Le projet «parc naturel régional» des Alpilles devrait voir le jour à la fin de l'année. Un nouveau statut qui permettrait à la Provence de préserver ce joyau rural de la pression foncière et d'un tourisme mal maîtrisé.

Bien encadré par le Luberon à l'est et la Camargue au sud, le massif des Alpilles et ses contreforts sont restés un territoire rural, fort de cinq appellations d'origine contrôlée (huile d'olive, olives, vin, foin et agneau). Et ce, malgré la proximité de centres urbains tels qu'Arles, Avignon ou Aix.

L'idée de se doter d'un outil commun ?un parc régional permettant de toucher des subsides de la région et du département' faisait déjà son chemin chez les élus locaux depuis des années, dans une région qui en compte déjà quatre (Luberon, Verdon, Queyras et Camargue).

Le déclic s'est produit après l'incendie de juillet 1999 où 2.300 hectares ont brûlé en 48 heures. «Nous n'étions pas assez équipés, ni en camions ni en citernes, il n'y avait pas assez de chemins d'accès pour les pompiers», raconte Gérard Jouve, maire des Baux-de-Provence et président de l'Agence publique des Alpilles, en marge d'une réunion de tous les partenaires du projet, cette semaine, dans le village de Saint Etienne du Grès.

Si la lutte contre les incendies est une préoccupation commune des villages, Gérard Jouve pointe un autre danger: la pression foncière. «Il y a eu une dégradation ces dix dernières années, il y a une telle pression foncière que la tentation de vendre au meilleur prix est grande! Cela se fait au détriment des terres agricoles et des habitants des Alpilles qui n'arrivent plus à se loger», explique-t-il. Et d'ajouter : «C'est très bien d'avoir une clientèle haut de gamme mais on doit faire cohabiter les résidences secondaires et l'habitat quotidien».

Le label «parc naturel» peut devenir une sorte de «caution éthique», selon le Conseil régional, poussant les maires à être plus regardants lors de la délivrance des permis de construire, sur lesquels le parc a un droit de regard, et à coordonner leurs plans d'urbanisme.

Et dans ce petit territoire ?51.000 hectares sur 16 communes comptant 65.655 habitants' où la saison touristique s'étale de Pâques à la Toussaint, la gestion de l'afflux de visiteurs devient un enjeu à la fois économique et environnemental.

A titre d'exemple, le village perché des Baux accueille 1,2 million de visiteurs par an, dont 300.000 montent jusqu'au château. Cent mille personnes vont découvrir le site gréco-romain du Glanum à Saint-Rémy-de-Provence, 80.000 font un détour par le moulin d'Alphonse Daudet à Fontvieille.

«Le parc et son logo national sont à la fois un label et une accroche pour le visiteur», affirme de son côté Hervé Cherubini, maire de Saint-Rémy. Sa commune accueillera la «maison du parc», pour mieux répartir les visiteurs entre les 119 monuments historiques et lieux de tourisme vert des Alpilles et mieux orienter les randonneurs arpentant le massif.

Entré dans sa dernière ligne droite après cinq ans de débats avec les habitants, les agriculteurs, les associations, le projet de parc naturel régional a été transmis au préfet qui doit le faire parvenir au ministère de l'Environnement. «Vous avez battu des records de vitesse pour passer les étapes administratives, peut-être un organisme vieillissant (l'Etat, ndlr) sera-t-il capable d'exploit», a plaisanté le sous-préfet d'Arles Jean-Louis Fabre. Il espère le décret de classement avant la fin 2006.

actionclactionfp