ENTRETIEN. Le Plan Bâtiment Durable a publié son 9e rapport d'activité annuel. Un document de 200 pages qui retrace les actions de 2017 et dresse les perspectives de 2018 que Philippe Pelletier, le président récemment reconduit à la tête du Plan, commente pour Batiactu.
La petite équipe du Plan Bâtiment Durable a travaillé d'arrache-pied pour publier, dès la fin du mois de janvier, son rapport d'activité annuel. Une bible qui dresse le panorama de la transition énergétique et environnementale des secteurs du bâtiment et de l'immobilier. Philippe Pelletier, le président du Plan, confirmé par Nicolas Hulot voilà quelques semaines, analyse cette publication : "Le rapport est un outil qui rassemble l'essentiel des données pour faire le point sur le bâtiment durable, qu'il s'agisse de rénovation énergétique, de logement social, de tertiaire… Il y a beaucoup de matière et c'est, à ma connaissance, le seul outil qui propose à la fois des informations sur la nature des bâtiments - neuf, existant, maisons individuelles ou copropriétés, précaires - et sur la répartition dans les territoires et sur l'offre de compétences". Celui qui anime le Plan depuis 2009, poursuit-il : "Ce guide, qui a une vertu pédagogique, est différent des rapports thématiques. Il doit être distribué partout et utilisé".
Une dynamique inscrite dans la durée
Philippe Pelletier évoque la nouveauté de cette édition 2017 : l'inclusion d'encadrés fixant des perspectives pour l'année 2018. "Pour rompre cette idée de point fixe en montrant que l'action se prolonge dans le temps, qu'elle s'inscrit dans une dynamique", explique-t-il. Le président du Plan retrace alors les grandes étapes qui ont précédé : "L'acte 1 a été la période Borloo, qui a fixé l'horizon lointain, à 2050, en ouvrant le champ de la consommation d'énergie. Puis, l'acte 2, a été le quinquennat Hollande, où des objectifs chiffrés ont été fixés et où a été lancée l'appropriation par les territoires. Ce deuxième acte a été important par exemple pour l'objectif de 500.000 rénovations par an et pour la traduction du Plan Bâtiment Durable vers les régions". Parmi les autres points d'importance de la période, l'avocat spécialiste de l'immobilier et du droit des baux, note : "L'ouverture vers la prise en compte du poids carbone des bâtiments sur l'ensemble de leur cycle de vie, qui traduit la recherche du bas carbone".
Mais qu'en est-il alors de l'acte 3, le titre de son éditorial qui ouvre le rapport d'activité du Plan Bâtiment Durable ? "Cette troisième étape s'est ouverte avec l'élection d'Emmanuel Macron et la nomination de Nicolas Hulot. Ils ont réaffirmé l'objectif zéro carbone pour 2050 qui complète l'objectif BBC à la même échéance", précise Philippe Pelletier. Le président du Plan considère qu'il est maintenant temps de passer à l'action : "Le temps des groupes de travail, des études, est révolu". La lettre de mission qu'il a reçue lui demande donc de mobiliser les acteurs du bâtiment et de l'immobilier, y compris ceux qui n'étaient pas concernés jusqu'alors, comme les syndics, notaires et banquiers. Deux priorités ont été fixées : la lutte contre les passoires thermiques et la rénovation du parc public, en particulier éducatif. Pour parvenir à massifier ces rénovations, l'avocat espère un ajustement des dispositifs d'accompagnement d'ici à la fin du premier semestre 2018, afin que tout soit bouclé pour la loi de finances 2019.
Pérenniser les aides pour rassurer les investisseurs et porteurs de projets
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Le but : stabiliser les aides sur la plus longue durée possible, potentiellement sur toute la durée restant du quinquennat, donc jusqu'en 2022. Le président du Plan lance : "Ce serait du jamais vu, tant de stabilité ! Les industriels pourraient alors sortir les produits dont nous avons besoin, et les grands du BTP s'y intéresseraient : ils formeraient des équipes et inventeraient des process adéquats". Pour lui, cette décision serait fondamentale. Il martèle : "Il faut arrêter cette quête infinie du dispositif excellent et parfait, qui n'existe pas, et se contenter d'un bon dispositif. Il ne faut plus changer tout le temps le crédit d'impôt. Les aides ne doivent pas être un effet d'aubaine mais être stables". Enfin, sur le mode de communication adopté par les acteurs de la rénovation, Philippe Pelletier annonce un changement d'orientation. Le slogan "J'éco-rénove, j'économise !" ne l'a pas convaincu : "C'est une approche trop particulière qui ne parle pas au plus grand nombre. Le seul moteur de l'économie de charges n'est pas parlant pour tous. Il faut parler aussi bien aux ménages qu'aux entreprises de valeur patrimoniale, de confort. Il faut ouvrir le jeu, avec un message plus simple, plus conforme à la pensée des gens". Le président du Plan évoque la création d'une marque ombrelle, portée comme une signature commune par tous les acteurs (territoires, artisans, produits de la construction), au-delà des marques de qualité, qui permettrait instantanément d'identifier la rigueur et l'efficacité. "C'est un sujet sur lequel nous travaillons avec l'Ademe", glisse-t-il.
Plus que jamais, le président du Plan Bâtiment Durable se dit motivé par la tâche : "Maintenant il est temps de passer à l'action. Et je suis enthousiaste d'accompagner ce mouvement, y compris en région, là où je suis encore plus attentif à ce qu'il se dit". Rapidement, la petite équipe devrait déjà proposer une nouvelle publication, celle d'un rapport sur la feuille de route de la rénovation énergétique avec une approche qui viendra compléter celle présentée par les acteurs institutionnels.