TENDANCE. Le phénomène Pokemon GO perturbe la vie des chantiers. Des accidents ont, pour l'instant, été évités de justesse. Les fédérations professionnelles appellent leurs adhérents à la vigilance et leur donnent quelques conseils pour éviter les incidents.
Depuis le 24 juillet, la folie Pokemon GO a débarqué en France et les chasseurs de Pokemon s'immiscent partout, même dans des endroits interdits ou dangereux. Dès le lendemain de la sortie du jeu, la fédération du bâtiment de Dordogne (FFB24) prévenait les joueurs : "Attention les chantiers sont interdits aux visiteurs. Alors… Laissez-nous les attraper". "Au début, nous avons perçu cela comme une blague mais depuis on a de plus en plus de remontées de cas d'intrusion sur les chantiers", nous confie Olivier Salleron, président de la FFB Dordogne et Nouvelle Aquitaine.
#PokemonGO Attention les chantiers du bâtiment sont interdits aux visiteurs !!
- FFB~24 (@ffbdordogne) 25 juillet 2016
Alors...Laissez-nous les attraper ;)) pic.twitter.com/tkAYC3t5OD
En effet, malgré ces recommandations au public, le phénomène prend de l'ampleur. Et c'est au tour de la FNTP (Fédération nationale des travaux publics) de tirer la sonnette d'alarme. De plus en plus d'entreprises se plaignent d'intrusion à Olivier Garrigue, secrétaire général de la FNTP Ile-de-France. Pire, "dans deux cas, l'accident a été frôlé", nous confie-t-il. "Dans le premier, un jeune homme s'est retrouvé entre la pelle et le camion en pleine manœuvre. Cela aurait pu être extrêmement grave. Dans l'autre cas, les responsables du chantier ont retrouvé cinq jeunes dans une tranchée. C'est hallucinant," lance-t-il.
Une affiche d'avertissement spéciale chasseurs Pokemon Go
Pour éviter ces intrusions et que cela ne cause des problèmes aux responsables des chantiers, la FNTP vient de publier sur son site internet un communiqué dans lequel elle alerte ses adhérents et les invite à être vigilants face à ces "comportements inappropriés". "Nous leur demandons de bien vérifier la signalisation et les cheminements piétons autour de leur chantier", nous explique Olivier Garrigue. Il reconnaît que cela peut parfois être compliqué à mettre en place lorsqu'il s'agit de chantiers sur les routes et les canalisations par exemple. "En période de congé, les chantiers tournent au ralenti et sur ceux situés dans de grands espaces, c'est compliqué de surveiller toutes les entrées", ajoute Olivier Salleron.
Pour sensibiliser les chasseurs de Pokemon aux dangers d'un chantier, la FNTP a réalisé une affiche à leur attention sur laquelle figurent des personnages du jeu. Elle prévient : "Ceci est un chantier et non pas une application virtuelle. Ne mettez pas votre vie en danger pour attraper un Pokemon" et menace : "Toute intrusion sur ce chantier fera l'objet d'un dépôt de plainte".
Prévenir le public mais aussi les ouvriers
Si les responsables de chantiers doivent être vigilants et prévenir le public des dangers à pénétrer sur ces sites, un travail de prévention doit également être mené auprès des ouvriers, estiment Olivier Salleron, de la Fédération du Bâtiment. "Il faut aussi prévenir les gars, c'est des fois du n'importe quoi, surtout chez les mois de 30 ans", remarque-t-il. "Beaucoup n'ont pas l'habitude de la dangerosité d'un chantier et pourtant ils regardent leur téléphone, cela peut être dangereux, il y a des trous, des outils..." Bien entendu, s'il n'entend pas interdire son utilisation, il considère qu'il est important de les sensibiliser aux dangers. Et, il estime qu'il "faudra surement des actions de communication dès la rentrée", pense-t-il compte tenu des discussions qu'il a avec les professionnels de sa région.
Que le début du phénomène ?
Tous les acteurs que nous avons contactés estiment que la folie Pokemon GO ne fait que commencer. La FNTP, dans son communiqué, demande d'ailleurs de "ne pas sous-estimer le jeu qui risque de prendre de l'ampleur dans les semaines à venir". Pour Olivier Garrigue de la FNTP, "le phénomène ne fait débuter". Un point de vue partagé par Olivier Salleron, de la FFB 24 et Nouvelle Aquitaine qui pense lui que "à la rentrée, ça va être de la folie". A suivre…
Et vous, avez-vous rencontré ce genre d'intrusion sur l'un de vos chantiers ? Racontez-nous en laissant vos histoires dans les commentaires ci-dessous.
- Ne pas sous-estimer le jeu qui risque de prendre de l'ampleur dans les semaines à venir
- Maintenir un balisage de chantier aussi isolant que possible (notamment en chantier urbain : - barrières, panneau : « chantier interdit au public »…)
- Soigner la lisibilité des cheminements piétons
- Faire stopper immédiatement les engins en cas d'intrusion
- Faire preuve de fermeté pour maintenir les riverains hors du chantier
- Baliser les zones dangereuses à l'intérieur du chantier (tranchées, regards ouverts, puits…) à l'aide de barrière, rubalise…
- Sécuriser au maximum le chantier en fin de journée
- Déposer une main courante en cas d'intrusion
- Au besoin, mettre une affichette sur les cabanes de chantiers