Le parc de logements francilien présente une spécificité locale liée à l'urbanisation, avec une très forte proportion de logements collectifs et des surfaces plus petites qu'en province. Moins de 5 % de ces logements seraient de "mauvaise qualité", c'est-à-dire ne présentant pas tous les critères de confort requis. Détails.
Trop petits, vieillots, surpeuplés… Les logements parisiens et franciliens correspondent-ils encore aux stéréotypes ? Pour le savoir, l'Insee a mené une vaste enquête dressant un état des lieux du parc dans la première région de France, qui compte plus de 5 millions de résidences principales. Parmi celles-ci, 6 sur 10 sont situées au cœur de l'agglomération, dans Paris intra-muros ou en "petite couronne" (communes limitrophes). Leur nombre a augmenté de presque 5 % entre 2006 et 2013 (0,7 % par an). "Sur cette période récente, la progression la plus soutenue a concerné la Seine-et-Marne, qui dispose d'un foncier disponible plus important que dans le reste de l'Île-de-France", note l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) de la région. La croissance a cependant été moins rapide qu'en province (+7,3 %), alors que la démographie était comparable.
Près de la moitié des ménages franciliens (49 %) sont propriétaires, quand 25 % sont locataires d'un bailleur social et 20 % d'un bailleur privé (les 6 % restants résidant dans des meublés ou hôtels). Dans la capitale même, la proportion de propriétaires reste faible (35 %), alors qu'à l'inverse, en grande couronne, elle grimpe à 60 %. En proche banlieue, la part du logement social atteint les 31 %, contre 22 % à Paris ou en grande couronne. "Entre 2006 et 2013, le nombre de ménages propriétaires de leur logement a augmenté de 5 % en Île-de-France", précise l'enquête. Le nombre de locataires a également augmenté, dans le parc social (+5,9 %) ou privé (+5,4 %).
Des appartements nombreux et petits...
Ce n'est pas un lieu commun, la maison individuelle se fait rare en Île-de-France : les appartements représentent 72 % des résidences principales (et même 99,2 % intramuros) contre seulement 37 % dans le reste du pays. Et les appartements franciliens sont également plus petits qu'ailleurs. La surface moyenne est de 74,6 m², soit 20 m² de moins que dans les autres régions. Dans Paris, les petits logements prédominent, avec une surface moyenne de 59 m² (pour 2,7 pièces). "De fait, la moitié des ménages parisiens sont des personnes seules, et le coût du logement est plus élevé dans la capitale", analyse l'IAU. En proche banlieue, les surfaces augmentent mais le nombre de résidents également, entraînant un phénomène de "surpopulation". En Seine-Saint-Denis, la surface moyenne par habitant tombe, par exemple, à 27,3 m² (contre 31 m² à Paris, 34,4 m² en grande banlieue où les maisons individuelles sont plus nombreuses, et 42,3 m² en province).Mais les logements franciliens sont-ils confortables ? En 2013, 0,9 % d'entre eux étaient "sans confort", nous apprend l'enquête, c'est-à-dire dépourvus d'eau courante ou de sanitaires intérieurs. La proportion a fortement diminué au fil des ans, passant de 3,7 % en 1996 à 2 % en 2006 et moins de 1 % aujourd'hui. Des chiffres relativement proches de ceux observés en région (4,1 % en 1996 et 0,7 % en 2013). La loi SRU incorpore d'autres critères de qualité pour évaluer la décence d'un logement : humidité, infiltrations, évaluation des installations électrique et de chauffage, luminosité… Considérant ces exigences, 61,3 % des résidences principales franciliennes peuvent donc être classées comme étant de "bonne qualité", exemptes de défaut. Environ 34,2 % sont de "qualité moyenne" (présentant un ou deux défauts) et 4,5 % affichent une "mauvaise qualité" (trois défauts ou plus). L'IAU relève : "Il existe peu d'écart entre Paris (6,6 % de logements de mauvaise qualité en 2013, en raison de l'ancienneté du parc), la petite couronne, qui se situe dans la moyenne régionale et la grande couronne (3,1 %) dont le parc est plus récent". Cette qualité dépendrait également des travaux réalisés pour corriger les problèmes et améliorer l'habitat. "A Paris et en petit couronne, les travaux effectués au cours des 12 derniers mois sont moins fréquents qu'en grande couronne : ils concernent respectivement un quart des ménages contre 31 %", poursuivent les auteurs.
… souvent humides
Deux défauts principaux sont rencontrés de plus en plus fréquemment : humidité et infiltrations, qui ont augmenté respectivement de +4 % et +1,8 % entre 2006 et 2013. "Les autres défauts les plus fréquents sont la mauvaise qualité des installations électriques, l'insuffisance des installations de chauffage ou encore les problèmes d'évacuation d'eau", précise l'Institut d'urbanisme francilien. L'étude pointe du doigt l'ancienneté, et même la vétusté, d'une partie du parc parisien. Concernant les aspects thermiques, la proportion de Franciliens déclarant avoir eu froid dans leur logement est en hausse (22,2 % contre 17,4 % en 2006). Mais les conditions météorologiques différentes entre les périodes étudiées ne facilitent pas la comparaison. Au point de vue des équipements, l'enquête note que les aides à la rénovation portent leurs fruits : le nombre de résidences disposant de vitrages simples recule. Il est passé de 33,1 % en 2006 à 19,4 % en 2013.
Réalisé dans le cadre de l'Enquête nationale logement (ENIL) 2013, le volet francilien a été mené par l'Insee, la Direction régionale et interdépartementale de l'habitat et du logement, la Direction régionale et interdépartementale de l'équipement et de l'aménagement, l'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Île-de-France et la ville de Paris.
Au total, plus de 12.700 logements franciliens ont été échantillonnés, dont 2.770 dans la capitale.