PROMOTEURS. Face à l'effondrement des ventes de logements au deuxième trimestre, le plan de relance de l'Etat est très insuffisant, estime Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers. Et pour cause : il consacre au neuf "un dixième" des fonds fléchés vers la rénovation.
"La catastrophe est devant nous". Alexandra Francois-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) se dit "pessimiste" pour l'avenir du secteur, le 17 septembre, en présentant les chiffres du secteur pour le deuxième trimestre. A cause du confinement, les promoteurs ont enregistré, sur cette période, une chute de 37,8% de leurs ventes de logements (25.000 unités vendues) sur un an. Les mises en ventes s'effondrent, à -54%.
L'investissement locatif souffre encore plus (-54,7%) que l'accession à la propriété (-48,2%). Les achats en bloc opérés par quelques grands opérateurs (+39,1% au T2) tempèrent cet effondrement, concède la FPI, "mais c'est une réponse temporaire et partielle aux difficultés".
Perspectives sombres
Mais ce qui rend "les perspectives du secteur […] sombres", selon la présidente de la FPI, c'est aussi que les permis de construire, dont l'instruction a été totalement mise à l'arrêt pendant le confinement, "peine à repartir". Ceci s'ajoute à des blocages qui s'accumulaient déjà avant, juge le secteur : la période des élections municipales, généralement considérée comme défavorable à l'octroi de permis, et, au-delà, une tendance globale des maires à se montrer timides en matière de construction de logements. De nombreuses municipalités "réduisent tous les espaces constructibles", insiste Alexandra François-Cuxac.
"Pas de modèle économique" pour la rénovation
Inquiète, la FPI l'est d'autant plus que le plan de relance consacre "un dixième" des moyens alloués à la rénovation, à la construction neuve. Or, explique Alexandra François-Cuxac, "il n'y a pas de modèle économique de la rénovation pour les promoteurs, c'est secondaire pour nous". Prenant l'exemple du plan Action cœur de ville, qui flèche 5 milliards d'euros vers les centres-villes de villes moyennes, elle ajoute : "dans les centres-villes dégradés, on a plutôt besoin des bailleurs sociaux pour remettre les logements en état".
Sur les deux dispositifs du plan de relance susceptibles de concerner le neuf, elle s'insurge : d'une part, "l'aide aux maires bâtisseurs n'est pas prête. On va encore attendre sept mois pour en avoir les modalités précises. On sera alors 14 mois après le début de la crise". Quant aux 350 millions dédiés à la réhabilitation des friches, "c'est positif, mais ce sont des projets qui vont mettre des années", juge-t-elle.
Des "compléments urgents" exigés
Pour la FPI, "le plan de relance appelle donc des compléments urgents". Les promoteurs attendent, d'une part, "une action résolue du Gouvernement en matière de simplification et de digitalisation de l'urbanisme". Mais aussi, dès la loi de finances pour 2021, "la prorogation et le développement" des dispositifs fiscaux dits Pinel et PTZ. Le Pinel, dont l'extinction est prévue fin 2021, devrait être prolongé "d'au moins deux ans", afin de donner de la visibilité au secteur, ajoute Alexandra François-Cuxac.