L'OPPBTP, vient de dévoiler une étude microéconomique menée pendant deux ans auprès de 27 entreprises sur 101 cas d'actions de prévention. L'organisme professionnel de prévention du BTP révèle ainsi que la prévention a un impact "économique chiffrable et s'avère souvent rentable". Décryptage.
Jeudi 21 mars, l'OPPBTP a dévoilé au cours d'une conférence intitulée "la Dimension Economique de la Prévention", les résultats d'une étude microéconomique menée pendant deux ans auprès de 27 entreprises. Couvrant 90% des métiers du secteur, cette analyse a porté sur 101 cas d'actions de prévention et abouti à des "analyses minutieuses, valorisées de façon comptable et validées par les entreprises rencontrée sur le terrain."
"Nous démontrons ainsi en quoi la prévention des risques professionnels peut devenir un argument économique, rappelle Paul Duphil, secrétaire général de l'OPPBTP. La prévention des risques est, en effet, un enjeu majeur pour améliorer la sécurité et la santé des travailleurs du BTP. Cependant en période économique difficile, elle est généralement perçue comme un coût net pour les entreprises."
Impact positif
Comment dans ce cas les convaincre d'agir en ce domaine au-delà des aspects moraux et légaux ? "L'OPPBTP a souhaité aller plus loin dans la compréhension des impacts économiques de la prévention et les mesurer concrètement", ajoute Paul Duphil.
Premier constat de l'étude : dans la grande majorité des cas analysés, l'impact de l'action de prévention réalisée s'est avéré positif. L'organisme de prévention observe, en effet, des réductions fortes ou des suppressions complètes du risque visé sur les axes sécurité, santé et pénibilité, de l'ordre de 55 à 73%. Par ailleurs, l'OPPBTP signale que 58% des actions étudiées sur l'échantillon ont un impact non nul en faveur de l'environnement.
Des gains observés
Pour gommer les disparités de valeurs (les enjeux allant de 100 € à 600.000 €), c'est le gain sur les coûts qui a été retenu. "Ainsi, en consolidant les bilans des 101 actions étudiées, 93 génèrent plus de gains que de coûts, l'étude révèle ainsi un rendement global de 2,19, ce qui signifie concrètement que, pour 100 euros engagés dans une action de prévention, l'entreprise retire 219 euros de gains, soit un bénéfice net de 119 euros", souligne l'OPPBTP.
De plus, les gains observés par l'organisme professionnel se situent sur des axes essentiels de l'efficacité opérationnelle comme la productivité (le travail en sécurité s'accompagnant d'une plus grande efficacité des temps passés), la marge -13% des actions ont permis de développer le chiffre d'affaires et la marge de l'entreprise- ou les achats avec une utilisation plus maîtrisée des ressources génératrices de gains sur ce poste.
"Un quart des actions coutent moins de 5.000 euros"
Et ces résultats sont également positifs dans les TPE où le rendement global est supérieur à 3. Pour rappel : le "payback" moyen est égal à une année et demie pour des actions de prévention dont la durée moyenne est de 5,2 ans. En résumé : "La prévention est donc à la portée de toutes les entreprises, en particulier des TPE, avec des moyens mesurés et sans trop pénaliser la trésorerie, estime, l'organisme de prévention. En effet, un quart des actions coutent moins de 5.000 € et présentent un rendement 10 fois supérieur à la moyenne."
De plus, l'étude démontre que les actions réduisant la pénibilité présentent de meilleurs résultats. Sur les 101 actions étudiées, 7 ont présenté un rendement inférieur à 1, c'est-à-dire des coûts supérieurs au gain en retour. Pourtant le rendement moyen de ces actions s'élève à 0,66, ce qui signifie que les gains ont permis de couvrir les deux tiers des dépenses. "Le bilan est donc plutôt positif puisque la prévention des risques est assurée et qu'elle coute bien moins cher que ce qu'on imagine initialement", assure l'établissement.
Une approche comptable d'après une méthodologie pointue
A travers sa dernière étude, l'OPPBTP a d'abord adopté une méthode "comptable" mais dans beaucoup de cas, en l'absence de comptabilité analytique, les entreprises ne disposaient pas d'un grand nombre de paramètres nécessaires aux évaluations. L'étude a donc porté sur 27 entreprises visitées (3 catégories d'effectifs : moins de 20 salariés, entre 20 et 50 salariés, 50 salariés et plus), couvrant 90 % des métiers du secteur. 101 actions de prévention ont été étudiées en détail.
De plus, un bilan économique a enfin été établi, par entreprise, sur la base d'un état avant et après sur tous les postes impactés par l'action et les résultats obtenus en matière de prévention (risque éliminé ou réduit), de qualité et de développement durable.