Après la chute d'un ascenseur jeudi dernier à Paris, ayant tué un ouvrier et blessé trois autres personnes, la Fédération des indépendants experts et bureaux de contrôle ascenseurs (Fiebca) tire la sonnette d'alarme. Dans un contexte où la loi de mise en sécurité des ascenseurs (SAE) peine à être appliquée, elle avance que «plus de 50 % des appareils n'auront pas passé le contrôle technique en fin d'année». Etat des lieux.
La chute de six étages d'un ascenseur dans un immeuble HLM de Paris le 27 octobre dernier, suivi un mois après d'un terrible accident d'un appareil dans une résidence sociale de l'Armée du salut du 11ème arrondissement de Paris ravivent le débat sur la sécurité de ces installations. Les quatre ouvriers qui travaillent pour l'entreprise Euro Ascenseur, basée à Chevannes (Essonne), à la réparation de l'appareil se trouvaient au fond de la gaine du rez-de-chaussée lorsque le drame a eu lieu. L'un des ouvriers, âgé d'une quarantaine d'années, a été tué sur le coup.
Même si l'origine de cet accident mortel reste pour le moment inexpliquée - une enquête de police est en cours - le débat sur la sécurité est bel et bien relancé. Les professionnels du secteur, notamment la Fédération des indépendants experts et Bureaux de contrôle ascenseurs (Fiebca), alerte sur le manque de sûreté des appareils.
Etat du parc. La France compte 520.000 ascenseurs, dont 482.500 accessibles aux personnes. Le parc national est le plus vétuste d'Europe, la moitié des appareils ayant plus de 25 ans, et le quart plus de 40 ans, selon la Fédération des ascenseurs. Or, près de 100 millions de personnes utilisent chaque jour un ascenseur.
«La mise en sécurité des ascenseurs est irrégulièrement effective», a dénoncé vendredi, Hervé Lasseigne, président de la Fédération des indépendants experts et Bureaux de contrôle ascenseurs (Fiebca), qui regroupe une trentaine de sociétés d'experts indépendants, professionnels du contrôle, du conseil ou des études en ascenseur.
Les dysfonctionnements des appareils auraient toutefois pu être détectés lors du contrôle technique quinquennal prévu par la loi. Mais, là aussi, les failles sont énormes. «Plus de 50% des ascenseurs n'auront pas passé le contrôle technique prévu avant la fin d'année», s'alarme Hervé Lasseigne.
Voté en 2003, sur une initiative de Gilles de Robien, alors ministre de l'Equipement, des Transports et du Logement, le plan de modernisation des ascenseurs prévoit pourtant qu'à l'issue de trois dates butoirs (2010, 2013 et 2018), tous les appareils du parc résidentiel et des immeubles de bureau devraient être aux normes.
Mais, face au coût souvent élevé des travaux (entre 5000 et 10.000 euros par ascenseur pour la première tranche et jusqu'à 30.000 euros en moyenne pour les travaux réalisés avant juillet 2013), certaines assemblées de copropriétaires semblent tarder à les voter.
Les propriétaires dans le collimateur
Les retards sont tels que «15% à 20% des ascenseurs (surtout en copropriété)», qui auraient dû être soumis à de nouvelles normes de sécurité avant fin 2010, n'ont pas encore été modernisés, selon la Fiebca. «La situation reste très préoccupante, prévient le président, Hervé Lasseigne, en cas d'accident, cela peut entraîner des conséquences en termes de responsabilité civile, voire pénale, pour les syndicats de copropriétaires», poursuit-il.
Par ailleurs, les travaux de modernisation ne sont pas non plus un gage de sécurité. Des nombreux ascenseurs rénovés restent dangereux, car «les traitements sont souvent incomplets». Ainsi, selon la Fiebca, 4,4% des appareils modernisés qu'elle a inspectés, présentent encore des problèmes au niveau des limitateurs de descente, à l'origine des accidents récents (l'ascenseur n'a pas de retenue).
Et 7% d'entre eux ne respectent toujours pas les normes d'accès aux «locaux, machines et poulies». En 2011, par exemple, la Fiebca a arrêté 3,6% des ascenseurs qu'elle a inspectés sur un échantillon de 2.000 contrôles techniques.
Les professionnels se renvoient la responsabilité. Suite de l'article en page suivante.