C'est une période sombre pour l'industrie solaire en Allemagne : après Solon, Solar Millenium et Solarhybrid, c'est au tour de Q-Cells d'annoncer son dépôt de bilan. Grandeur et décadence d'un secteur miné par la concurrence chinoise et par la réduction des subventions dans plusieurs pays Européens.
C'est le leader de l'industrie photovoltaïque qui vient de tomber en Allemagne : Q-Cells a annoncé son dépôt de bilan ce lundi 2 avril 2012. La société, qui emploie 2.200 personnes (dont 500 en Malaisie), explique dans son communiqué que « les perspectives d'existence de l'entreprise ne sont plus suffisamment garanties ». Aussi a-t-elle décidé de déposer le bilan au tribunal administratif de Dessau (Saxe-Anhalt). Cette annonce est en fait la quatrième d'une série entamée par Solon, Solar Hybrid et Solar Millenium. Toutes ont été à la fois victimes de la concurrence chinoise à bas coût et de la réduction progressive des subventions de rachat de l'électricité photovoltaïque dans plusieurs marchés européens comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne.
Fondé en 1999, en ex-Allemagne de l'Est, Q-Cells entre en Bourse en 2005 (au cours de 38 € par action). Deux ans plus tard, le groupe devient le numéro un mondial de la production de cellules photovoltaïques ; son titre s'échange alors contre 90 €. Mais, à partir de l'année suivante, il amorce une chute inéluctable. En 2011, la société annonce une perte nette de 846 M€ pour un chiffre d'affaires à peine supérieur de 1 Mrd €. En janvier 2012, elle tire la sonnette d'alarme et déclare être dans une situation critique : le montant des pertes dépasse alors les fonds propres. Q-Cells tente alors de faire adopter par ses créanciers un plan de rééchelonnement et de restructuration de sa dette. Peine perdue : une minorité d'entre eux bloque le processus à la fin du mois de mars. Le titre s'effondre alors, perdant 41 % pour s'établir à moins de 0,13 €.
Selon Manfred Jaisfeld, analyste pour la National Bank interrogé par l'AFP, la survie des fabricants allemands passerait par les marchés de niche. "Pour ce qui est de la production de masse et de la concurrence par le prix, il sera impossible de faire face à la Chine qui a la volonté politique de dominer ce marché au niveau mondial".
