INTERVIEW. Plateforme MOOC destinée aux artisans, embarquement des travaux de performance énergétique, nouveaux leviers de la rénovation, action menée avec le ministère du Logement… Philippe Pelletier dresse, pour Batiactu, le bilan de l'année 2016 et livre quelques réflexions pour 2017, une année de transition.
Le Plan Bâtiment durable publie ce 30 janvier 2017 son huitième rapport d'activité. "Le Plan bâtiment Durable a sans conteste dépassé l'âge de raison : huit ans révolus, ce n'est pas encore la majorité ni même la maturité, mais c'est au moins l'âge de celui qui commence à vivre par lui-même et dont l'avis devient autorisé" précise Philippe Pelletier, son président dans un communiqué. A l'aube d'une année de transition, marquée par les élections, il dresse pour Batiactu, le bilan de cette année et les perspectives envisagées pour 2017... l'année de la maturité ?
Batiactu : Quels ont été les actions les plus marquantes de l'année écoulée pour le Plan Bâtiment Durable ?
Philippe Pelletier : Le Plan Bâtiment Durable fête ses huit ans, nous avons donc atteint l'âge de raison. Ce n'est pas encore la majorité, ni la maturité, mais nous vivons désormais par nous-même. Nous avons trouvé notre place dans le paysage et elle se conforte régulièrement, sans faire de bruit. La traduction concrète est que, ce qui a démarré en 2016 dans le champ de la rénovation, après la loi de Transition énergétique, l'embarquement des travaux à pris corps avec un texte réglementaire qui l'accompagne. Il trouve son origine dans les groupes de travaux du Plan, et c'est une juste mesure, un point d'équilibre sans contrainte, puisqu'il n'y a pas d'obligation mais une incitation à embarquer cette performance en cas de travaux lourds. C'est novateur sur le plan de l'organisation juridique : un cas intermédiaire dit "de droit souple" dont je suis convaincu que c'est l'avenir. Cela permet aux gens d'aller à leur rythme et d'apprécier le bienfondé d'appliquer des règles ou pas. Toujours sur la rénovation, le levier d'action identifié par le slogan "J'éco-rénove, j'économise" n'emmène pas forcément tous les ménages. Il y a d'autres leviers pour entraîner vers le passage à l'acte et ils sont différents suivant les gens. Notamment lors d'un moment clef, celui de la transaction : il y a eu 850.000 ventes en 2016 et nous allons travailler sur cette étape en 2017. Ces pistes pour être plus efficaces, l'Ademe se penche dessus pour réorienter sa communication.
Batiactu : Quelles autres initiatives ont marqué 2016 ?
Philippe Pelletier : Les deux premiers MOOC tournés vers l'artisanat sont en ligne depuis la semaine dernière. Et les professionnels ont marqué leur intérêt puisque nous avons enregistré 8.500 inscriptions, ce qui dépasse toutes nos estimations. Les retours sont enthousiastes et les contenus de très bonne qualité. Mais nous pouvons faire encore mieux. Et je le rappelle, cette nouveauté ne vient pas prendre la place de la formation traditionnelle mais cela vient en complément, en sensibilisation. Un autre élément de 2016, où nous avons clairement marqué notre empreinte, est l'annonce de la nouvelle réglementation environnementale qui n'est plus seulement thermique. La nomenclature "Réglementation Bâtiment Responsable" a vécu mais elle avait du sens. L'ensemble a été repris par les ministres dans leur annonce. Qu'il s'agisse de production des énergies renouvelables dans les bâtiments ou d'empreinte carbone, ils sont intégrés dans les référentiels du label E+C- afin que les plus entreprenants s'engagent à construire sur cette base. Nous verrons ainsi si des ajustements sont nécessaires. Et nous sommes très heureux de voir que notre travail a donné la tonalité reprise par tous les acteurs.
Batiactu : Pour l'année qui vient de débuter, quels seront vos chantiers ?
Philippe Pelletier : 2017 sera, pour nous, une année de transition, puisqu'il faudra apprendre à travailler avec une nouvelle équipe gouvernementale. Il ne fait aucun doute que le Plan Bâtiment Durable en sortira encore fortifié. J'adresserai une lettre aux candidats afin de connaître leurs propositions et j'ai déjà noté que l'équipe de Benoît Hamon avait un pôle étoffé sur la rénovation énergétique des bâtiments. Mais nous n'avons pas d'orientation politique, nous travaillerons avec tous. Sur la transformation des régions, le Plan Bâtiment Durable doit s'adapter aux nouveaux territoires et s'implanter dans ceux où il n'a pas encore de représentation régionale, comme en Île-de-France, qui en a besoin. Il nous faudra également être plus "opérationnels" sur les sujets, à l'image du MOOC qui s'enrichira. Nous réfléchissons à d'autres nouveautés.
Batiactu : Emmanuelle Cosse a été nommée ministre du Logement voilà exactement un an, comment voyez-vous son action ?
Philippe Pelletier : Depuis son arrivée, elle a eu une attention constante pour nos travaux. Nous avons été associés à ses actions car elle a compris que le sujet ne pourra être mené à bien que si la société est associée à la transformation. Le Plan Bâtiment Durable c'est la mise en réseau des énergies pour qu'émergent des solutions. La ministre est consciente qu'il est utile et que ce type de mobilisation devrait être généralisé à d'autres thématiques. Le bilan est intéressant : nous sommes vraiment en phase avec l'action publique.
Version dynamique du rapport d'activité du Plan bâtiment durable
Version en téléchargement PDF sur le site internet du Plan Bâtiment Durable
Retrouvez Philippe Pelletier sur EnerJmeeting, Journée de l'efficacité énergétique et environnementale du bâtiment, le 23 février prochain au Palais Brongniart à Paris. Pour en savoir plus, suivez ce lien