CHIFFRES. La filière de la pompe à chaleur devrait réaliser en 2019 sa meilleure année, économiquement parlant, depuis plus de dix ans, grâce notamment au plan 'chaudières' et ses "offres à un euro".

L'année historique dans le secteur de la pompe à chaleur, jusqu'à présent, était 2008, du fait notamment d'une belle performance sur le marché de la Pac sur boucle d'eau. Mais 2008 va être éclipsée par 2019, durant laquelle, toutes technologies confondues, le cap du million de Pac commercialisées va être dépassé. C'est ce qu'a révélé le président de l'association française de la pompe à chaleur (Afpac), Eric Bataille, ce 16 janvier 2020, lors d'un colloque organisé par l'association professionnelle des ingénieurs en climatique, ventilation et froid (AICVF).


95.000 Pac installées grâce au "coup de pouce chauffage"

 

"Accélérateur des aides publiques, canicules, et points de vigilance sur la qualité des installations" : voici quels ont été les principaux axes pour l'industrie lors de ces douze derniers mois. L'année avait commencé en fanfare, il y a tout juste un an, avec l'annonce du 'coup de pouce chauffage', des offres à 1 euro, visant à remplacer les chaudières au fioul dans un souci de décarbonation. Un succès incontestable, avec 226.000 travaux engagés (dont 95.000 installations de Pac), au point que l'État avait décidé de couper les vivres, du jour au lendemain, en octobre 2019. Au grand dam des professionnels qui n'avaient rien vu venir. Ces offres à un euro, victimes de leur succès, ont pris du plomb dans l'aile. En effet, le crédit d'impôt pour la transition énergétique à été remplacé en 2020, pour les ménages modestes et très modestes, par MaPrimeRénov. Le Gouvernement a profité de cette transformation pour supprimer les offres à un euro telles qu'elles existaient, puisque subsistera toujours un reste à charge de minimum 10% pour les ménages les plus précaires. "Les aides seront sans doute un peu moins incitatives, mais en 2020 nous devrions tout de même avoir de bons chiffres", tempère Eric Bataille.

 

 

Qui dit aides publiques massives, dit également risque d'afflux d'éco-délinquants. D'où l'engagement de la filière des Pac pour ne pas que les erreurs de 2008 se reproduisent. A cette époque, le contexte était particulièrement favorable avec des aides étatiques fortes, une hausse brutale du coût des énergies fossiles. Mais, comme le reconnaît le président de l'Afpac, la qualité n'a pas toujours suivi. "En termes de volume, cela avait été très bénéfique, mais beaucoup de sociétés qui ont profité de ce contexte n'avaient rien à faire sur ce marché, celles que nous avons alors qualifié d'entreprises éco-délinquantes." Le marché avait ensuite fortement dévissé.

 

Charte et observatoire pour éloigner les éco-délinquants

 

C'est justement pour éviter que le soufflé ne retombe que la filière a souhaité saisir le taureau par les cornes dans la foulée de l'annonce du plan chaudières. "L'Afpac s'est montrée très vigilante", assure son président, "nous avons mobilisé la filière pour ne pas répéter les erreurs du passé et tenir à l'écart les éco-délinquants". L'association a notamment établi une charte et installé un observatoire destiné à repérer d'éventuels problèmes de qualité.

 

Quelle est la conjoncture, technologie par technologie, des équipements ? Sur l'aérothermie et la géothermie en boucle d'eau, 2019 verra dépassé l'objectif de 165.000 pièces vendues, un record absolu (à comparer avec les 101.925 de 2018). "Nous allons dépasser le pic de 2008 que nous considérions comme très difficile à atteindre", se félicite Eric Bataille. Le chauffe-eau thermodynamique (CET) n'est pas sur un dynamisme aussi prononcé, mais la progression du marché reste "intéressante".


Deux marchés restent atones

 

En matière de Pac air-air, les canicules et les aides ont à nouveau tiré les chiffres en 2019 qui devraient être meilleurs qu'en 2018 (qui se situait à 571.140). Deux segments restent décevants pour les professionnels. Le premier est celui de la Pac géothermique, qui se situe à environ 3.000 unités annuelles. "Ce qui caractérise ce type d'équipements, c'est qu'ils se portent sur des puissances relativement importantes : plus de 60% sont supérieurs à 10kW", détaille Eric Bataille. "Ainsi, si la géothermique a pu naître sur des solutions individuelles, elle a probablement vocation à se développer sur des bâtiments de logements collectifs ou tertiaires, car il faudra bien décarboner aussi les grosses chaudières."

 

Autre marché où l'on reste sur sa faim : celui des pompes à chaleur hybrides. "Nous aurons une croissance de ce marché en 2019, mais pas satisfaisant eu égard aux bénéfices qu'apporte ce produit", regrette Eric Bataille. Notamment en vue de l'objectif de neutralité carbone française en 2050. "Il faudra bien trouver des solutions pour répondre à la pointe énergétique d'hiver : la Pac hybride en est une. Ainsi, nous avons un travail de prosélytisme a effectuer auprès des clients, des pouvoirs publics, pour promouvoir cette solution." Il observe également que, la demande de gaz ayant tendance à diminuer, il sera plus simple de fournir ce type d'équipement avec du biogaz.

 

Enfin, si la rénovation prend de plus en plus de place dans le marché de la Pac, du fait du plan chaudières, que le neuf continuera à porter le marché, notamment du fait des récents arbitrages favorables au chauffage électrique dans le cadre de la future réglementation environnementale 2020.

actionclactionfp