HABITAT. Semaine en demi-teinte pour le secteur du logement social. Alors que se tenait ce vendredi la présentation publique du rapport de la Fondation Abbé Pierre sur l'état du mal-logement en France, le ministre du Logement Julien Denormandie annonçait une nette baisse de production de logements sociaux en 2018. Une baisse nationale qui trouve une exception à Paris, qui célébrait jeudi son 100.000e logement social.
"Il y a des menaces sérieuses sur le logement social, et le ministre ne nous a pas vraiment rassurés sur ce sujet", déclarait en milieu d'après-midi le délégué général de la Fondation Abbé Pierre Christophe Robert lors de la traditionnelle présentation du rapport annuel sur le mal-logement. La mauvaise nouvelle est tombée ce matin depuis le plateau de France info où le ministre Denormandie était invité, pour notamment annoncer une baisse de production de logements sociaux au cours de l'année 2018.
"On vient de recevoir les chiffres. Cette année, en matière de logements sociaux, nous produirons à peu près 109.000 logements sociaux. L'année dernière, c'était 113.000", chiffrait-il, tout en soulignant que "la chose positive est que l'on produit plus de logements très sociaux".
Alors que l'année 2018 a vu un repli des délivrances de permis de construire et des mises en chantier, la loi Elan ne semble pas partir sur les meilleures bases pour assurer le "choc d'offre" vanté par le gouvernement depuis un an et demi. La baisse de la construction de logements sociaux en 2018 intervient en parallèle de prélèvements nouveaux imposés aux bailleurs sociaux, allant jusqu'à 1,5 milliard d'euros en 2020. Les acteurs du logement social, sous la houlette de l'Union sociale de l'habitat (USH), ont d'ailleurs réclamé ce mercredi à être reçus à Matignon, dans l'attente qu'Édouard Philippe "clarifie les intentions du gouvernement" sur la clause de revoyure.
100.000 logements sociaux en 18 ans
Alors que les bailleurs sociaux tirent la sonnette d'alarme quant aux risques d'une réduction de la production et de la rénovation du fait des ponctions sur leur trésorerie, les chiffres annoncés ce matin par Julien Denormandie semblent déjà confirmer les inquiétudes du secteur. Une tendance nationale à laquelle échappe visiblement Paris pour l'instant, qui a inauguré jeudi 31 janvier l'immeuble hébergeant son 100.000e logement social.
100 000 nouveaux logements sociaux ont été financés à Paris depuis 2001.
- Ian Brossat (@IanBrossat) 31 janvier 2019
Nous sommes aujourd'hui avenue du Maréchal-Fayolle, dans le 16e, avec @Anne_Hidalgo, où nous avons construit 100 HLM avec @Paris_Habitat. pic.twitter.com/1HN2x6kab4
La signature de cette opération de 100 logements familiaux à deux pas du bois de Boulogne, peut paraître d'un premier abord comme un pied de nez au 16e arrondissement, habituellement frileux à l'égard des logements sociaux et des centres d'hébergement d'urgence. Mais l'édifice permet en réalité à la Ville de Paris de clôturer un objectif lancé il y a dix huit ans par Bertrand Delanoë au lendemain de l'entrée en vigueur de la loi SRU.
Avec la création de 5.000 logements sociaux adoptée en décembre 2018 par le Conseil de Paris, la capitale se dote désormais d'un parc de "104.484 logements abordables". Outre le pari gagné, la municipalité estime que "jamais dans son histoire Paris n'aura consacré autant pour le logement". Chiffres à l'appui: Paris aurait consacré 3 milliards d'euros d'investissement dans sa politique du logement, représentant "le premier budget de la mandature 2014-2020" et qui lui a permis d'atteindre au 1er janvier 2019, 23% du quotas SRU.
Venu défendre l'exemple parisien au cours de la journée organisée par la Fondation Abbé Pierre, Jacques Baudrier, conseiller parisien (PCF) délégué à l'architecture, aux constructions publiques et à la rénovation urbaine a témoigné de "l'effort phénoménal, politique, économique et financier" entrepris par la capitale, qui estime pouvoir atteindre les 25% de quotas SRU à l'horizon 2025. Élever le logement comme priorité municipale correspond, selon Jacques Baudrier, "au choix d'un Paris qui accueille toutes les familles, et surtout celles issues de la classe moyenne".