Alors que l'affaire Bolufer a beaucoup fait parler d'elle, d'autres cas de logements préférentiels accordés à des fonctionnaires haut-placés ont éclaté au grand jour, fin décembre 2007. Et posent la question d'une nécessaire réforme de la commission d'attribution des logements à Paris et ailleurs.

Le Canard Enchainé avait révélé le 19 décembre que Jean-Paul Bolufer, directeur de cabinet de Christine Boutin, était logé depuis 1981 dans un appartement de 190 m² à loyer modéré appartenant à la Régie immobilière de la Ville de Paris (Rivp). Jean-Paul Bolufer avait dû démissionner, avant que Christine Boutin ne déclare qu'elle n'avait «rien à voir dans cette affaire».

Le surlendemain, c'est l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement (MRC) qui était la cible d'attaques. Christophe Grudler, candidat aux élections municipales à Belfort avait dénoncé l'occupation depuis 1988 d'un logement HLM par l'ancien maire de la ville. Celui-ci avait répondu consacrer «25 % de (ses) revenus au paiement de (ses) loyers (et être) dans une situation parfaitement légale». Au même moment, l'adjoint en charge du logement à la mairie de Paris, Jean Yves Mano, révélait que le même Jean-Pierre Chevènement occupait un appartement dans le 5è arrondissement, déclarant qu'un «ministre n'a rien à faire dans un logement social».

«Tissu amical»
Parallèlement, Marie-Christine Blanchard-Amelin, chef de cabinet de la secrétaire d'Etat à la politique de la ville, logeant dans un HLM de 80 m2 pour 420 euros par mois, se déclarait prête à payer un surloyer «si la réglementation l'exige» sans pour autant envisager de quitter ni ses fonctions, ni son appartement. «Cela fait 30 ans que je vis dans cette cité (à Boulogne Billancourt), j?y ai créé un tissu amical, je ne souhaite pas quitter cette cité, c'est ma vie», avait-elle déclaré à RTL. De son côté, Fadela Amara «habite dans un immeuble HLM» mais paie un loyer au prix du marché, «comme si elle était dans n'importe quel autre immeuble», selon son entourage.

Rappelons que selon l'Union sociale pour l'habitat (USH), environ 200.000 logements sur les 4 millions que compte le parc HLM sont occupés par des foyers dépassant le plafond de revenu autorisé. Un sur-loyer est alors demandé en cas de dépassement de 20% du plafond du revenu.

A Paris
Le maire de Paris Bertrand Delanoë «a fait le ménage» dans les logements à prix modérés gérés par la ville. Mais il «n'est pas allé assez loin», selon René Dutrey, chef de file des Verts au conseil de Paris. Pour ce dernier, les 48.000 logements parisiens faisant partie du parc privé de la ville de Paris et des bailleurs publics «doivent être reconventionnés en logement social». Par ailleurs, il faudrait selon lui rendre «transparentes» les attributions de logement.

Bertrand Delanoë y travaille, lui qui «dès son arrivée, a dissous la cellule d'une dizaine de personnes chargées d'attribuer les logements de la Ville en fonction d'interventions et pressions diverses». S'y est substituée une commission d'attribution des logements, composée d'élus et d'associations, qui désigne les locataires en fonction de critères publics. Le maire de Paris a enfin annoncé sa décision de saisir la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France pour qu'elle aide la Rivp à remettre de l'ordre dans l'occupation des appartements qu'elle possède, en assurant que la confidentialité des données personnelles serait respectée.

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