DISTINCTION. Franck Riester, a remis ce vendredi 19 octobre, le Grand prix National de l'architecture 2018 à l'architecte Pierre-Louis Faloci. Une soirée qui a été l'occasion également pour les architectes de rencontrer leur tout nouveau ministre.
"(...)Être créateur, être libre, ne pas subir d'influence." Pierre-Louis Faloci, Grand prix national de l'architecture 2018, a pris aux mots le ministre Franck Riester (cf.encadré), qui citait l'architecte Paul Andreu. Recevant cette distinction ce vendredi 19 octobre dans les salons du ministère de la culture, ému, l'architecte n'a pas manqué d'interpeller l'auditoire, en défendant le concours dans le cadre de la loi MOP, malmené par la loi ELAN : "La loi MOP ouvre à plein de jeunes architectes l'accès à la commande (…) Cette génération qui va travailler dans des conditions différentes, il faut l'aider, il faut qu'ils aient les moyens d'accéder aux concours", concluant : "Je pense que l'architecture française a encore un beau chemin devant elle."
Pierre-Louis Faloci recevait ce soir-là ce Grand Prix pour l'ensemble de son parcours et de son œuvre, qui compte parmi bien d'autres, l'Église Notre-Dame de la Sagesse, à Paris, la transformation du Musée Rodin ou encore la réhabilitation de l'ancienne Halle aux sucres de Dunkerque. Par cette distinction, le jury du Grand prix national, "a reconnu l'exemplarité de [son] parcours et de [son] œuvre, au regard des valeurs esthétiques, éthiques et constructives de vos travaux, ainsi que [son] engagement au service des enjeux de société, notamment environnementaux."
Architecte de lieux de vie et de lieux de mémoire
Un parcours qui a été notamment jalonné de projets sur des lieux de mémoire, pour lesquels le jury n'a pas manqué de souligner que son "architecture fait œuvre pour notre société", en apportant "la retenue, la justesse et la profondeur qu'exigent les lieux de mémoire dans lesquels elle s'installe." Parmi tous, le ministre a ainsi cité le centre européen d'archéologie du Mont Beuvray à Glux-en-Glenne, le musée de la bataille de Valmy, à Sainte-Ménehould, le musée de la guerre de 14-18, à Lens, ou encore, le Centre européen du résistant déporté, sur le site du camp du Struthof, à Natzwiller.
Pour l'architecte, la réalisation d'un bâtiment ne peut être dissociée des aménagements extérieurs, urbains et paysagers, qui l'entourent. "Vos œuvres démontrent que l'architecture est un tout, a rappelé ministre. Pour chacune d'elles, vous vous attachez à composer avec le paysage, avec l'histoire et la mémoire des lieux."
Enseignant, passionné de photographie et de peinture, il cultive ainsi l'importance du "regard", qui est placé au cœur de son travail. Un regard qu'il pourra partager avec des étudiants, dans le cadre d'une master-class organisée par les Écoles nationales supérieures d'architecture, qui fera suite à la réception de ce grand prix. La Cité de l'architecture et du patrimoine lui consacrera également une exposition et un ouvrage.
Avec ce grand prix, Pierre-Louis Faloci est enfin invité à participer désormais aux réflexions nationales dans le domaine de l'architecture.
Grand Témoin : Anne Démians, architecte élue à l'Académie des beaux-arts
"Être architecte, l'être tout à fait, c'est refuser les conventions et les idées reçues, se révolter même contre elles quand le refus n'est pas suffisant. C'est être créateur, être libre, ne pas subir d'influence." Les premiers mots de Franck Riester vers les architectes, seront des mots empruntés à Paul Andreu, décédé la semaine dernière, à qui il a tenu à rendre hommage, en ouverture de cette cérémonie consacrant le Grand Prix National de l'Architecture 2018.
Un nouveau ministre qui a tenu à souligner l'importance que l'architecture a dans notre société, ne tarissant pas d'éloges pour cette profession, qu'il a reconnu malmenée, mais ô combien essentielle. Rappelant que ce "ministère est [leur] ministère", le ministre a ainsi salué les multiples talents que compte notre pays. Face aux difficultés rencontrées, il a ajouté : "Je sais la fragilité économique, qui menace tant d'architectes, dans toute leur diversité de statuts et d'expériences. Je sais aussi qu'un meilleur équilibre de la commande est nécessaire."Les propositions de la mission Valeurs de l'architecture prochainement connues
Pour Franck Riester, il est nécessaire de "replacer l'architecte au cœur des attentes de notre société." Comment ? "C'est en alliant architecture et patrimoine, en alliant l'ensemble des parties prenantes, nationales et territoriales, que nous y parviendrons", une dynamique portée par la mission "valeurs de l'architecture", lancée dans le contexte de l'élaboration et de l'examen de la loi ELAN, dont le ministre attend les propositions prochainement. "À ce besoin d'une meilleure considération des architectes, il faut ajouter la nécessaire valorisation de leur œuvre, de leur production" : un second défi, selon le ministre, qui a souligné le rôle des architectes dans la protection de l'environnement et l'adaptation du bâti aux nouveaux usages des habitants. "C'est aussi le rôle des élus et de l'ensemble des donneurs d'ordre de veiller à l'utilisation de techniques novatrices, de nouveaux matériaux de construction comme les écomatériaux" a-t-il également déclaré.Lancement en 2019 d'une grande campagne de labellisation de l'architecture contemporaine
Franck Riester a enfin rappelé le 20e anniversaire de la politique de labellisation de l'architecture contemporaine, initiée par Catherine Trautmann et confortée par la loi LCAP de 2016 : "une politique qui accompagne les propriétaires des édifices dans une transformation respectueuse de leurs qualités." Un anniversaire qui sera "l'occasion pour le ministère d'engager une grande campagne de labellisation : en faveur de l'architecture d'équipements culturels de nos territoires ; et en faveur des créations et réalisations de nos Grands Prix nationaux d'architecture."