L'Association française des pompes à chaleur vient de souffler sa 10e bougie. L'occasion de profiter du salon Interclima+elec pour dresser un bilan du marché et évoquer les perspectives d'avenir. Détails.
Tout d'abord, des chiffres : en 2009, le marché des pompes à chaleur (PAC) - géothermie et aérothermie - chutait de 24% ; l'année suivante, le chiffre tombait à -42%. En 2011, place à l'accalmie, avec un retour à des valeurs positives, puisque l'activité enregistre une très légère croissance à +0.4%. « En 2011, le marché de la construction neuve a progressé, avec lui le segment des équipements de 5-10 kW, notamment grâce à l'essor des maisons BBC », reconnaît David Bonnet, président de l'Afpac. Une bonne nouvelle qu'il tempère aussitôt en soulignant que « la rénovation a continué de baisser, alors que c'est le marché le plus important en volume ».
D'où l'inquiétude des professionnels, qui pointent du doigt les sempiternels effets de la crise économique, mais aussi les baisses successives du crédit d'impôt. « Celles-ci ont eu un double impact : économique, certes, mais aussi psychologique. Car désormais, le crédit d'impôt développement durable est devenu par la stigmatisation de l'Etat une niche fiscale ! », explique David Bonnet. Pour 2012, le président de l'Afpac prédit toutefois un marché de la construction neuve qui « aura du mal à reprendre de la vitesse ».
Redonner de la crédibilité à la PAC
Mais surtout, il met en cause les « étonnantes incohérences réglementaires » adoptées par les pouvoirs publics. Ainsi, si la PAC permet de répondre aux objectifs fixés par la PPI Chaleur (Programmation pluriannuelle des investissements), en revanche, le DPE (Diagnostic de performance énergétique) « occulte les effets positifs de celle-ci », note l'Afpac. Qui regrette ainsi que le DPE ne fasse appel qu'à l'affichage par l'étiquette énergétique d'un logement (A, B, C…) en énergie primaire et non en énergie finale (…) et qui opacifie les performances effectives des PAC. Du coup, David Bonnet n'a pas manqué de s'élever contre la RT 2012, et a énoncé deux propositions majeures pour que la PAC retrouve sa place dans cette réglementation. D'une part, que la PAC soit admise dans la RT 2012 avec un niveau de « bâti standard » ; d'autre part, que le calcul de la part d'énergie renouvelable qu'elle valorise soit conforme à la directive européenne 2009/28/CE.
Enfin, l'Afpac et l'Ademe se sont engagés, pour 2012, à mener une campagne d'instrumentation pour asseoir les performances des PAC.
Un décret sur la géothermie est à l'étude, provoquant une forte inquiétude chez les professionnels qui doivent déjà faire face à un marché en chute libre. « Nous craignons que ce projet vienne alourdir les procédures administratives et qu'il n'aille pas dans le bon sens », confirme David Bonnet. « Il est fort à parier que l'industrie française ne se désintéresse progressivement de ce marché, et que cela génère des destructions d'emplois au final. La situation est préoccupante. »