Batiactu : Quelles sont les limites de cette technologie, en termes de puissance, de dimensions ou de coût ?
David Saint-André : C'est une technologie qui est plus coûteuse. Mais notre enjeu est de proposer une gamme de machines compatibles avec les tarifs du marché, d'une puissance comprise entre 1 et 3 MW, avec des petits modèles compatibles avec tous les scénarios et schémas de développement d'éolien terrestre. Leitwind travaille dessus depuis 15 ans environ et la production en série a démarré depuis 10 ans. Il y a donc 320 machines en exploitation dans le monde, principalement en Italie et en Inde. Et on observer une tendance de l'évolution du marché vers la technologie à attaque directe, comme Alstom qui a développé Haliade pour l'éolien offshore, où les opérations de maintenance sont complexes. Siemens également a débuté avec des machines classiques à multiplicateur mais a depuis basculé vers cette technologie.

 

 

Batiactu : Quel est l'avenir de Poma-Leitwind dans l'éolien terrestre ?
David Saint-André : Nous avons été retenus en novembre 2016 par Kallista Energy pour un parc éolien en Bretagne de 11 machines et nous avons deux autres projets prévus, soit une vingtaine de machines de plus. La production sera étalée sur trois ans, à raison d'une dizaine d'éoliennes par an, ce qui est raisonnable, car nous sommes en mesure d'en fabriquer plus, et de monter en charge. De nombreux autres projets sont en développement et en discussions avancées, dans presque toutes les régions de France, le marché sur lequel nous nous concentrons, même si l'export n'est pas exclu. L'enjeu, dans les années qui viennent, va être le re-powering du parc existant, c'est-à-dire le rééquipement des premiers sites éoliens qui atteignent la limite d'âge des 15-20 ans d'exploitation. A l'horizon 2020-2025, ce sont 1.000 MW/an qu'il faudra remplacer et cette activité de seconde vie des parcs éoliens est intéressante pour nous, d'autant que c'est l'occasion de passer à du Made in France cette fois. L'usine de Gilly (Isère) assemblera les nacelles avec génératrice et moyeu, tandis que celle de Passy (Haute-Savoie) produira les convertisseurs de puissance. Les mâts seront fabriqués chez deux partenaires spécialistes, France Eole en Bourgogne ou Eiffage, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Il serait intéressant, géographiquement, de se rapprocher de Fouré Lagadec au Havre, un autre acteur de ce type de production. Quant aux pales, actuellement produites par le danois LM Wind Power, elles pourraient sortir de la future unité de Cherbourg, dont la première pierre vient d'être posée, ce qui est une excellente nouvelle !

 

Eye of the Wind
Eye of the Wind © Poma-Leitwind

 

 

Batiactu : Comment convaincre le grand public de l'intérêt des éoliennes ?
David Saint-André : Pour les Jeux Olympiques d'hiver à Vancouver (Canada), en 2010, nous avons installé une plateforme panoramique sur une machine. Nous avons, en France, des porteurs de projet qui sont intéressés par cette nacelle, accessible au public, qui rendra plus acceptable une ferme éolienne, notamment sur les projets à fort enjeu environnemental, surtout si le panorama est remarquable. La machine permettra d'en profiter ! La nacelle, fermée, peut accueillir 36 personnes en toute sécurité. Elle est accessible par un véritable ascenseur d'une capacité de 7 personnes, contrairement aux éoliennes standard dont le monte-charge n'embarque que 2 personnes qui doivent porter casques et harnais. L'idée serait d'installer de telles nacelles accrochées aux mâts des machines dans quelques parcs français et transformer les éoliennes en attractions touristiques.

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