Comme à Athènes (2004), et Turin (2006), à Sotchi (Russie), les chantiers souffrent d'importants retards en vue des Jeux Olympiques d'hiver, prévus en 2014. Plus étonnant encore, certains sites ne devraient finalement pas être construits, Un gros obstacle qui a été reconnu pour la première fois par les autorités russes et a obligé le président Dmitri Medvedev à intervenir. Décryptage.

Se basant sur le rapport annuel de la Cour des comptes russe, le quotidien Vedomosti dresse un constat pour le moins alarmant, à seulement deux ans de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver organisés à Sotchi. Le 5 janvier dernier, une réunion à huis clos, en présence du président russe, Dmitri Medvedev, avait déjà eu lieu, évoquant des problèmes d'investisseurs privés. Jeudi 12 janvier, c'est le très officiel rapport de la Cour des comptes russe qui a été transmis à la Douma, et le constat s'avère particulièrement inquiétant. La chambre basse du Parlement russe a pu apprendre dans ce rapport que 76 sites sur 393 au total sont en retard sur le calendrier. Et les soucis financiers ne sont pas les uniques causes des retards.

 

Lorsque l'on consulte le site officiel de Sotchi2014, on peut s'étonner de voir un sujet vidéo affirmant que « la construction olympique est en bonne voie ». Cette vidéo date en fait du 25 octobre 2010... La conception même des infrastructures, et le manque d'organisation sur les chantiers ont été également pointés du doigt par le vice-premier ministre, Dmitri Kozak, chargé de superviser les travaux. Pour rattraper le retard, le nombre d'ouvriers pourrait passer de 56.000 à 70.000.

 

Mais du côté de la piste de bobsleigh et du grand stade -lieu de la cérémonie d'ouverture- l'heure est aux ajustements plus conséquents. Les deux infrastructures ont un point commun, elles doivent toutes deux être bâties par la même entreprise publique Olimpstroï. Cette dernière a été contrainte de repousser au mois de mars les premiers essais sur la piste de bobsleigh…

 

Pire encore… L'initiative de la conception d'un toit semi-ouvert du stade, qui avait convaincu les membres du CIO à l'heure de l'attribution de ces JO, pourrait être purement et simplement abandonnée… Les projets du nouveau port de Sotchi, et probablement aussi celui d'une grande centrale électrique sont également remis en question.

 

Le président russe intervient
Face aux nombreux obstacles, Dmitri Medvedev a chargé son Premier ministre, Vladimir Poutine, de « prendre des mesures pour renforcer la responsabilité des organisations, de leurs propriétaires et dirigeants qui ne remplissent pas à temps les obligations prévues dans les contrats publics » d'ici au 15 février, selon une directive du Kremlin publiée vendredi sur son site. Le président russe a par ailleurs demandé que la construction de deux tremplins et de la piste de bobsleigh soit achevée dans les temps. Il a aussi chargé le procureur général, Iouri Tchaïka, de se pencher sur le dossier.

 

« Actuellement, nous ne voyons aucun risque pour les épreuves de préparation de fin 2012 et 2013, et encore moins pour les Jeux Olympiques », a toutefois déclaré Ilya Djous, porte-parole du vice-Premier ministre, Dmitri Kozak, chargé de superviser les travaux, cité par Interfax. Un responsable gouvernemental a confirmé que la plupart des sites sportifs construits par les entreprises privées étaient prêts à 85-95%, tandis que les infrastructures qui leur sont reliées ne l'étaient qu'à 20-30%. Par ailleurs, Olimpstroï, le conglomérat public créé en 2007 pour ces JO, a été par le passé soupçonné dans plusieurs affaires de corruption. La Russie n'a pas le droit à la moindre erreur… Elle a aussi été choisie en 2010 pour l'organisation du Mondial de football 2018, un autre projet nécessitant des travaux titanesques.

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