Alors que les architectes - et particulièrement les jeunes - subissent une crise de la commande, lundi 13 janvier, le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a décerné l'Equerre d'argent et le prix de la première oeuvre.
L'architecture ne manque pas de défenseurs. C'est du moins ce que l'on serait tenté de croire à l'issue de la remise de l'Equerre d'argent et du prix de la première oeuvre qui s'est tenue lundi soir sur le chantier de la future Cinémathèque de Paris, l'ancien American Center construit par Frank Gehry.
Contre toute attente, Jacques Guy, président du groupe Moniteur et président du jury, s'est donc fait le porte-parole d'une profession en proie au doute face aux volontés du gouvernement d'exclure progressivement les architectes des appels d'offres publics par de biais de mesures dérogatoires au code des marchés publics et à la loi MOP. Même le ministre de tutelle des architectes n'a pas osé s'aventurer sur ce terrain. Dans son discours, Jean-Jacques Aillagon - qui s'est pourtant montré à l'écoute des architectes - s'est limité à présenter sa campagne d'intérêt général en faveur de la qualité architecturale qui vient d'être lancée.
Reste que cette campagne tombe à point nommé. Le phénomène n'est certes pas nouveau, mais les architectes, en particulier les jeunes, ont de plus en plus de difficultés à accéder à la commande. Au printemps dernier, le magazine d'A, citant les études de Nicolas Rogue, responsable de l'Observatoire de l'économie de l'architecture au sein de la DAPA, affirmait que seuls 70% des 35.000 architectes seraient en mesure de travailler dans leur domaine de compétences initial.
En guise d'illustration de cette crise, le prix de la Première oeuvre a été décerné à un duo d'architectes, Dorothée Gueneaux et Raffaele Melis, âgées respectivement de 41 et 44 ans et qui n'exercent à titre libéral que depuis 1999.
Ces "jeunes" architectes ont travaillé sur l'aménagement de la presqu'île du Pré-Leroy et la réhabilitation de trois pavillons à Niort. "Avec une économie de moyen, les architectes ont réussi à extraire des trois bâtiments construit dans les années 60 une architecture à la fois forte et poétique, et ils ont su rétablir le lien de la ville de Niort avec une promenade abandonnée, permettant à la ville de renouer avec la Sèvre" a commenté le président du jury Jacques Guy.
Une mention à une autre première oeuvre a également été décerné aux architectes de BNR studio (Thibaud Babled, Armand Nouvet et Marc Reynaud) pour 36 logements sociaux de l'opération "Demi lune" avec l'OPHLM de Montreuil. Jacques Guy a souligné le sérieux des architectes confronté à une situation urbaine très enchevêtrée dans un contexte urbain dégradé. Le jury a cependant regretté "l'absence de moyens qui ne leur a pas permis de pousser très loin la démarche de requalification urbaine et concrétiser leurs intentions généreuses".
On retrouve ces contraintes d'implantation et un budget limité avec le projet vedette de cette cérémonie, la médiathèque de Troyes qui a valu le prix de l'Equerre d'argent aux architectes Pierre du Besset et Dominique Lyon. Là encore ce prix est tout à fait emblématique de la situation de l'architecture. "Ce bâtiment donne du luxe avec des moyens limités" a souligné l'un des membres du jury. Car le pari était loin d'être gagné, et il ne l'aurait sans doute pas été sous sa forme actuelle sans une aide providentielle de l'Etat a rappelé Dominique Lyon.
Les architectes ont également du composer avec l'implantation, la médiathèque se situant dans un environnement bâti guère valorisant, en retrait derrière le parking d'un fast-food. "Dans ce contexte, les architectes ont pris le parti d'une architecture dans composition de façade qui aurait renvoyé à l'environnement bâti. Ils ont juxtaposé de très grands éléments disposés en bandes ou nappes filantes" a indiqué Jacques Guy.
Appuyé sur un vieux mur qu'il fallait conserver, ce grand volume (10.000 m2) sans façade projette vers l'extérieur la magie de son plafond doré - 30.000 pièces d'aluminium anodisé - et le calme d'un grand plateau d'étage. Le tout est subtilement mis en couleur par Gary Glaser qui a ponctué le bâtiment d'accents colorés (escalier rose, cloisonnements bleus, touches de vers anis ou de mauve...).
Puisse ce projet - qui abrite d'une des plus prestigieuses collections d'ouvrages médiévaux de France - s'inscrire dans le temps. L'architecture est parfois une petite chose fragile. Les façades décrépies du bâtiment de Frank Gehry qui abritait cette cérémonie étaient là pour nous le rappeler.
Contre toute attente, Jacques Guy, président du groupe Moniteur et président du jury, s'est donc fait le porte-parole d'une profession en proie au doute face aux volontés du gouvernement d'exclure progressivement les architectes des appels d'offres publics par de biais de mesures dérogatoires au code des marchés publics et à la loi MOP. Même le ministre de tutelle des architectes n'a pas osé s'aventurer sur ce terrain. Dans son discours, Jean-Jacques Aillagon - qui s'est pourtant montré à l'écoute des architectes - s'est limité à présenter sa campagne d'intérêt général en faveur de la qualité architecturale qui vient d'être lancée.
Reste que cette campagne tombe à point nommé. Le phénomène n'est certes pas nouveau, mais les architectes, en particulier les jeunes, ont de plus en plus de difficultés à accéder à la commande. Au printemps dernier, le magazine d'A, citant les études de Nicolas Rogue, responsable de l'Observatoire de l'économie de l'architecture au sein de la DAPA, affirmait que seuls 70% des 35.000 architectes seraient en mesure de travailler dans leur domaine de compétences initial.
En guise d'illustration de cette crise, le prix de la Première oeuvre a été décerné à un duo d'architectes, Dorothée Gueneaux et Raffaele Melis, âgées respectivement de 41 et 44 ans et qui n'exercent à titre libéral que depuis 1999.
Ces "jeunes" architectes ont travaillé sur l'aménagement de la presqu'île du Pré-Leroy et la réhabilitation de trois pavillons à Niort. "Avec une économie de moyen, les architectes ont réussi à extraire des trois bâtiments construit dans les années 60 une architecture à la fois forte et poétique, et ils ont su rétablir le lien de la ville de Niort avec une promenade abandonnée, permettant à la ville de renouer avec la Sèvre" a commenté le président du jury Jacques Guy.
Une mention à une autre première oeuvre a également été décerné aux architectes de BNR studio (Thibaud Babled, Armand Nouvet et Marc Reynaud) pour 36 logements sociaux de l'opération "Demi lune" avec l'OPHLM de Montreuil. Jacques Guy a souligné le sérieux des architectes confronté à une situation urbaine très enchevêtrée dans un contexte urbain dégradé. Le jury a cependant regretté "l'absence de moyens qui ne leur a pas permis de pousser très loin la démarche de requalification urbaine et concrétiser leurs intentions généreuses".
On retrouve ces contraintes d'implantation et un budget limité avec le projet vedette de cette cérémonie, la médiathèque de Troyes qui a valu le prix de l'Equerre d'argent aux architectes Pierre du Besset et Dominique Lyon. Là encore ce prix est tout à fait emblématique de la situation de l'architecture. "Ce bâtiment donne du luxe avec des moyens limités" a souligné l'un des membres du jury. Car le pari était loin d'être gagné, et il ne l'aurait sans doute pas été sous sa forme actuelle sans une aide providentielle de l'Etat a rappelé Dominique Lyon.
Les architectes ont également du composer avec l'implantation, la médiathèque se situant dans un environnement bâti guère valorisant, en retrait derrière le parking d'un fast-food. "Dans ce contexte, les architectes ont pris le parti d'une architecture dans composition de façade qui aurait renvoyé à l'environnement bâti. Ils ont juxtaposé de très grands éléments disposés en bandes ou nappes filantes" a indiqué Jacques Guy.
Appuyé sur un vieux mur qu'il fallait conserver, ce grand volume (10.000 m2) sans façade projette vers l'extérieur la magie de son plafond doré - 30.000 pièces d'aluminium anodisé - et le calme d'un grand plateau d'étage. Le tout est subtilement mis en couleur par Gary Glaser qui a ponctué le bâtiment d'accents colorés (escalier rose, cloisonnements bleus, touches de vers anis ou de mauve...).
Puisse ce projet - qui abrite d'une des plus prestigieuses collections d'ouvrages médiévaux de France - s'inscrire dans le temps. L'architecture est parfois une petite chose fragile. Les façades décrépies du bâtiment de Frank Gehry qui abritait cette cérémonie étaient là pour nous le rappeler.