Plus d'un millier de personnes selon la police, 4 à 5.000 selon Droit au logement (DAL), ont défilé samedi entre le Châtelet et l'Opéra à Paris pour dire «halte aux expulsions» et demander «un logement pour tous».

A l'approche de la fin de la trêve hivernale, le 15 mars à minuit, les manifestants - parmi lesquels beaucoup de femmes et d'enfants - ont demandé la fin des expulsions aux cris de «on veut des logements, on n'est pas des méchants», «un toit, c'est la loi» ou «Sarkozy, t'as oublié, tes parents sont immigrés».

Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, l'une des organisations qui avaient appelé à cette manifestation, a «exigé du gouvernement qu'il mette fin à cette pratique brutale» qui constitue un «drame pour les familles, les enfants».

Alors que des logements sont vacants, que les loyers sont en hausse, «un logement pour tous, c'est possible, ce n'est pas une utopie», a lancé M. Eyraud, en appelant à «dire stop au profit et à la cupidité» et en dénonçant la «logique de l'inflation spéculative dans l'immobilier». «Ca suffit cette barbarie quotidienne» que constituent les expulsions, «il faut organiser une résistance importante», a-t-il ajouté, rappelant qu'après les incendies dans des immeubles insalubres l'été dernier, la «seule réponse du gouvernement avait été les expulsions».

Les organisations présentes à la manifestation - outre le DAL, la Confédération nationale du logement, le comité actions logement, le mouvement de chômeurs et précaires Apeis, la CNT, la LCR, LO, etc. - craignent aussi que le gouvernement expulse beaucoup cette année, en période pré-électorale, alors que les années d'élection sont traditionnellement «plus calmes» en termes d'expulsions, selon Benoîte, une militante du DAL.

Selon Droit au logement, 140.000 jugements d'expulsion sont rendus chaque année en France et au moins 10.000 d'entre eux font l'objet d'exécution par la force publique. «Cela fait 100.000 personnes dans la nature», a dit Jean-Baptiste Eyraud, en appelant les personnes «menacées d'expulsion à rester dans leur logement jusqu'au bout», «à mobiliser autour d'elles, à créer des réseaux de soutien». «Nous espérons que ceux qui sont menacés d'expulsion brisent le silence en 2006», a-t-il ajouté.

Dans le cortège, des banderoles dénonçaient aussi les ventes à la découpe mais l'une proclamait : «42 rue de Chaligny, XIIe, on a gagné». Dans cet immeuble vendu à un investisseur espagnol à 3.000 euros le m2, les locataires s'étaient vu proposer d'acheter leur appartement à 6.000 euros le m2, a raconté la présidente de l'amicale des locataires, Nelly Derabours. La mobilisation des locataires, avec «l'engagement de la ville de Paris», a permis d'aboutir au rachat de l'immeuble en décembre par un bailleur social.

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