Avec l’arrivée de températures extrêmes les bureaux d’études et les architectes engagés dans des projets de centres hospitaliers sont confrontés à une équation particulièrement complexe.

Presque trois semaines après la fin de la canicule, et alors que le comptage des victimes semble établi à un niveau particulièrement effrayant, des questions de fond commencent à être abordées, avec plus ou moins de bonne volonté selon les cas. Le nombre élevé de décès dans les hôpitaux a jeté une lumière crue sur les inadaptations du système, et parmi celles-ci, sur la vétusté de certains établissements et les caractéristiques architecturales d’hôpitaux plus récents, parfois aggravantes en cas de fortes chaleurs. Douloureux effet de loupe pour les uns, ou péripétie dramatique mais dont la nature exceptionnelle rend la prise en compte forcément aléatoire pour les autres, la canicule d’août va peut être pousser bureaux d’études et architectes à intégrer ce paramètre de manière plus décisive dans la conception des hôpitaux..

Pour l’heure, il est peu probable qu’une redéfinition radicale des canons architecturaux pour les hôpitaux se fasse jour. La présence de vastes surfaces vitrées dans beaucoup de réalisations récentes, comme dans le cas de l’Hôpital Européen Georges Pompidou à Paris, pour ne citer que cet exemple, est en effet plus qu’une simple mode architecturale, puisqu’une des exigences des centres hospitaliers modernes est de favoriser la diffusion de la lumière afin d’éviter autant que possible la sensation de confinement. De la même manière, le relatif sous-équipement en climatisation constaté récemment est souvent du à des réticences des autorités sanitaires. Pourtant, c’est le mauvais entretien des systèmes plus que la climatisation elle-même qui est pointé du doigt comme responsable du développement des bactéries à l’hôpital.

Reste que la climatisation a un coût. Il faut compter de 100 à 120 euros supplémentaires par m² pour un projet d’hôpital. L’intégration de locaux techniques spécifiques pour les installations de climatisation devrait permettre de mieux maîtriser cet outil et d’en réduire le prix lors de la construction. Selon un architecte spécialisé dans les projets de centres de santé, il faudra désormais admettre de raisonner en « pays chaud », les canicules étant manifestement appelées à revenir régulièrement, et donc développer des solutions systématiques pour faire face aux fortes chaleurs. A ce titre, il est urgent, poursuit-il, de s’efforcer de « réunir plus souvent autour d’une même table les différents acteurs formant la chaîne de décision en matière de projets de centres hospitaliers.»

D’autres architectes, moins alarmistes, rappellent que refroidissement ne veut pas forcément dire climatisation. Parmi les solutions complémentaires de refroidissement, il semble que les systèmes de ventilation mécanique nocturne soient assez prometteurs. Couplés aux systèmes de ventilation permanente, ils peuvent réduire la température intérieure de six degrés. La cohabitation de ce système avec un système de conditionnement de l’air est malheureusement délicate puisque l’inertie, dans le cas d’un bâtiment climatisé, n’est plus un atout. La protection solaire, secteur très innovant, offre aussi des solutions de refroidissement à exploiter, comme la pose de vitrages électrochromes capables de s’obscurcir sous l’effet d’un courant basse tension ou l’application sur les vitres de films de protection à pouvoir réfléchissant.

Au-delà des solutions techniques disponibles, ce seront les axes choisis dans le cadre du plan d’investissement Hôpital 2007 qui détermineront les réponses à donner à la catastrophe de cet été

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