"Il s'agira d'adapter les réseaux existants, de les mailler et de créer une centrale géothermique de 10 MW. Pour la ZAC Ivry Confluence, le passage de ce réseau de chaleur se fera en même temps que celui des autres réseaux (égouts, télécoms, etc.). C'est le rôle de l'aménageur que de l'imposer", déclare Nicolas Monneyron. Une fois terminé, le quartier sera approvisionné à hauteur de 48,5 % par de la géothermie, à 22,5 % par la chaleur de l'incinérateur, à 22,5 % par des sources fossiles et à 6,5 % par du bois énergie, soit un approvisionnement à plus de 50 % par des renouvelables. Un ratio qui octroie un avantage sur la TVA et permet de baisser les prix de la construction. "Il y a une bonification pour le promoteur en présence d'un réseau classé. Pour 100 logements, ce gain est estimé à environ un demi-million d'euros, soit largement de quoi équiper une sous-station !", précise le spécialiste de Cofely. La solution type consiste donc, pour l'aménageur, à imposer des émetteurs de chaleur basse température dans les lots en construction. Il est important que la ZAC soit viabilisée en incluant les investissements relatifs au réseau de chaleur dans le programme d'aménagement. L'adaptation de réseaux existants présente un intérêt certain, tout comme la mise en place d'un agrément de titre V permettant d'économiser sur la construction.

 

De gros progrès réalisés depuis les années 1980
Au point de vue des techniques, de grandes avancées ont été réalisées depuis les premiers pas dans les années 1970-1980. La gestion du risque est aujourd'hui beaucoup mieux prise en compte, tout comme l'anticipation des besoins futurs. "Les diamètres des tubes sont supérieurs de nos jours, et le débit peut atteindre jusqu'à 400 m3/heure", estime Eric Lasne, directeur général de CFG Services. Les inclinaisons des forages sont plus fortes, grâce à de doubles points d'inflexion des trajectoires souterraines, et les doublets sont maintenant plus écartés afin d'éviter la perturbation du puits de production par la bulle froide qui se forme autour de celui de réinjection. Les matériaux employés ont également bénéficié de progrès : afin de prévenir la corrosion des tubes, des "casings" en surépaisseur sont utilisés au contact du fluide géothermal salé, tandis que le recours à des ciments allégés permet de supprimer les "diverting valves" qui constituaient autrefois des points de faiblesse. De nouveaux outils de diagnostic permettent également de contrôler l'état des puits, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, afin de contrôler l'état résiduel de l'acier de l'ouvrage dans le temps. Autant d'avancées qui permettent "d'optimiser les coûts et les délais, tout en minimisant les risques", conclut Eric Lasne.

 

En surface, d'autres innovations font également leur apparition. Luc Sitter, de CFERM Ingénierie, en identifie trois : "Les PAC haute température, qui permettent de produire de l'eau à 90 °C compatible avec des émetteurs de chaleur classiques, en sous-refroidissant la réinjection, ce qui autorise la valorisation d'aquifères intermédiaires moins chauds que la couche du Dogger. Les thermo-frigo-pompes qui produisent chaleur et eau glacée également à partir de ces aquifères intermédiaires pour des usages mixtes (tertiaire ou locaux d'activités). Enfin, les réseaux plastiques, adaptés aux températures moyennes des réseaux de basse énergie qui réduisent le montant de l'investissement initial". Autant de progrès qui devraient permettre la multiplication des projets de réseaux de chaleur en dehors de l'Île-de-France, pour l'heure terre promise de la géothermie française.

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