"
Le salarié de la filière s'inscrit en faux par rapport aux arguments évoqués par Emmanuel Maquet, député LR ayant porté ces deux textes. Et met l'accent sur les avantages du matériau. "Par rapport à l'aluminium ou au bois, les menuiseries PVC ne nécessitent pas de mesures d'entretien", argumente-t-il. "Et si l'on veut construire moins cher, ce qui est l'un des objectifs du Gouvernement, il va être difficile de se passer de PVC."
L'amendement évoque par ailleurs un potentiel risque pour la santé lié aux menuiseries PVC : "Vous pensez bien que si le PVC représentait un risque sérieux pour les salariés de la filière, il y a bien longtemps que nous aurions alerté les pouvoirs publics !", remarque le syndicaliste. "La réalité, c'est que des gens travaillent le PVC depuis quarante ans et ne développent aucune maladie spécifique à leur métier. Ces produits ne représentent rien de dangereux, d'un point de vue chimique, pour les salariés, à la différence, par exemple, des poussières de bois dont l'inhalation est cancérigène."
Des milliers d'emplois concernés
Pascal Noizet insiste également sur le fait que des milliers d'emplois sont potentiellement concernés - et ceci au-delà de la filière du plastique, puisqu'un hypothétique coup de frein sur les fenêtres PVC toucherait également les gammistes et producteurs de profilés. Et le syndicaliste compte bien réagir pour sensibiliser les parlementaires. "Je suis en train d'entrer en contact avec mon député", nous explique-t-il. "Il faut réagir et faire remonter les bonnes informations à l'Assemblée." La CFDT plasturgie a par ailleurs été alertée. "Nous ne nous attendions pas du tout à voir l'arrivée de tels amendements, et à partir de maintenant nous surveillerons cela de très près."
Le Syndicat national de la plasturgie, Plastalliance, avait tiré la sonnette d'alarme dans un communiqué, dès le 25 mai 2018. "Ces amendements ont été rejetés le 16 mai 2018, mais il y a un risque qu'ils puissent être représentés à l'avenir devant l'Assemblée et la filière PVC ne peut se le permettre", peut-on y lire. L'organisation en appelle même à une "union sacrée" entre les deux organisations représentatives du secteur, Plastalliance et la Fédération de la plasturgie et des composites. "Il est urgent de mettre nos dissensions de côté sur ce point et de faire front commun. Nous proposons donc officiellement au président de la Fédération de la plasturgie et des composites monsieur Benoît Hennaut d'adresser une lettre commune signée par nos deux organisations aux autorités et élus ad hoc afin de témoigner de l'unité de la filière PVC face à cette attaque injustifiée à la filière."