Les positions des candidats d'extrême gauche divergent légèrement sur les questions d'énergie et, en particulier, du nucléaire. Philippe Poutou se dit opposé "à la fois au rafistolage des centrales nucléaires vieillissantes", c'est-à-dire au Grand carénage des réacteurs entamé par EDF, mais également "à la fuite en avant de l'EPR". Il assure être conscient de l'urgence climatique qui impose l'abandon des combustibles fossiles comme le pétrole, le charbon ou le gaz, et propose de suivre une trajectoire amenant la France à 100 % d'énergies renouvelables en 2050, avec l'arrêt programmé du nucléaire. Le candidat recommande "l'arrêt de la construction de l'EPR à Flamanville et la fermeture immédiate de tous les réacteurs de plus de 30 ans", tout en exigeant également "l'abandon des projets d'enfouissement des déchets radioactifs de haute activité". Pour les emplois des filières nucléaires, pétrole et gaz en France, le programme estime qu'une reconversion des travailleurs sera indispensables vers les renouvelables décentralisées, "moins dangereuses, moins polluantes et accessibles à tous". Des mesures de sobriété énergétique seront encouragées tandis que la lutte contre la précarité sera intensifiée : "les premiers kWh indispensables doivent être rendus gratuits", promet-il. De même, l'eau, une ressource qui va se raréfier, "devrait être un bien commun à l'Humanité" et les premiers litres indispensables seraient également rendus gratuits. Philippe Poutou déplore que l'eau soit "livrée en pâture aux grandes entreprises françaises comme Veolia, Ondeo (Suez) ou la SAUR".

 

 

Une "cupidité" également dénoncée par Nathalie Arthaud qui dénonce le "green washing" des grands groupes industriels. "Certains fabricants en ont fait un argument de vente face à leurs concurrents. Pour d'autres, l'écologie a été l'occasion de trouver de nouveaux marchés, dans la construction de panneaux solaires ou d'éoliennes", déclare-t-elle, soulignant au passage que les Etats qui s'étaient engagés à réduire leurs émissions de carbone refusaient, dans le même temps, "d'imposer des mesures contraignantes aux industriels". "Ils se sont contentés de mettre en place un marché des droits à polluer que peuvent s'échanger les capitalistes", ironise la responsable de Lutte Ouvrière. Ne semblant pas prête à soutenir les entreprises produisant des énergies renouvelables, elle égratigne également la fiscalité "verte" : "Les politiques écologiques des gouvernements se réduisent en définitive à créer des taxes qui pèsent sur le budget des plus pauvres et à distribuer des subventions et des aides aux entreprises au nom de la transition énergétique, comme ils le font au nom de la compétitivité et de l'emploi". Concernant l'énergie nucléaire, Nathalie Arthaud déclare : "Le principal danger (…) ne réside pas dans la technique elle-même mais, comme Fukushima l'a montré, dans l'irresponsabilité des entreprises qui la mettent en œuvre. Comme tous les autres capitalistes, les industriels du nucléaire mènent des politiques de réduction des coûts et ils sont prêts à économiser sur la sécurité pour augmenter leurs profits". La réponse sera donc un contrôle total et absolu de l'Etat sur toutes ces questions, dans le cadre d'une politique concertée et planifiée à l'échelle… de la planète. Se distinguant des discours habituels, la candidate annonce : "Je tiens à me démarquer très nettement de toute attitude visant à culpabiliser l'ensemble des populations pour les problèmes environnementaux. La notion de fiscalité écologique est très à la mode et vise précisément à dédouanner les industriels de leurs responsabilité dans la pollution. Je considère que c'est aux capitalistes de payer pour leurs méfaits écologiques, y compris pénalement, et pas à la population pauvre d'avoir à payer plus cher son chauffage ou les transports". La chef de file de LO ne prône pas non plus la "décroissance" - une "attitude franchement réactionnaire" - mais plutôt "une répartition plus équitable des richesses".

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