Emmanuelle Cosse s'est engagée, ce jeudi au congrès HLM, à tenir la feuille de route du Plan Recherche et Développement Amiante (PRDA) lancé, il y a un an. Une commission d'évaluation technique réunissant professionnels et experts scientifiques du bâtiment sera installée dès octobre prochain. Précisions.
Pleinement opérationnel depuis un an, le Plan Recherche et Développement Amiante (PRDA) est "en ordre de marche", nous a confirmé Alain Maugard, président du PRDA, ce jeudi 29 septembre lors du congrès HLM à Nantes. Une commission d'évaluation technique réunissant les organismes professionnels -notamment la CAPEB et la FFFB- et experts scientifiques du bâtiment sera justement installée, dès octobre prochain. L'objectif est de créer de nouveaux outils pour aider les utilisateurs, en l'occurrence les entreprises du bâtiment, à identifier et évaluer des cas d'amiante, nous a-t-il précisé. La ministre du Logement a confirmé cette création, en précisant qu'elle compte sur ce dispositif pour "sensibiliser tous les acteurs du bâtiment".
Pour rappel, annoncé par l'ancienne ministre du Logement, Sylvia Pinel, en décembre 2014 et lancé le 30 juin 2015, pour une durée de trois ans avec un budget de 20 millions d'euros, le PRDA a démarré plus tard que les deux autres plans annoncés à cette même période : le Plan transition numérique dans le bâtiment (PNTP) et le Programme d'action pour la qualité de la construction et la transition énergétique (PACTE) qui poursuit les travaux du programme Rage 2012 de modernisation des règles de l'art dans la construction.
"A ce jour, notre feuille de route est claire. Il s'agit de débloquer le plus vite possible les innovations matures 'dites étagères' et les nouveaux process opératoires -non utilisés sur le terrain- et d'apporter par la R&D une seconde génération d'innovation", ajoute-t-il. "Nos cinq objectifs sont précis : Diagnostiquer la présence ou pas d'amiante sur les bâtiments ; mesurer les fibres d'amiante dans l'air ; "gratter et enlever" l'amiante ; gérer les déchets et enfin répondre à la problématique de l'inertage pour les rendre moins dangereux".
200 appels à manifestation d'intérêt (AMI) réceptionnés
Le PRDA, appuyé par le ministère du Logement, compte bien rattraper le retard. "Nous avons déjà reçu 200 appels à manifestation d'intérêt (AMI)", ajoute Alain Maugard. Ces innovations (gel médical, robot, mesureur de la fibre en temps réel), permettant de mettre en place une démarche d'amélioration (analyse de risque, traçabilité, analyse critique et intégration dans la formation métier), seront particulièrement soutenues. A noter que la "R&D" à "maturité lente" a été confiée au CSTB, il y a un an dans l'optique d'aboutir à une phase de process dans les trois ou quatre ans.
Un secteur à la peine qui recense aujourd'hui, selon l'USH, près de 3 millions de logements. Depuis 1997, date de son interdiction, l'amiante est devenue une forte préoccupation des propriétaires et donc des bailleurs sociaux, confrontés à l'obligation de réhabiliter le parc social pour des raisons sanitaires.
"Le surcoût représenterait 2,3 milliards d'euros par an pendant les dix prochaines années pour le seul secteur du logement, qui ne représente lui-même qu'environ 10% du parc construit en France", nous précise Raphaël Besozzi, responsable du Département Prescriptions techniques et des Politiques patrimoniales à l'USH. Ce coût équivaut, en effet, au coût de la construction.
De l'amiante, on en trouve dans les faux plafonds, dans les gaines de chauffage et les revêtements de sol… "Si on voulait désamianter tout ce parc, il faudrait investir 15 milliards d'euros", nous signale une source proche du dossier. A noter, que le prix moyen pour désamianter entièrement un appartement se situe, selon la superficie, entre 40.000 et 60.000 euros. Et enlever un revêtement de sol amianté dans un appartement : entre 20.000 et 60.000 euros.