REDEMARRAGE. Les promoteurs immobiliers, par la voix de leur fédération, constatent un "frémissement" au niveau du secteur de la construction, après plusieurs semaines d'immobilisme. Mais pointent le trop grand nombre de facteurs qui freinent cette reprise.

Le secteur de la construction sort petit à petit de l'immobilisme qui était le sien durant les premières semaines de confinement, mais "les permis comme les ventes restent à l'arrêt". C'est le constat effectué par la Fédération des promoteurs immobiliers, qui vient de diffuser un communiqué de presse pour partager son analyse de la situation. "En amont des chantiers, le confinement paralyse la délivrance des permis de construire, en aval, il paralyse les livraisons et les transactions", résume l'organisation professionnelle. Preuve que les multiples appels de ministres, dont dernièrement sur Batiactu celui de Julien Denormandie, ne sont pas toujours suivis d'effets sur le terrain pour l'instant.


30% environ des opérations auraient repris

 

Pour autant, la situation semble évoluer favorablement en matière d'activité, notamment depuis dix jours, où les promoteurs constatent un "retour des entreprises du BTP, désireuses de reprendre les chantiers" : question de "survie" pour les acteurs. La FPI reconnaît le rôle catalyseur du guide OPPBTP, publié le 2 avril 2020, qui a permis de relancer çà et là la réflexion sur une éventuelle reprise au cas par cas, en respectant la santé des intervenants. "Les situations sont évidemment contrastées, en fonction de l'avancement des opérations, du nombre d'entreprises concernées, de la part de la coactivité, etc. Mais on peut estimer que 30% environ des opérations ont repris, et cette part devrait rapidement croître."

 

 

La FPI insiste également sur un problème qui émerge de toutes parts : qui paiera les surcoûts liés au retard pris par les opérations et l'adaptation des conditions sanitaires sur les chantiers ? Sujet sur lequel le ministre de la Ville et du Logement s'est exprimé lors d'une audition à l'Assemblée nationale. "Je ne veux pas légiférer sur la répartition des surcoûts", a-t-il précisé. "Nous en sommes à la troisième réunion pour définir les solutions quand la discussion n'arrive pas à les répartir, pour aider à l'atterrissage." Comment se positionnent les promoteurs à ce sujet ? Il estiment que les parties prenantes doivent négocier sans l'État, tout en envisageant que celui-ci puisse prendre en charge une portion de ces surcoûts - une demande de la Capeb également.


"Certains maires interdisent même la reprise ou le lancement des chantiers"

 

En matière de délivrance des autorisations d'urbanisme, la FPI, si elle comprend que la priorité actuelle des collectivités soit d'ordre sanitaire, regrette l'existence de freins tels que l'incapacité de beaucoup de services instructeurs à travailler à distance ou l'indisponibilité de certains services de l'État comme les architectes des bâtiments de France ou l'archéologie. "Une fois les permis obtenus, d'ailleurs, certains maires interdisent même la reprise ou le lancement des chantiers ou limitent sévèrement leurs horaires", regrette la FPI, qui en appelle aux préfets. L'impact potentiel du ralentissement pourrait se chiffre en dizaines de milliers de logements cette année.

"L'épidémie révèle deux faiblesses majeures de l'immobilier : la sur-administration et la sous-digitalisation"

 

"L'épidémie de Covid révèle deux faiblesses majeures de l'immobilier neuf en France : la sur-administration et la sous-digitalisation", analyse la présidente de la FPI, Alexandra François-Cuxac. "Leur traitement sera au cœur du 'plan Marshall' dont notre secteur a besoin pour contribuer au rebond économique de notre pays. Cette composante 'offre' est aussi importante que la relance de la demande." La FPI regrette ainsi que la signature électronique des actes chez les notaires soit "balbutiante".

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