EMPLOI. Les perspectives de recrutements pour la période de juillet à septembre 2021 sont en nette augmentation, et c'est dans le secteur du bâtiment et des travaux publics que les entreprises sont les plus confiantes, et donc les plus désireuses d'embaucher. Les difficultés de recrutement persistent néanmoins encore et toujours, pendant que les compétences recherchées chez les candidats ont évolué.

La construction a besoin de bras, et cela devrait aller crescendo dans les prochains mois. C'est ce qui ressort du baromètre des perspectives d'emploi réalisé par le groupe Manpower pour le 3e trimestre 2021, autrement dit la période courant de juillet à septembre, et pour laquelle les prévisions d'embauches gagnent 9%, soit 2 points de plus par rapport au trimestre actuel (avril à juin) ; la hausse est même de 20 points en comparaison au 3e trimestre 2020.

 

 

Et c'est dans le secteur de la construction que les entreprises sont les plus confiantes, et donc les plus désireuses d'embaucher : les prévisions tablent sur +16%, preuve s'il en fallait encore une que le bâtiment et les travaux publics ont tourné la page de la crise et qu'ils cherchent maintenant à concrétiser leurs projets, mais aussi que le secteur a plus que jamais besoin de main-d'oeuvre. Prudence néanmoins, car les intentions d'embauches diminuent dans des filières dont les recrutements étaient pourtant très actifs au printemps 2021. C'est le cas notamment du BTP, qui perd 4 points entre le 2e trimestre (+20%) et l'été. Et depuis la fin d'année dernière, la situation reste pour le moins fluctuante : alors que les perspectives étaient de +12% au 4e trimestre 2020, elles ont chuté à +5% au 1er trimestre 2021. Si les entreprises de construction cherchent globalement toujours à recruter, la proportion des embauches semble varier suivant la période de l'année.

 

"30% des employeurs interrogés en France prévoient de retrouver des niveaux d'embauche d'avant-Covid d'ici fin septembre 2021"

 

Selon l'étude et tous secteurs confondus, c'est le centre-ouest de l'Hexagone qui envisage les intentions d'embauches les plus importantes pour cet été, avec +16%, ce qui représente 7 points de plus qu'au début de l'année. Région pourtant très représentative de l'activité du BTP, l'Île-de-France affiche des prévisions en augmentation de 7% mais malgré tout en croissance de 20 points sur un an. Seul bémol : le Nord de la France, dont les perspectives sont mitigées, dans la mesure où la tendance pour la période estivale est de +8%, ce qui représente -4 points par rapport au début de l'année mais tout de même +15 points sur 12 mois.

 

Au moment où la 3e phase du déconfinement sanitaire s'amorce en ce 9 juin 2021, avec notamment un assouplissement du télétravail et donc un retour progressif des salariés à leur bureau, le baromètre se penche aussi sur l'état d'esprit des chefs d'entreprises face au contexte sanitaire : "Alors que les campagnes de vaccination se poursuivent et s'intensifient, 30% des employeurs interrogés en France prévoient de retrouver des niveaux d'embauche d'avant-Covid d'ici fin septembre 2021. Pour les 6-12 prochains mois, 80% des employeurs envisagent d'avoir l'ensemble de leurs collaborateurs présents dans les locaux de leur entreprise à temps complet", indique le spécialiste des ressources humaines. Et d'ajouter que "seulement 11% des employeurs encouragent un modèle hybride combinant le télétravail (jusqu'à 2 jours par semaine) et du présentiel au bureau".

 

Les micro-entreprises à la peine dans un contexte de "pénuries de talents"

 

Dans le détail des différents types de structures, ce sont les grandes entreprises (plus de 250 salariés) qui envisagent de réaliser le plus de recrutements (+18%, 34 points en un an). À l'inverse, les micro-entreprises (moins de 12 salariés) affichent les intentions d'embauches les plus faibles (+2%, -2 points en trois mois). Quant aux petites entreprises (de 12 à 49 salariés), elles se portent également très bien, avec une prévision de +14% (+31 points en un an).

 

 

Malgré cet optimisme relatif, les difficultés de recrutement, elles, persistent. "Alors que la reprise sur le marché de l'emploi se confirme, les employeurs vont devoir faire face à des pénuries de talents jamais observées" depuis une quinzaine d'années, selon le groupe Manpower. Avec un chiffre à l'appui : 88% des employeurs interrogés affirment avoir du mal à embaucher de nouveaux collaborateurs, ce qui représente un bond notable - et inquiétant - de 34 points en comparaison à 2019.

 

Toujours dans le registre du recrutement, la crise du Covid semble avoir chamboulé les compétences recherchées parmi les candidats. Désormais, "les fonctions spécialisées et digitales" font la course en tête des critères à remplir pour les postes à pourvoir. Ainsi, en France, les fonctions opérationnelles et logistiques - comme les ingénieurs techniciens et les ouvriers qualifiés - prédominent avec 35%, suivies par les fonctions industrielles et de production (25%) et les profils administratifs (9%). "Par ailleurs, dans un environnement incertain en perpétuelle transformation, les 'soft skills' [les compétences de base, comme le relationnel, ndlr] ont gagné en importance et les employeurs français éprouvent également des difficultés à les trouver lorsqu'ils recrutent", souligne l'étude. Ces derniers ont notamment cité, par ordre décroissant, la responsabilité, la fiabilité et la discipline (34%), la résistance au stress et l'adaptabilité (30%), la capacité à résoudre des problèmes (21%), la prise d'initiative (20%), l'esprit critique et d'analyse (19%) et la capacité à travailler en équipe (17%).

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