DEBATS. A l'occasion des 70 ans de l'Organisation professionnelle de prévention du BTP (OPPBTP), célébrés ce 12 octobre, partenaires patronaux et sociaux ont débattu sans "langue de bois" sur la question de la sécurité au travail et l'engagement de la branche du BTP en présence d'Yves Struillou, directeur de la DGT.
Dans un hémicycle du Conseil économique et social (Cese), à Paris, entièrement comble, à l'occasion des 70 ans de l'OPPBTP, les chefs de file des organisations patronales et syndicales ont débattu ce jeudi 12 octobre sur les questions de la sécurité au travail et de l'engagement de la branche du BTP.
"Zéro mort" durant la construction du viaduc de Millau ou de la LGV Tour-Bordeaux
Avant de dévoiler les entreprises lauréates des Trophées de la prévention, Yves Struillou à la tête de la Direction générale du travail (DGT) s'est exprimé au nom de la ministre Muriel Pénicaud, excusée, et a tenu à féliciter "le rôle majeur de l'OPPBTP." Il a d'ailleurs égrené les chiffres qui marquent les progrès et la baisse de la sinistralité dans le BTP depuis cinquante ans : "208.000 accidents de travail ont été recensés en 1960, un pic de 1,6 million en 1964 pour arriver à 91.000 en 2004…" Quant aux décès sur les chantiers, "ils étaient 656 en 1950, 955 en 164 et 130 en 2004." Autre point significatif : "le poids des sacs de matériaux sont passés de 50 kgs en 1957 à 25 kgs aujourd'hui." "Ces chiffres n'ont rien d'accidentel, c'est le fruit d'un travail accompli", a-t-il estimé en rappelant le "zéro mort" durant la construction du viaduc de Millau ou de la LGV Tour-Bordeaux.
Quant aux débats dédiés à l'engagement de la branche et l'état actuel de la santé sécurité au travail, Serge Plechot, secrétaire général de la FNSCBA CGT a tout de même souhaité mesurer tous les chiffres de l'OPPBTP. "Nous sommes encore à un mort tous les jours et à un accident toutes les cinq minutes, a-t-il indiqué. D'après nos chiffres, nous sommes encore à 168 morts en 2016 et nous ne comptons pas les travailleurs intérimaires et les travailleurs détachés."
Avant d'enfoncer le clou : "La prévention représente un coût, mais aussi un investissement. Les salariés qui travaillent avec des équipements de protection individuelle, du matériel adapté et renouvelé, adapté au chantier, seront aussi plus productifs ! De plus, l'effort doit être plus concentré en matière de sécurité sur le contrôle à tous les niveaux."
"Le BIM pourrait provoquer des dérives au niveau de la sécurité"
A son tour, Jacques Petey, président de la Fédération des SCOP du BTP, estime qu'il est indispensable de lier la prévention à la responsabilité sociétale de l'entreprise (RSE). Dans ce sens, "l'introduction de la norme ISO 26.000 dans les marchés publics serait un outil efficace pour les maîtres d'ouvrage." Ces derniers doivent s'en emparer, a-t-il affirmé. Pour Gérard Duez, président de la CFE CGC BTP, "le BIM apporte incontestablement une grande productivité sur les chantiers". En revanche, le syndicaliste met en garde les professionnels et estime que "l'outil pourrait provoquer des dérives au niveau de la sécurité."
La nouvelle convention sur la santé au travail sera signée le 24 octobre prochain au ministère du Travail
Sur la question de l'engagement de la branche BTP en faveur de la prévention, Bruno Cavagné, président de la FNTP a précisé que "la convention sur la santé au travail, signée en 2012 avec l'Etat, l'OPPBTP, la Cnams-TS et l'Inrs, englobant neuf thèmes, arrive à son terme et une nouvelle sera signée le 24 octobre prochain en présence de Muriel Pénicaud." D'après lui, certains thèmes ont bien marché en faisant référence au "risque chantier", à la "sécurité" et ceux des "engins de chantiers". En revanche d'autres, "doivent-être remis au goût du jour", en prenant l'exemple des Troubles musculo-squelettiques (TMS).
Par ailleurs, Jacques Chanut, président de la FFB demande "une nouvelle approche pluridisciplinaire en matière de prévention, et le renouvellement de partenariats entre les différents acteurs." Même constat pour Patrick Liébus, président de la Capeb, qui demande "aux pouvoirs publics de laisser travailler les organismes de prévention" et de penser notamment aux actions d'artisanat.
Par ailleurs, Jean-Marc Candille, secrétaire national FNCB-CFDT a regretté profondément l'application récente des ordonnances sur la sortie du compte à points des quatre critères de pénibilité : Manutentions manuelles de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques et enfin risques chimiques. "Nous demandons à ce que l'OPPBTP, puisse sur ces quatre critères, renforcer la prévention primaire", a-t-il complété. Enfin Franck Serra, secrétaire général de FO Construction a rappelé "l'importance des accords de formation et la nécessité de penser aux conditions de travail des femmes sur les chantiers. Il y a encore beaucoup de progrès à faire en la matière !"